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Extrait n°2 d'un roman pas (encore) publié.

Publié le 30 avril 2008 par Vivreenislande @vivreenislande
Les premiers commentaires laissés sur le précédent
extrait me rassurent, un peu, sur l'intérêt de cette
histoire d'amour torride qui se déroule entre
l'Espagne et l'Islande (on compense comme on peut !).
Je me risque donc à renouveler l'expérience en
donnant à lire les premières pages de ce roman.
Vos critiques seront les bienvenues.
Vos encouragements aussi !

Dans son livre « Un homme », Philip Roth raconte l’histoire d’un gars qui est devenu ce qu’il ne voulait pas être. Moi, je n’ai pas réussi à devenir ce que je voulais être. Mon histoire, je pourrais la résumer ainsi.

Depuis quelques heures, je suis à Madrid. Nous sommes au mois d’avril.
Il fait doux. C’est le genre de détail dont j’aurais pu ne rien avoir à faire il y 8 mois.
Aujourd’hui pourtant, je savoure cette douceur printanière. Parce qu’elle tranche avec les nombreuses semaines de froide humidité qui viennent de passer.

Je reste là, avec ma petite valise et mon sac à dos, assis par terre, adossé à l’une des colonnes qui bordent les arcades de la Plaza Mayor, les coudes sur les genoux, et la tête lourdement posée sur les paumes de mes mains.
Tantôt j’observe les passants, tantôt je laisse les larmes m’envahir brusquement et brouiller ma vision. Je joue avec ma tristesse comme on règle l’objectif d’un appareil photo. Parfois net, souvent flou.
J’ai peur. J’en ai mal au ventre. J’ai peur parce que je suis seul. Parce que mon existence s’est arrêtée, il y a 48 heures à peine. Parce que je suis incapable d’imaginer ce que sera demain. Parce qu’hier est encore tellement présent. Parce que je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie maintenant. Maintenant que je suis ici. Ici depuis que j’ai quitté femme et enfants, abandonnés à Reykjavik.
Mon existence s’est écroulée. Je viens de faire table rase d’environ 30 ans de vie commune. C’est beaucoup 30 ans quand on en a 45.

Je m’appelle Hercule. Hercule Freluquet. Ça ne s’invente pas un nom pareil.
A lui seul, mon nom contient toute l’histoire de ma vie.
J’ai été Hercule pendant plus de 30 ans, porté par la force de mon idéal amoureux, et aujourd’hui je suis Freluquet, anéanti par la soudaine prise de conscience d’avoir échoué.

Je mesure 1 mètre 72 cm pour 63kgs. Je suis encore brun.
Je dis « encore » pour lever toute ambiguïté sur ce qui attend mon crâne dans les années à venir. Je suis toujours marié à Anne (44 ans) et père de Marie (16 ans), Lola (13 ans), Justine (10 ans) et Henri (8 ans).
Je pense « toujours », alors qu’il faudrait dire pour l’instant. Nous ne resterons pas mariés très longtemps. Ce lapsus grammatical en dit long sur l’idée que je me faisais de notre mariage. De notre amour. Ce sont ces mots-là qu’on utilise quand on y croit : « je t’aimerai toujours », « nous serons toujours ensemble ».
Pauvre con. Comment peut-on faire ce genre de promesses ? Enfin, on peut toujours les faire, mais comment y croire ? C’est naïf. J’ai été naïf.

Au risque de décevoir les amateurs de récits polissons et autres aficionados des porte-jarretelles, « sex » en islandais signifie « 6 ».
Donc, 6 pour ma femme, mes 4 enfants, et moi-même.
Je conserve bien quelques souvenirs de certains de nos ébats amoureux, mais détailler ici les plus torrides d’entre eux ne suffirait pas à faire de mon livre une possible adaptation cinématographique par Marc Dorcel.
Et puis je ne suis pas non plus Rocco Sifreddi. Loin s’en faut.

Le terme « aventure » utilisé pour le titre est par ailleurs totalement inapproprié tant l’action, le suspense et les serpents à sonnettes sont absents de mon histoire.
Mais dans la mesure où j’envisage de raconter prochainement d’autres anecdotes de mon existence, je me suis dit que « aventures », sur la couverture d’un roman, c’était assez accrocheur.

Quant à l’Islande, point de chute d’une expérience ayant consisté à faire hiberner une famille de 6 personnes dans un pays qui peint ses maisons en rouge, en vert ou en bleu pour faire oublier à ses habitants que l’obscurité et le froid peuvent émousser la détermination des plus résolus, le lecteur averti serait bien inspiré de consulter les guides touristiques existants pour en apprendre davantage.

Voilà pour la présentation, dont je pressens qu’elle donnera irrémédiablement envie de poursuivre ce récit.

Me voilà donc à Madrid. Sans but. Sans désir. Sans espoir. Le cul sur le sol d’une nouvelle capitale inconnue. Incapable de prendre la moindre décision.
Machinalement, je sors de mon sac un épais carnet noir. Une sorte de journal intime. Les événements familiaux et autres chroniques de notre vie quotidienne y étaient consignés de façon plus ou moins détaillée et souvent assortis d’impressions et de commentaires personnels. J’ouvre le carnet à la première page.
À mesure que je relis mes notes, pour la première fois depuis 8 mois, les souvenirs imagés me reviennent.
Extrait de "Sex à Reykjavik - Les aventures hispano-islandaises d'Hercule Freluquet" (dépôt SGDL/Cléo du 10/04/08)

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