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Spirit of ‘08

Publié le 01 octobre 2008 par Jean-Philippe Immarigeon

Comme l’expliquait un économiste sur un plateau télé, l’emmerdant dans cette affaire est que le « hasard du calendrier » fait qu’un vote du Congrès américain tombe au plus mauvais moment, et que les représentants et le tiers des sénateurs renouvelables vont devoir rendre des comptes à leurs électeurs dans moins d’un mois. Et comme seulement un quart de ces électeurs approuvent le plan Paulson, leurs élus hésitent à aller à l’encontre par peur de perdre leurs sièges.

Autrement dit, l’Amérique redécouvre un truc absolument dingue : la démocratie.

Premier étage, sur la forme : pour une fois, les élus doivent gérer une crise en pleine campagne électorale, un peu comme lorsque, pour débloquer une situation ingérable, on se présente, dans les régimes parlementaires de la vieille Europe chère à Donald Rumsfeld, à l’arbitrage des électeurs par le biais de la dissolution. Or la Constitution US de 1787 avait soigneusement évité cette consultation de la nation souveraine. Autrement dit, l’Amérique découvre les affres des régimes parlementaires, où c’est le peuple qui décide en dernier et pas le locataire de la Maison Blanche. Un truc vraiment dingue, on vous dit…

Deuxième étage, sur le fond : les Américains ne veulent pas qu’on leur vote des impôts dans leur dos, et que Washington vienne au secours de Wall Street au détriment de Little Rock. D’ailleurs le consentement à l’impôt existait déjà du temps des rois dans cette putain de vieille Europe, difficile de faire moins. Et puis, n’est-ce pas pour cela qu’on raconte que les Américains ont fait une première révolution en 1774, parce que le Parlement de Londres, où ils n’étaient pas représentés, s’était arrangé sans les consulter ?

Spirit of ’08 = Spirit of ’76 ?


Mais qui est donc allé inventer ce truc de fou qui veut qu’on demande son avis au contribuable, pour savoir s’il est d’accord qu’on lui pique des sous et permettre aux petits marquis de Wall Street de jouer à Sex and the City ?

Ah, parlez-nous de la Chine communiste, ce paradis capitaliste où tous ces emmerdements n’existent pas. Enfin, pas encore…


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