"La socio performance" ...C'est le thème de ce mois ci de courts circuits : ICI
Ecrit par : roger nifle
Publié sur :le vide poches / planning stratégique
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La socio-performance c’est la capacité de répondre efficacement aux critères du bien commun dans les “communautés d’enjeux”.
Une communauté socio-performante est un rassemblement de personnes engagées dans un même Sens, le Sens du bien commun qui détermine ses valeurs propres, ses enjeux et ses pratiques.
La socio-performance est un nouveau concept destiné à identifier une problématique de plus en plus fréquente et les réponses qui y sont données grâce au travaux de l’Humanisme Méthodologique (1). Toutes les activités et les affaires humaines s’inscrivent dans des “communautés d’enjeux” ; équipes, entreprises et organisations, associations et réseaux, cités, pays et territoires, peuples et sociétés. La réussite de ces enjeux, identifiant le bien commun, est une question de socio-performance.
Les responsables et dirigeants s’interrogeront de plus en plus sur la socio-performance des communautés de travail, de projet et d’action qu’ils ont en charge. Cela permettra d’identifier les méthodes, pratiques et conditions de socio-performance à mettre en oeuvre mais aussi d’évaluer les contributions à la socio-performance collective de toutes les parties prenantes, celle aussi des moyens et des actions.
C’est tout un champ de connaissances et de compétences qui s’ouvre pour répondre à une nouvelle façon de comprendre et d’agir indispensable au 21° siècle.
Quelle est le niveau de socio-performance d’une collectivité ? Comment développer la socio-performance d’une entreprise ? Comment évaluer la socio-performance d’une équipe ? Comment restaurer la socio-performance d’un territoire, d’un pays ? Quelles méthodes pour améliorer la socio-performance d’une action, d’une politique ? Telles sont les questions qui se posent maintenant.
PROSPECTIVE HUMAINE, LE TEMPS DES COMMUNAUTÉS D’ENJEUX
La Renaissance a contribué à l’émergence de la conscience individuelle. L’individu et ses désirs sont même devenus le principe même de toute considération collective avec la montée de l’individualisme.
Le lien social est devenu lui un lien de droit, formel et bientôt une liaison systémique naturelle avec la disparition progressive des communautés anciennes, communautés de subsistance, communautés d’affects.
Aujourd’hui prédominent ainsi d’un côté l’individu avec ses revendications d’indépendance, de l’autre des systèmes socio-économiques aux lois supposées naturelles, quasi physiques, dont dépendent totalement les individus. Le reste serait archaïsme. Vue de l’esprit !
Au moment où ce courant, ce paradigme, semble dominer la civilisation occidentale et le monde entier s’accomplit une mutation, une mutation de civilisation, une nouvelle renaissance.
Un autre paradigme, une autre “vue de l’esprit” émerge au milieu de troubles de conscience où tous les modèles prévalent à la fois dans une cacophonie des conceptions, une perte de sens des enjeux et des fonctionnements des sociétés et des affaires humaines.
Monte maintenant en puissance une nouvelle conception de l’homme et des communautés humaines. Communautés de Sens, communautés d’enjeux, communautés choisies, communautés de communautés deviennent le lieu et le socle de toutes les affaires humaines.
Entreprises, groupements d’activités, collectivités territoriales et leurs groupements (intercommunalités), pays et grandes régions, on retrouve là avec un nouveau regard les communautés institutionnelles économiques et politiques.
Mais d’autres communautés d’enjeux se révèlent aussi reprenant les associations multiples et en créant d’autres, communautés de proximités, communautés de valeurs, communautés d’affinités.
Rien de nouveau si ce n’est cette généralisation de la vision communautaire des affaires humaines ?
Si d’abord une nouvelle compréhension de la constitution et du développement des communautés d’enjeux ou communautés de Sens qui débouche sur de nouvelles conceptions de l’action collective à toutes les échelles.
Ensuite une nouvelle compréhension des communautés comme théâtre du développement humain, développement culturel et développement personnel articulant l’autonomisation des personnes et leur engagement dans les enjeux de développement et “d’empowerment” communautaires. Elles sont le lieu d’émergence des “libertés responsables” par opposition aux “libertés immatures” de l’époque qui s’achève.
Enfin tissées de “relations de proximité” les communautés trouvent avec Internet l’instrument d’un déploiement de nouvelles communautés d’enjeux à distance. C’est toute la configuration de la trame des communautés d’enjeux qui en est peu à peu bouleversée.
Si la mondialisation est le reflet des troubles d’une mutation, elle est aussi le théâtre de cette transformation du monde avec un foisonnement de communautés de Sens et d’enjeux à toutes les échelles qui le constituent. Reste à considérer la façon dont toutes les communautés d’enjeux, économiques, politiques, sociales, éducatives, professionnelles de toutes tailles vont résoudre leurs problèmes et réussir leurs ambitions.
Ça c’est l’affaire de la socio performance.
LA SOCIO PERFORMANCE, NATURE, VALEURS ET MÉTHODES
Pour une communauté d’enjeux la réussite de ses projets, de ses entreprises, de sa vocation dépend d’une capacité de performance collective, sa socio-performance.
Les responsables, acteurs animateurs et dirigeants des communautés d’enjeux ont en charge le développement d’une socio-performance spécifique. De là son importance cruciale.
Entendons bien d’abord quel est le champ de la socio-performance pour ensuite comprendre les problématiques et phénomènes communautaires auxquels elle est confrontée. La notion de performance associée est en rapport avec des questions de valeurs dont on voit aujourd’hui la nécessité et qu’il faut repenser. Enfin en pratique, les méthodes de socio-performance dessinent une “socio-performatique” art ou ingénierie des processus communautaires de développement et de performance où interviennent des “socio-performateurs”, dispositifs d’action pour la performance collective.
1- Le champ et la nouveauté de la socio-performance
Pour simplifier on prendra trois domaines qui en fait se recoupent de plus en plus : l’économie, les territoires, la société.
Le domaine économique
L’effondrement du système financier spéculatif qui relevait d’une croyance dans les mécanismes de lois quasi physiques de l’économie de marché, marque aussi le début d’une nouvelle approche, celle de “l’économie communautaire” (2).
Toute communauté développe une économie qui lui est propre, qu’elle soit endogène ou exogène en relation avec d’autres communautés. Il n’y a d’économie que communautaire, l’économie monde (globalisation) à une extrémité, les économies de proximité à l’autre (champ des micro communautés) et les “économies de marché” pour les communautés intermédiaires de toutes tailles.
La socio-performance économique est une affaire communautaire qui relève du traitement des situations communautaires et pas seulement d’un traitement de l’information supposée généralisée et transparente.
La socio-performance de l’économie communautaire sort des complications simplistes de l’économie systémique, elle traite de la façon dont une communauté développe sa performance économique, son développement économique, sa réussite économique.
Par exemple l’entreprise va considérer la socio-performance des “communautés d’enjeux” à laquelle elle s’identifie avec ses différentes parties prenantes.
Une équipe tout simplement est attendue pour sa socio-performance, réussite de ses enjeux ; Un groupe d’entreprises forme une communauté d’enjeux avec des configurations variées (groupes industriels, groupes de P.M.E., groupements de projets ;..).
On voit là que la socio-performance couvre les questions d’unité, de cohésion, de cohérence, de structures, de motivation, de mobilisation, de management et tous les professionnalismes qui s’évaluent dorénavant à leur concours à la socio-performance collective.
On voit aussi qu’une communauté (équipe, entreprise, organisation) est concernée à la fois par sa socio-performance propre, la réussite de ses enjeux mais aussi par sa contribution à la socio-performance de communautés auxquelles elle participe, l’entreprise pour l’équipe, le groupe pour l’entreprise par exemple.
De même les “performances” individuelles vont s’évaluer en fonction de leur concours à la socio-performance de la communauté de travail (équipe, projet ;..). On voit pointer la question du lien et des structures intra et extra communautaire ; le lien de concourance (3).
Ce sont en effet des liens de concourance qui constituent des ensembles communautaires envisagés sous l’angle de leur socio-performance.
Le domaine politique et les territoires
Les collectivités territoriales forment des communautés, villes, communes, communautés de communes, pays, communautés d’agglomération, départements, régions, nations, inter régions, Europe, Méditerranée pour en prendre des exemples proches.
Là où il y a territoire il faut voir dorénavant des “communautés de devenir” (4), communautés de projet, communautés de développement. Ce sont donc des communautés d’enjeux concernées par la socio-performance. Identité, développement, aménagement, urbanisme, environnement, politiques sociales, d’éducation, de santé, politiques touristiques sont des questions de socio performance, envisagées comme une question de performance collective selon des enjeux communautaires propres.
Constituer ces communautés, les doter d’un régime politique pertinent selon leur culture, leur évolution, leurs enjeux propres, développer des pratiques d’action collective de gouvernance participative (5), des politiques publiques d’action collective ce sont des problèmes de socio-performance.
Dans un monde dominé par l’application de règles et procédures administratives tutélaires la socio performance a beaucoup à faire déjà pour réformer profondément les expertises qui en sont tellement éloignées.
Le domaine des questions de société
L’éducation est une question de compétence humaine pour participer à la vie communautaire, aux vies communautaires qui font l’existence de chacun. Cette participation ne peut s’évaluer sans se référer à la socio-performance communautaire.
Mais par ailleurs on peut parler de compétence collective à propos de la socio-performance communautaire. Il y a donc aussi le sujet communautaire à considérer dans les questions éducatives ; On le voit de façon criante quand les élèves à l’école viennent de milieux culturels éloignés sans se soucier de la “socio-performance” de ces milieux (ex. quartiers). On pourrait parler de la “socio impuissance” des modèles classiques individualistes ou/et socialistes (il s’agit du concept, pas du parti) qui ignorent le phénomène communautaire sauf pour le réduire à ses excès ou à ses socio défaillances.
Il y a aussi la question de la motivation collective des communautés d’entreprises comme des communautés politiques, de leur socio-performance qui dépend d’une “éducation communautaire”. Le concept de macro-pédagogie (6) a été forgé pour développer des organisations, des projets et des pratiques de “pédagogie communautaire” à grande échelle, un domaine de la socio-performance.
La santé si elle n’est pas réduite à des mécanismes biologiques est aussi une affaire communautaire. La santé publique n’est pas qu’une question de statistique sur les individus mais de socio-performance. On voit bien la contradiction entre une santé individualiste ou systémique base des systèmes de santé existants et les questions de socio-performance des communautés concernées que l’on ne sait pas traiter en général faute de conceptions, de méthodes et d’enjeux cohérents avec la montée du paradigme communautaire (humanisme méthodologique).
Les religions et les questions connexes sont aussi des affaires de communautés. Pour chacune la question de socio-performance y est posée dans les termes de ses enjeux propres mais aussi la question de la socio-performance religieuse d’une société se pose dans la manière de traiter cette dimension de la vie et des enjeux communautaires.
Plus largement toutes les associations qui se dotent d’enjeux propres plus ou moins importants sont confrontées à leur socio-performance et à leur contribution à la socio-performance des sociétés et communautés d’enjeux auxquelles elles participent.
Il en est ainsi pour des cercles, des clubs, des fédérations et aussi des “réseaux” qui sont en passe de devenir des communautés d’enjeux. Avec ces réseaux on assiste d’ailleurs à la naissance de communautés d’enjeux qui se cherchent et se trompent quelque fois encore de modèle, l’image physique du réseau prévalant sur l’image anthropologique de la communauté.
2 - Problématiques et phénomènes communautaires de socio-performance
Il faut aborder ici une question difficile d’autant plus qu’elle reste inaperçue trop souvent. Il s’agit de la nature des communautés humaines. Question d’anthropologie fondamentale, de philosophie, de science humaine ? Est-ce vraiment indispensable pour les affaires humaines d’approfondir de telles questions ? En fait nous nageons dans des croyances qui relèvent de modèles, de paradigme que nous ignorons et qui sont pourtant agissants.
La croyance dans l’efficacité systémique des marchés financiers a conduit où l’on sait. Georges Soros souligne à juste titre que ce sont des comportements humains qui sont en jeu suivant les fluctuations des motivations et de ce qui les conditionne. Toutes nos pratiques et nos visions des affaires humaines et de l’action reposent sur de telles croyances et les illusions durent jusqu’à ce qu’une nouvelle les remplace (effets de mode) ou qu’un niveau de conscience supérieur vienne les remettre en question (mutation).
Les organisations sont conçues en fonction de tels modèles, le management, les pratiques professionnelles, les choix et décisions politiques ou stratégiques.
Par exemple l’idée de système avec ses nœuds et ses mailles, son homéostasie ont inspiré bien des pratiques depuis les systèmes d’information jusqu’à des organisations dont les liaisons techniques font l’objet de toutes les attentions, les relations humaines beaucoup moins.
C’est d’ailleurs cette réduction de l’individu a une sorte d’électron libre, paradoxalement dépendant totalement des systèmes socio économiques où il évolue qui passe pour la plus moderne. Victoire de la science, la technique et la raison disent certains. Défaite de la conscience dirons ceux qui ont déjà aperçu ce que la mutation nous prépare de nouveau et de plus réjouïssant.
La remise en question de la croyance en ces mécanismes aux lois fatales, la quête de Sens dans toutes les affaires humaines, l’appel à des valeurs qui valent la peine d’être partagées en sont un signe bientôt opérant.
Bien sûr, il y a aussi les conceptions machiniques des rapports de force qui polluent l’existence collective, celle aussi des magies sollicitées par tant de dirigeants nous dit-on ou encore cette pensée magique qui croit que ce sont les artifices de pensée ou d’action qui sont agissants à la place des hommes qui les emploient. Nous n’allons pas explorer les différents paradigmes qui sous tendent les affaires humaines au quotidien pour se focaliser sur la question communautaire.
Ce ne sont ni les affects, ni les liaisons matérielles, ni les cadres formels qui constituent une communauté humaine. Ils ne font qu’en être des expressions ou des médiations.
Les relations humaines qui constituent des communautés sont au fond des questions de Sens. Toute communauté humaine est au fond une communauté de Sens mais elle s’exprime au travers des aspects précédents (7).
Il faut donc considérer deux plans.
La communauté de Sens (con-Sensus), Sens multiples qui lui appartiennent, et la communauté d’existence ou les Sens partagés se traduisent en affects sentiments, émotions ; en faits, organisation, liaisons, pratiques ; en représentations mentales partagées, imaginaires ou formelles et enfin en relations avec les jeux de rôles qui sollicitent les affaires humaines.
Enjeux, projets, organisations, stratégies, méthodes, pratiques, culture sont dans ce second plan, le Sens du bien commun et aussi tous les autres Sens qui fondent la communauté pour le meilleur et pour le reste et quelque fois le pire sont du premier plan.
Ainsi les communautés humaines sont des
communautés de Sens et leurs affaires en sont l’expression. De là les
problématiques de socio-performance comme par exemple :
L’identification de ses valeurs propres et ses potentiels originaux.
Sa constitution, son évolution, son niveau de maturité.
Sa vocation, son ambition, ses projets
Sa gouvernance
Ses compétences collectives
Son extension et son renouvellement
Les communautés qui la composent
Les communautés auxquelles elle participe
La compréhension de son histoire
L’élaboration prospective de ses projets
La puissance de l’engagement collectif
Son développement et son “empowerment” (capacité d’assurer son devenir ou son autonomie).
Les relations entre communautés de différentes échelles
La participation des personnes à plusieurs communautés de Sens.
Le choix d’une communauté d’engagement
Les qualités et compétences personnelles évaluées selon la contribution à la communauté et ses valeurs propres,
Toutes les questions relatives aux
affaires humaines se ramènent à des questions de problématiques et
phénomènes communautaires. Pour une approche au moins intuitive de cet
aspect fondamental pour comprendre la socio-performance des communautés
on peut s’attacher aux questions suivantes :
Considérer la communauté comme le sujet de ses propres affaires et envisager son niveau d’évolution de maturité.
Repérer ceux qui ont la charge de sa gouvernance et leur appréhension de la communauté.
Identifier les valeurs propres originales et l’orientation que cela donne à son devenir.
De là on passera à des questions de pratiques de processus, de méthodes, de situations à traiter et pour ceux dont c’est le métier, de services à apporter pour y contribuer. Auparavant il faut s’arrêter sur la notion de performance dans la socio-performance.
3 - Le Sens de la socio-performance
La notion de performance est habituellement neutre du moins en apparence. Elle est toujours évaluée par rapport à des enjeux et des motivations implicites quelque fois masquées par une “objectivité” fictive. Quelle était la performance de telle banque reconnue il y a peu par la presse internationale et disparue aujourd’hui ? L’exemple de la finance est pratique alors qu’il était le lieu de l’ambiguïté la plus profonde.
La valeur comptée était déconnectée de toute notion de valeurs, au sens moral du terme. Il y a bien d’autres cas de découplage de la valeur, mesurée pour la performance et des valeurs qui sont sensées régir les enjeux et comportements humains civilisés.
Si la question des valeurs monte en puissance manifestement, elle supporte à son tour l’ambiguïté.
Il y a les “valeurs ostentatoires” choisies parmi les plus médiatiquement sensibles pour supporter des démonstrations convaincues. Pendant ce temps les comptabilités et leurs critères de valeur n’ont pas changé.
Il y a les “valeurs normatives” prise dans le catalogue des valeurs opportunes pour contraindre les comportements comme avec une camisole interne. Elles se justifient toujours par les nécessités, les horizons menaçants, les promesses de récompenses.
Il y a les valeurs utilitaires définies par des intérêts et des objectifs particuliers et qui permettent d’évaluer les rationalités et les résultats. Tout cela représente les dérives et détournements de la quête de valeurs que la mutation fait émerger.
Or il s’agit là de valeurs communautaires partagées au sein de communautés d’enjeux et de devenir auxquelles elles peuvent s’identifier. Ce sont des vecteurs de mobilisation comme d’identification et aussi de gratification, de rayonnement et d’attractivité.
Ces valeurs contribuent à construire un “nous” engagé dans un développement d’autonomie et de compétences.
La quête de valeurs qui accompagne l’émergence de pratique communautaires détermine le Sens des enjeux communs, la direction à prendre, l’échelle de valeurs pour évoluer.
Il se trouve que ces valeurs communautaires sont des indicateurs d’un “Sens du bien commun” propre à chaque communauté.
Elles constituent un moyen de repérage “parlant” du Sens à cultiver pour le bien commun de la communauté de référence.
C’est bien évidemment là que se définit et s’évalue la socio-performance. Le Sens de l’action, de l’organisation, ce qui donne un Sens à la notion de “biens” et de “services” dans une communauté économique, ce qui donne matière à diriger aux dirigeants, ce qui donne un axe de cohérence et un vecteur de mobilisation collective par la “valorisation” personnelle et collective qui s’en suit, tout cela le Sens du bien commun et les valeurs associées sont au cœur de la socio-performance.
Notons que sans valeurs partagées il n’y a pas d’échange, ni d’évaluation possible.
Le socio-performance suppose donc de mettre en évidence cette échelle de valeurs selon le Sens du bien commun, un exercice très nouveau. Reste à indiquer que la valeur est la mesure de la contribution au(x) bien(s) commun(s) définis comme enjeux et critères d’orientation de la communauté de référence. Il n’y a plus contradiction entre les deux termes mais à ce prix d’une approche communautaire des affaires humaines.
La socio-performance n’a donc rien à voir avec le succès médiatique, avec la contrainte imposée ou l’attente d’objectifs quelconques. Elle s’évalue selon l’échelle des valeurs, propres à chaque communauté. La socio-performance est toujours relative à une communauté de référence. C’est là une grande nouveauté et une exigence par rapport aux performance qui ne disent pas leur Sens ni le type de valeurs qu’elles servent.
4 - La socio-performatique, l’ingénierie de la socio-performance
Les enjeux se référent à des valeurs communautaires, celles des communautés de Sens où toutes les affaires humaines se jouent et où les problèmes se posent et se résolvent. Alors l’action communautaire devient cruciale.
D‘abord la différence entre l’action communautaire et le fonctionnement mécanique de systèmes doit être aperçue.
La socio-performance réclame une action sur et dans la communauté de référence, une action humaine communautaire.
De même ce n’est pas l’instrument qui joue de la musique mais le musicien, de même ce n’est pas le système d’information, les machines, l’organisation, la procédure ou la technique qui agissent mais les hommes. Ils contribuent ainsi à la socio-performance de leur communauté d’enjeux formant une communauté d’action. L’action communautaire n’est évidemment pas la somme des actions individuelles.
Elle repose sur une nouvelle théorie de l’action. C’est toujours et seulement le consensus qui est source de changement, de transformation, de réalisation, de dynamisme, de puissance collective, de cohérence et de cohésion donc de socio-performance. Elle passe donc par l’établissement de consensus sur le “Sens du bien commun”.
Le partage des valeurs qui en sont les indicateurs, l’évaluation sur cette échelle de valeurs avec la mesure de la valeur viennent donc au cœur de l’action communautaire. C’est la première clé de la socio performance. Il faudra voir comme cela peut se concrétiser.
La deuxième clé de l’action communautaire c’est qu’elle doit être adaptée à différents contextes, différentes situations correspondant aux circonstances et conditions de l’action collective. Ce sont différents domaines et champs d’action qui font appel au même consensus.
Ainsi pour une communauté d’enjeux sa socio-performance s’appuie sur une unité de Sens et de valeurs et une diversité de circonstances, de problèmes et donc de solutions. Elle prend donc différentes formes. La troisième clé est celle de la maturation collective, l’apprentissage et le développement d’une maîtrise collective. Cela suppose des modalités et processus d’action qui transforment ainsi la conscience et la compétence collective et son niveau de maîtrise ou de professionnalisme.
La mise en jeu de processus d’élaboration, de réalisation et aussi d’appropriation et de motivation collective est une dimension majeure de l’action communautaire et donc des pratiques de socio-performance. Comment une communauté se transforme, évolue, grandit, agit, progresse, par quelles voies qui sont les siennes, par quels processus ? Nous sommes au coeur de la socio-performatique et là se trouvent aussi tous les problèmes à résoudre.
Le travail sur le Sens et le consensus est le plus nouveau et fait appel à l’intelligence symbolique, le travail sur les conditions et contextes de l’action semblerait plus classique s’il s’agissait d’environnements stables. Mais en période de mutation et d’innovation permanente il s’agit d’environnement changeants sans cesse et même par le jeu de l’action elle même qui “change le monde” de la communauté.
Le travail sur les processus collectifs d’élaboration et de réalisation intègre les deux dimensions précédentes. Il est donc très nouveaux aussi. On en connaît avec la conduite de projet des versions plus ou moins techniques ou administrative. La gestion des choses prennent le pas en général sur le gouvernement des hommes.
Il existe un ensemble de méthodes et de moyens pour réaliser cela pour développer la socio-performance des communautés d’enjeux, toutes celles dont on a vu qu’elles constituent le champ de la socio performance. Cet ensemble de méthodes et de moyens s’appelle la socio performatique. La socio-performatique est un “traitement des situations”, situations communautaires toujours, comme l’informatique est le traitement de l’information. Cette dernière doit d’ailleurs être intégrée dans la première sauf vouloir persister à traiter de l’information hors des situations et des communautés d’enjeux.
On en dressera ici quelques aperçus.
Diriger c’est donner le Sens. Mais, pour le donner, il faut l’avoir pour s’en faire le repère d’orientation, de volonté, de valeurs aussi.
Le Sens en question n’est pas l’arbitraire d’un pouvoir ou celui du vent dominant mais le Sens du bien commun d’une communauté d’enjeux identifiées au préalable ou à créer.
Ce n’est pas toujours facile et cette désignation est déjà un acte de responsabilité qui demande d’envisager différentes hypothèses, pour les entreprises par exemple et toutes les parties prenantes possibles.
Il y a ensuite l’accès au Sens du bien commun, travail d’expertise avec les méthodes de lintelligence symbolique(8) avec l’analyse de cohérences culturelles ou analyse des Sens, travail intuitif par des techniques d’analyse figurative, travail personnel de dirigeants qui l’incarnent soit pour l’avoir initialisé (fondateurs) soit pour l’avoir adopté et incarné. Ce qui est ignoré ou vaguement intuitif devient essentiel pour la socio-performatique et cela change tout.
Le Sens du bien commun doit être identifié par des indicateurs accessibles. Ce sont les valeurs propres qui sont des repères et des relais pour la transmission et le partage.
A ce titre la socio-performatique propose d’élaborer des référentiels de valeurs, identitaires ou opérationnels et même des référentiels d’évaluation. Pour la socio-performatique l’évaluation est un moyen privilégié dans les processus de maîtrise et d’évolution. On oublie habituellement qu’évaluer c’est apprécier la valeur ce qui suppose une échelle de valeurs.
L’établissement des référentiels de valeurs est un moyen de repérage du Sens du bien commun mais aussi un moyen de partage, c’est-à-dire de consensus, dans un processus d’appropriation collective. Les référentiels de valeurs et l’expression des valeurs dépend du champ de l’action communautaire, du secteur ou du domaine et doit en épouser le langage. Le Sens du bien commun se traduit par une diversité d’expression des valeurs et des référentiels, diversité qui est aussi la condition d’accès à l’unité de Sens pour une communauté hétérogène ou des situations multiples.
Le travail sur les valeurs communautaires est évidemment le premier moyen d’ajuster la contribution des personnes ou des sous-groupes à la socio-performance.
Nous sommes là dans la phase de travail sur le Sens du bien commun pour le consensus, par la médiation des valeurs avec les référentiels de valeurs partagés et l’appropriation collective, notamment, au premier chef, par les dirigeants.
Ensuite viennent les questions de “projection” en fonction des contextes et environnements multiples de la communauté. Il n’y a pas de reproduction automatique de solutions extérieures comme s’il fallait se fondre dans l’uniformité des solutions magiques.
Il y a au contraire une nécessaire créativité pour croiser l’originalité de la communauté et ses valeurs avec la singularité des contextes et situations rencontrées.
C’est de ce croisement que les pratiques de socio-performance vont pouvoir se construire constituant un bagage culturel propre à la communauté d’enjeu.
La variété des modes de projection, thématique, global ou local, général ou sectoriel dépend des processus à conduire pour développer la socio-performance communautaire.
La socio-performatique n’est pas une mécanique mais la conduite de processus dont on a vu les ancrages et qu’il s’agit de concevoir et piloter. Interviennent ici des stratégies de positionnement, de projection, d’appropriation collective, d’élaboration, de participation des compétences et des publics concernés, de maturation et d’intelligence collective.
La caractéristique des méthodes de socio-performatique c’est de constituer une ingénierie du Sens et des cohérences humaines. Pilotage par le Sens, organisation de l’action par des “mises en situations” pertinentes ; Il y a aussi toute une compétence de mise en situation nécessaire, sachant que pour la socio-performatique ce sont les situations qui sont agissantes. Rappelons qu’au cours de l’histoire humaine des “mises en situations” ont toujours constitué des moyens d’action communautaire, rituels, cérémonies, au plus proche de nous, événementiels et toutes les mises en scène des affaires humaines.
Cependant la socio-performatique apporte du nouveau, non seulement par la conceptualisation de la socio performance communautaire et par l’intelligence symbolique pour traiter du Sens des situations mais aussi avec la notion de socio-performateurs.
Sachant que ce sont les situations qui sont agissantes par le Sens qu’elles véhiculent et font partager, les socio-performateurs sont soit des scènes collectives conçues à cet effet, soit des éléments scéniques qui jouent un rôle particulier.
Ainsi un processus de socio-performatique est-il construit avec des socio-performateurs, scènes de l’action communautaire ou moments de ces scènes.
Par exemple organiser une réunion, c’est une mise en situation, établir un programme de travail avec les conditions de sa mise en œuvre, c’est une mise en situation avec un socio-performateur.
Bien souvent des méthodes participatives sont envisagées sans que la mise en situation soit pensée et construite en fonction de ses enjeux. De ce fait on assiste à des pratiques vaines et contre productives. Il serait bien long d’en faire l’inventaire.
Les socio-performateurs sont des moyens ou situations qui doivent avoir trois caractéristiques :
Ouvrir à des aspects, des circonstances, un environnement rendu accessible aux participants.
Inviter à des parcours qui mettent en mouvement selon des processus pertinents ceux qui s’y sont inscrits.
Tout cela conduit à considérer que les scènes en question, les situations agissantes, les socio-performateurs sont des situations virtuelles, c’est-à-dire porteuses de virtualités humaines et communautaires.
Ces situations “socio-performatives” espaces virtuels d’activités ont une vertu d’initiation et d’accompagnement d’un mouvement, générateur et constitutif de l’action collective. Un mouvement, avec les rituels sociaux qui s’y accomplissent et un espace virtuel, un socio-performateur.
Mais pour des communautés plus dispersées, plus diverses, nous avons avec Internet la possibilité de créer des espaces virtuels “socio-performateurs” beaucoup moins onéreux et beaucoup plus flexibles et accessibles.
C’est une ouverture formidable pour la socio-performatique (les tous premiers espaces virtuels d’activité ont été créées récemment).
Pour en terminer avec la socio performatique il est bon de parler des applications dédiées. Autant il est possible de constituer des applications ad hoc de socio-performatique autant il y a des domaines qui justifient à la fois d’éclairer les problématiques et les conditions de socio-performance et à la fois de disposer de méthodes de “socio-performatique”.
Dans certains cas des
socio-performateurs sous la forme d’espaces virtuels d’activité
pourront y être utilisés. En voici quelques exemples :
le développement communautaire (Livre de gouvernance)
l’urbanisme communautaire (Livre de gouvernance)
l’aménagement et l’environnement communautaire (Livre de gouvernance)
la maîtrise des risques communautaires (Livre de gouvernance)
l’innovation communautaire (Livre de gouvernance)
l’intégration communautaire (Livre de gouvernance)
l’organisation communautaire (Livre de gouvernance)
le marketing des valeurs
le commerce des valeurs
la gestion des valeurs
le tourisme des valeurs
la macro pédagogie
le Méthode des Référentiels de Valeurs Partagés (MRVP)
la Méthode de l’identité culturelle prospective (MICP)
les Cercles de Prospective Opérationnelle
les structures de concourance...
Dans tous les cas le Sens du bien commun et les valeurs propres sont à la base de l’action avec le travail de consensus mobilisateur, les stratégies et les processus de développement.
CONCLUSION
La socio-performance est en rupture avec les logiques individualistes ou systémiques qui semblent être à leur apogée. Elle est la problématique la plus centrale du monde qui s’ouvre avec la mutation de civilisation et son paradigme communautaire. Toutes les affaires humaines, même individuelles se trouvent engagées dans des enjeux communautaires donc de socio-performance.
C’est le lot d’une telle révolution que d’être à la fois dans une émergence massive qui inspire les analyses et les innovations et à la fois invisible à un grand nombre, soit qu’ils soient pris dans d’autres logiques soit parce que la maturité des émergences n’est pas encore suffisamment aboutie.
La socio-performance, chacun peut s’en soucier pour les communautés auxquelles il appartient, associations, équipes, entreprises, cité, pays. Elle aidera à prendre conscience du fait communautaire et des problématiques qui s’y attachent. En même temps ses réponses et réalisations avec la socio-performatique et les socio-performateurs vont transformer profondément le monde et principalement notre vision du monde par des croyances et des investissements qui vont être mobilisés autrement.
Bibliographie (1) Journal Permanent de l’Humanisme Méthodologique http://journal.coherences.com
(2) Le renversement économique http://journal.coherences.com/article59.html
(3) Le principe de concourance http://journal.coherences.com/article56.html
(4) Territoires ou communautés de devenir http://journal.coherences.com/article140.html
(5) Concertation et gouvernance http://journal.coherences.com/article50.html
(6) La cité macro-pédagogique http://journal.coherences.com/article72.html
(7) Qu’est-ce qu’une communauté humaine http://journal.coherences.com/article126.html
(8) L’intelligence symbolique http://journal.coherences.com/article41.html
Répertoires
Socio-performance des entreprises http://journal.coherences.com/rubrique6.html
Socio-performance des territoires http://journal.coherences.com/rubrique5.html
Socio-performance du politique http://journal.coherences.com/rubrique56.html
Espaces virtuels d’activités http://journal.coherences.com/rubrique72.html