Pour ceux et celles -habitués de nous lire- qui ont bravé l’interminable débat des chefs en français mercredi soir, il y a fort à parier que quelques fous rires ont traversés les salons du Québec, du Canada, ou même de l’étranger, allez savoir. Certes, la plupart des sujets sont restés bien totalitaires, n’effleurant la plupart du temps, que la mince couche de neige sur l’Everest.
De semblance effrontée, Stephen Harper a su mentir tout au long de la soirée, quant à plusieurs « faits » concernant les attaques de ses adversaires à son endroit.
Sur la question de la guerre en Afghanistan, il y est allé du « ce sont les libéraux qui nous ont amenés à Kandahar… », jusqu’au « il faut soutenir nos soldats.. ». Mais jamais la légitimité de la mission, ou même celle de monsieur Karzaï -jamais démocratiquement élu-(1) n’a été soulevée. Jamais il n’a remis en question le fait que cette mission avait été préparée par l’O.T.A.N., bien avant le 11 septembre 2001 (2), et que dans cette mission, tout était légitime –même la torture d’enfant-soldat, le terrorisme et les ADM- pour imposer cette dictature nommée Karzaï –et ses copains les seigneurs de guerre/et les talibans rasés-.
Sinon, côté santé, qui ne savait pas que les conservateurs prônaient le privé à fond, même si les résultats de nos voisins sont catastrophiques –imaginez quand le plan de sauvetage sera appliqué, le Sénat y a donné son aval!-?
Côté culture, les faits ont été rapportés par toutes et tous, Stephen Harper, même économiquement ici, est dans le champ. La culture rapporte, elle ne coûte donc rien en bout de ligne. Aussi, ses propos populistes généralisaient les conditions de vie des artistes, comme si toutes et tous se payaient les tables de casino de Vegas, barrées à 70 000 dollars la mise…
Je n’ai pas vu le moindre propos sur l’histoire des membres de l’Opus Dei, or, un camarade de RW vous fera bientôt part de ses recherches sur leurs activités qui, pour le moins qu’on puisse dire, semblent un tantinet douteuses.
D’un ton malade et timide, Stéphane Dion s’est mis à rabrouer ses adversaires, surtout monsieur Layton –il fera ensuite croire que ce dernier n’a aucune chance de devenir l’opposition officielle-. Dion en avait contre le socialisme ce soir, pour le comparer au Nouveau Parti Démocrate. Mais encore, cette critique fut faite à monsieur Layton, lors d’un débat sur la santé. Or, un pays socialiste des caraïbes saurait en apprendre à des capitalistes comme Dion dans ce domaine. Mais ces derniers n’oseront jamais, par orgueil sans doute, demander des trucs à des socialistes! Alors tant pis, mais les états-uniens peuvent par contre vous prédire l’avenir, chers lecteurs, lectrices, qui vous attend, avec ces politiques néo-libérales. Et l’aval du Sénat états-unien au plan de sauvetage du Congrès, saura sans doute vous convaincre si ce n’est pas fait, que le privé n’est tout simplement pas la solution.
Sinon, sur la question afghane, Dion n’était pas moins militariste et impérialiste que son rival extrémiste. Dion s’est offert le luxe de sermonner Jack Layton sur son manque de « coopération » avec les forces -impérialistes- de L’O.T.A.N., tout en omettant lui-même de considérer le tout comme un coup d’État, suivi d’une dictature. Et que dans cette mission impérialiste, ne visant ni plus, ni moins qu’à ouvrir un nouveau front pour l’O.T.A.N. et lui servir les ressources humaines et naturelles sur un plateau signé FMI/Banque Mondiale, le terrorisme fut une arme sur-utilisée par nos voisins du sud, les États-Unis. Et encore, que des soldats québécois basés à Kandahar, révèlent que des viols pratiquement quotidiens, ont été commis par les forces afghanes dites « démocratiques », sur des jeunes mineurs. Il a donc défendu l’indéfendable, aux côtés de ses confrères capitalistes unanimes.
Son plan libéral sonnait comme les autres plans libéraux, soit très creux aux oreilles des moins nantis. Des mesures visant les ménages faisant plus de 60 000, bref, rien d’une actualité partagée dans les régions touchées par les coupures, donc une bonne partie de la population, et encore plus prochainement si on se fie à la tendance.
D’un air vendeur d’aspirateur, Jack Layton a défendu un capitalisme sous l’égide de l’État, moins aliéné par le Ô Capitalisme. Loin du socialisme dont l’accusent les libéraux capitalistes, il n’en demeure pas moins qu’il s’estclairement affiché en faveur des services publics en santé.
Il a plaidé, non pas pour la première fois, en faveur d’un retrait immédiat des troupes d’Afghanistan, mais il ne s’est pas aventuré sur les attaques plus pointilleuses, comme la pertinence de la mission afghane par exemple, ou les raisons qui ont été données pour déclencher cette mission.
Côté chiffres, Layton était absent de la carte, mais dans le fond, qui de ces temps-ci, peut sans rire prétendre connaître l’avenir économique mondial? Cela fait déjà plus d’un an que les économistes « capitalistes » nous la ramènent avec la supposée fin de la crise financière.
Bien qu’il puisse y avoir des socialistes dans son parti, monsieur Layton ne prétend pas être socialiste ou défendre cette cause. Ce ne sont que des attaques anti-communistes crasses émises surtout par les purs et durs capitalistes, ici Dion et Harper. Mais encore, ces derniers, comme nos blogueurs capitalistes vétérans, ne sauraient même pas reconnaître le socialisme, même s’ils vivaient dedans.
Quant à madame May, elle semblait répétitive, pas vraiment préparée. Il n’y avait pas de grandes propositions révolutionnaires environnementales, ce à quoi on aurait pu s’attendre d’un parti se disant vert, non? Et bien, je dirais que le NPD et le Bloc à eux seuls, malgré leur rôle d’opposition, en proposaient d’avantage dans leur salade.
En fait, son parti est un parti libéral, qui propose des mesures libérales, dans un monde libéral.
Monsieur Duceppe m’a déçu lorsqu’il n’a pas su saisir la balle au bond, à quelques reprises.
Par exemple, il aurait bien pu rappeler que sans demande dereconnaître la « nation québécoise », personne n’aurait offert sur un plateau –encore faudrait-il que ce soit ajouté à la constitution- , un tel cadeau! Il a fallu que quelqu’un la demande, cette fameuse reconnaissance, et qui l’a fait? Le Bloc.
En fait, la plupart des gains faits pour le Québec à Ottawa, c’est sous la pression du Bloc qu’ils furent accordés.
Il a heureusement rappelé aux québécois que Harper, lui qui se dit sérieux dans le dossier environnemental, avait accusés les scientifiques du GIEC d’être à la solde d’un complot socialiste.
Certes, le débat est resté muet sur biens des domaines que j’aurais pour ma part, aimé qu’on aborde. Que ce soit sur la question des crimes de guerre, faisant partie pourtant, du « Canada à l’étranger ». Et j’aurais bien aimé également, que l’on parle plus amplement de la nationalisation du pétrole, tant qu’à l’exploiter et polluer. Cette richesse n’a pas à enrichir une minorité parasitaire, mais les lois du marché capitaliste ont fermées les trappes des 5 concédés ce soir.
Qui d’après vous, a gagné le débat?
1-« La firme californienne UNOCAL a porté deux vastes projets. Le premier (dit BTC) devait relier la Caspienne à la Mer noire en passant par l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, notamment avec l’aide du britannique BP ; le second devait relier la Caspienne à l’Océan indien via le Turkmenistan, l’Afghanistan et le Pakistan, principalement avec l’aide du saoudien Delta Oil.
Si le BTC a été construit sans grande difficulté, il n’en fut pas de même pour le pipe-line trans-afghan. UNOCAL se heurta au chaos régnant dans le pays et se rapprocha de la Maison-Blanche pour obtenir la stabilisation de cette région. La firme engagea Henry Kissinger comme consultant, et confia la direction du projet aux ambassadeurs John J. Maresca, Robert B. Oakley et à deux experts Zalmay Khalilzad et « *Hamid Karzaï *». Washington acheta l’aide des talibans… » http://www.voltairenet.org/article158100.html
2-http://reactionismwatch.wordpress.com/2008/05/02/un-livre-qui-ne-paraitra-malheureusement-pas/