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Annonces de Nicolas Sarkozy "en faveur" du logement : stupeur et consternation !

Publié le 01 octobre 2008 par Objectifliberte

Chantier Nicolas Sarkozy est-il devenu fou ? Alors que le plan Boutin, annoncé en juin, et présenté au parlement le 14 octobre, consacre plus encore qu'actuellement le rôle de l'état comme grand timonnier du marché du logement, malgré les résultats catastrophique de cet interventionnisme que seuls les libéraux osent aujourd'hui dénoncer, notre président, fidèle à ses mauvaises habitudes, nous a gratifiés dans un communiqué paru ce mercredi soir d'annonces dont on ne sait si elles sont le fruit d'une impulsivité maladive, ou d'un début de panique à bord de l'esquif gouvernemental.

Plus fort que le marché : l'Etat !

Tout d'abord, le président de la république a annoncé, je cite le Monde mot pour mot, "de faire racheter à un prix décoté plus de 30 000 logements dont les travaux n'ont pas été lancés faute de certitude sur les ventes, afin de soutenir la construction de logements en France, indique un communiqué de la présidence. Selon l'Elysée, "en évitant l'annulation ou le report d'opérations", cette décision "permettra de soutenir la construction de logements en France".

Que ne ferait-on pas pour "soutenir la construction", dans ce pays ! Alors que ces dispositifs, comme le tristement célèbre "Robien", ont surtout contribué à déséquilibrer les marchés en apportant une profusion de logements inadaptés à la demande locale à des endroits où il n'y en avait pas besoin -- Et pour cause, c'était là que le foncier restait à peu près accessible... --, l'état va, avec l'argent qu'il n'a pas, simplifier le dispositif de mal-investissement en vigueur et se passer de l'aide des investisseurs individuels pour construire des logements que les promoteurs ont renoncé à développer parce que la demande est en berne. Mais l'état, ce monstre omniscient, sait mieux que ce "maudit marché" ce dont les demandeurs de logement ont besoin, de quel type de logement, à quel endroit... 

Naturellement, les lobbys de la construction qui bénéficieront de ces enveloppes y verront à court terme leur avantage. Mais les constructeurs de "vrais" logements privés, déjà salement secoués par le climat actuel des affaires, verront la concurrence du secteur subventionné s'accroître, et devront plus encore qu'actuellement se recentrer sur l'offre de haut de gamme, la seule qui ne soit pas impactée par  l'intrusion de l'état dans la construction. Les familles modestes n'y gagneront rien à moyen terme.

Enfin, la subvention nouvellement créée, si elle passera de la pommade dans le dos des professionnels du bâtiment, ne fera que renforcer la pression fiscale sur tous les français, qui se retrouveront donc à payer plus d'impôts pour subventionner à prix d'or les 30 000 opportunistes qui franchiront les barrières leur permettant d'accéder à ces dispositifs. Et l'argent dépensé par les ménages dans le logement subventionné n'ira pas irriguer d'autres postes de dépense: "soutenir le bâtiment", ou tout autre lobby, comme toute aide sectorielle, ne peut se faire qu'au détriment des secteurs d'activité non "aidés".

Fannie et Freddie traversent l'Atlantique

Mais cette mesure n'est rien à côté de l'autre annonce du soir. Toujours selon les termes du Monde, repris du communiqué de l'Elysée, "Le chef de l'Etat a par ailleurs décidé de relever le plafond de ressources ouvrant droit à la garantie que l'Etat apporte aux crédits immobiliers des ménages via les "prêts d'accession sociale". Ainsi, 60 % des ménages contactant un crédit immobilier deviendront éligibles à cette garantie contre seulement 20 % aujourd'hui". Le communiqué ajoute même que "pour les banques, cette mesure permettra d’augmenter le volume des actifs de qualité éligibles à un refinancement à coûts bas".

Alors que le système bancaire américain est en déroute à cause de la prolifération de prêts plus qu'imprudents permise par une garantie tacite de l'état sur Fannie Mae et Freddie mac, les deux acteurs majeurs du refinancement du crédit, alors que rien n'indique que le système bancaire français ne soit à l'abri d'une contagion, tout décideur sensé penserait d'abord à promouvoir des actions susceptibles de renforcer la solidité financière des banques.

Mais Nicolas Sarkozy, qui n'a visiblement pas la même analyse de la situation, envisage au contraire une vaste opération de déresponsabilisation des organismes de crédit en ouvrant à 60% des emprunteurs la possibilité de bénéficier d'une garantie publique de leur engagement, reproduisant dans le principe le même système que celui qui a précipité la chute de Fannie Mae et Freddie Mac.

Prêtez, prêtez, si le débiteur est en défaut, l'état vous sauvera !  Tel est en substance le message du chef de l'Etat. Mais l'Etat Français, en cas de faillite d'une grande banque prêteuse, ou d'un refinanceur -- La caisse des dépôts, déjà mise à toutes les sauces ? --, n'a plus les fonds propres suffisants pour assurer un sauvetage de grande ampleur. En outre, il est plus que probable que dans un contexte de crédit raréfié, il ne pourra acheter la confiance d'éventuels créanciers au même prix qu'aujourd'hui.

Vers le coup de ciseau fatal ?

Une telle garantie de l'état sur des créances dont la qualité baissera quasi-mécaniquement, risque d'amener les agences de notation, qui seront tenues de faire du zèle afin d'échapper aux accusations (justifiées) de laxisme qui leur sont actuellement adressées, à dégrader à court ou moyen terme la note accordée à la signature de l'état Français. Notre charge d'intérêts de la dette ne peut qu'augmenter dans d'inquiétantes proportions. Et ce n'est là que le moindre des facteurs d'inquiétude que l'ineptie gouvernementale suscite.
Les annonces quasi quotidiennes de dépenses nouvelles -- dont celles de ce soir ne sont qu'un point d'orgue provisoire, en attendant la suivante -- et la multiplication de dispositifs de  garanties étatiques sur les faillites privées, dont les conseillers du président devraient savoir qu'elles ne sont que promesses de gascon, risquent d'entraîner plus rapidement que je ne l'aurai cru vers la pente savonneuse qu'à expérimentée la Suède en 1993: le "coup de ciseau" sur les finances publiques, suivi de la banqueroute de l'état.
L'effet "ciseau" est la conjugaison d'une baisse des recettes fiscales avec une hausse non maîtrisée des dépenses publiques. Alors qu'un ralentissement économique se manifeste d'ores et déjà, qu'une récession paraît probable, l'état et les collectivités locales doivent s'attendre à de sévères baisses de recettes, extrêmement mal anticipées.  En contrepartie, la multiplication des pains, pardon, des dispositifs d'assistance, dont le nombre de bénéficiaires ne fera que croitre du fait du contexte économique ravagé, entraîneront une hausse rapidement incontrôlable des engagements de dépense. Si les annonces du président se traduisent en textes de loi, je puis déjà annoncer que l'objectif de contenir le déficit public en dessous de 3% non seulement ne sera pas tenu, mais qu'il sera enfoncé ! Rappelons qu'en Suède, entre 1990 et 1993, ce déficit annuel, sous l'effet de ce fameux coup de ciseau, est passé de 3% à... 12% du PIB, vous avez bien lu: douze pour cent. Rigoureusement insoutenable.

La Faillite, nous voilà !
Les investisseurs du monde entier, lorsqu'une tranche d'obligations composant notre abyssale dette arrive à échéance, prêtent jusqu'ici sans rechigner à la France à des taux raisonnables de quoi la rembourser, donnant l'illusion que "la France ne rembourse jamais sa dette" à certains politiciens incultes . Face à la multiplication de signaux avant-coureurs d'une catastrophe, il se pourrait qu'ils décident que le risque lié à la signature française ne vaut plus la peine d'être courru, surtout au prix actuel. Les taux demandés monteront alors, et pourraient rapidement devenir insupportables. En 1993, face à une crise de défiance massive des prêteurs habituels, la banque de suède a dû augmenter ses taux d'émission obligataires, et dût même pendant quelques minutes émettre des tranches au taux de... 500%, sans parvenir à les placer ! Le gouverneur de la banque de Suède a alors jeté l'éponge et le gouvernement a annoncé une dévaluation du tiers de la valeur de change de sa devise, façon comme une autre d'exproprier les créanciers d'un tiers de leurs créances. La France n'a même pas cette possibilité, Euro oblige. Elle devrait alors prononcer une banqueroute, dont les conséquences seraient absolument dramatiques.

Sommes nous condamnés à vivre un tel scénario noir ? Je ne voudrais pas jouer les catastrophistes de salon, mais si notre gouvernement met à exécution ses projets de manipuler le crédit immobilier au seul prétexte de "soutenir le bâtiment", nous  allons tout droit dans le mur. La question ne sera alors plus de savoir si cela va arriver, mais quand.

Un besoin urgent de liberté !

Ni le logement, ni aucun autre secteur de l'économie, n'ont besoin de plus d'intervention de l'état qu'ils n'en subissent déjà. Et l'état, aujourd'hui plus que jamais, ne peut se permettre d'accroître le risque financier lié à ses activités. Il est urgent que le logement soit libéré des carcans étatiques qui l'étouffent !

Si l'état veut vraiment aider les français à se loger à des coûts abordables, il doit au contraire d'une part promouvoir une grande loi de libération foncière permettant aux prix du logement de rester raisonnables même lorsque la demande est forte, d'autre part, il doit revoir à la fois les pressions législatives s'exerçant au détriment des propriétaires bailleurs, et alléger la fiscalité de l'épargne, et non la renforcer. Enfin, il doit cesser de socialiser le parc français de logements plus qu'il ne l'est déjà , ce qui gaspille des ressources considérables, et ne profite qu'imparfaitement aux publics qu'une politique sociale est censée toucher, la compétition pour occuper ces logements subventionnés profitant rarement aux plus faibles.

Enfin, il doit abandonner toute mesure de distorsion du crédit, tant les incitations fiscales que les garanties publiques, dont la faillite américaine devrait pourtant avoir prouvé l'incroyable nocivité.

Toutes les forces politiques un tant soit peu responsables de ce pays doivent réagir rapidement aux annonces plus qu'imprudentes de M. Sarkozy, pour qu'elles ne deviennent pas la loi de la république.
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