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Crise économique: l'Argent Roi est le Roi nu

Publié le 01 octobre 2008 par Eno

Notre somptueuse crise économique, qui n’en fini plus de s’étendre, aurait-elle quelques responsables que nous pourrions désigner, et éventuellement lyncher ? Bien sur qu’il y a des actes, des intentions et des décisions qui ont construit progressivement cet état de crise, et bien sur, il y a bien un certain nombres d’individus derrière ces actes… Qui sont ces gens ? Tout d’abord, notre petit président n’a pas totalement tord lorsqu’à grand recours de rhétorique populiste il souligne que nous savions bien qui récompenser lorsque tout fonctionnait. Ce qui rend son propos insupportable et insultant c’est évidement son total soutient politique (et il n’est pas anodin lorsque l’on est Président) au fonctionnement du marché et à la dérégularisation de la finance et de l’économie en générale tel qu’il l’entreprenait et l’entretenait par ses fonctions, de la même façon qu’il glorifiait le modèle américain pour moderniser une France archaïque : le « moins d’Etat », n’était-ce pas il y a quelque jours encore l’essence même du programme de Sarkozy – à l’exception bien sur du chapitre policier-sécuritaire - ? Mais au-delà de cette malhonnêteté grossière, qui cherche à jouer de l’amnésie perpétuelle des spectateur-citoyens pour se désolidariser du jour au lendemain de sa ligne politique sans perturber les esprits, il y a quelque chose d’autre de tout autant malhonnête a s’ériger comme celui qui demande non seulement des comptes, mais des responsables à punir. Car derrière cette volonté d’individualiser la responsabilité de la crise financière et de pénaliser cette responsabilité, c’est surtout l’occultation de la cause systémique, structurelle, pour ainsi normal de cette crise de l’économie capitaliste néo-libéral. Désigner des personnes comme coupables, c’est vouloir effrontément ignorer que cette crise est globale, et que son fonctionnement, sa croissance repose sur les logiques et pratiques qui régissent la finance, tout cela depuis longtemps avec le consentement de l’Etat, celui-ci affirmant de concert avec les investisseurs et entrepreneurs qu’il ne devait pas trop intervenir et légiférer sur la sphère économique. Certes, quelques part, Nicolas Sarkozy le reconnaît lui-même lorsqu’il annonce avec vigueur et panache que justement, cette manière de penser était « folle », que les idées néolibérales, à partir desquelles il poursuit toujours son programme (suppression des fonctionnaires, privatisation, plafonnement des impôts sur les grandes fortunes…), « étaient des idées folles » : la dérégulation de l’économie, sa financiarisation, c’est fini, et c’est Sarkozy qui le clame haut et fort, et loin. Admet-il à demi-mot avoir été « fou », répondant ainsi à ne interrogation qui en titille plus d’un depuis longtemps ? Moi, ça m’a presque choquer, a vrai dire, ça me donne une idée de l’ampleur de la crise… Si, du moins, les chiffres ne parlaient pas d’eux même – qu’ils soient ceux des cours des bourses, celui des banques en faillites ou celui de ce que le contribuable américain va devoir allonger pour tenter de sauver les institutions qui sont à l’origine de ce désastre.

Mais qu’est-ce que vouloir contrôler le marché ? Qu’est ce que le réguler ?

Ce qu’une crise d’une telle ampleur dévoile, c’est le manque complet de signification de nos sociétés modernes. Son avidité frénétique et sa course aveugle et sourde vers le grand rien du tout marchandise dégénère en comportements irrationnels massifs et multiples : que ce soit par nos consommation, nos travails, nos manières de voir et de concevoir le monde, la société, soi, les autres, ou que ce soit par la manière dont nous élaborons nos procédures de décisions politiques, sociales et économiques (hiérarchisation, « représentation » démocratique « légitime » grâce à une « majorité électorale », fonctionnement et finalité du Marché…), nos comportements individuels et collectifs affichent clairement notre aliénation à la logique marchande. Cette aliénation est celle de la société dans la mesure ou la société se fait absorber par l’économique, ou la politique ne fait plus que répondre à des impératifs dictés par les lois du marché. C’est une aliénation individuelle aussi parce que l’individu, et plus précisément les rapports qu’entretient l’individu avec soi, les autres et le monde, se réduisent eux aussi de plus en plus à un rapport économique (celui de concurrents, partenaires, supérieurs hiérarchiques…) : nous élucidons le monde au travers le prisme de l’évaluation marchande.

Ainsi, une crise de plusieurs millier de milliard, que rien n’arrêterait si tout ceux qui étaient jusque-là sacrifier par ce système ne se sacrifiaient pas de nouveau, révèle en premier lieu l’aspect absolument oligarchique du pouvoir économique, ce qui signifie par ailleurs que nos prétentions à la Démocratie sont ridicules et facétieuses, étant donné d’une part l’autonomie flagrante des acteurs du monde financier vis-à-vis de l’action politique, et d’autre part le fait que c’est justement de ce monde économique que dépend la dynamique et l’organisation social.

En un mot, ce que cette crise devrait rendre apparents pour tous, c’est l’irresponsabilité quasi névrotique et criminelle des différents acteurs qui y ont conduit, et surtout, par conséquent, le fait que notre manière dont fonctionne l’économie n’a rien de rationnelle ni d’ultime et d’indépassable, qu’au contraire notre société démocratique est vide de tout sens dans la mesure où des pouvoirs décisionnels aussi décisifs sont a ce point privatisés et concentrés.

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