Il s'agit du mariage des
opposés.
Comme l'eau et le feu.
Qui sont toujours complémentaires.
Comme la femelle et le mâle.
Ou encore, le Yin et le Yang du Tao
Les noces chymiques, ou noces alchimiques, consistent en la rencontre (fusion / juxtaposition / génération) de deux opposés complémentaires, de la coïncidence des opposés, ou coïndidentia oppositorum pour reprendre la vielle formule latine des alchimistes, que symbolise la génération de deux éléments : l'un féminin, l'eau; l'autre, masculin, le feu.
Lorsque la coïncidentia de deux opposés est réalisée, l'opposition se trouve alors dépassée, transcendée, et une
énergie naît de leur complémentarité : que ce soit la vapeur qui provient de la génération de l'eau et du feu; ou, comme le formule la thermo-dynamique, d'une source froide et d'une source
chaude; que ce soit l'amour qui naît de la rencontre de la femme et de l'homme et qui se manifeste comme énergie sexuelle et/ou cosmique; ou encore, que ce soit le plein épanouissement de l'être,
qui découle de la conscientisation, processus qui consiste à rendre conscients certains matériaux de l'inconscient; autrement dit, du rapprochement ou de l'accouplement du conscient et de
l'inconscient, qui donne naissance à une conscience renouvelée...
EAU
L'eau est un élément féminin, créateur et conservateur de vie. Elle est la source informelle de la vie : la source de fécondation de la terre et de ses habitants.
Elle est aussi le véhicule de toute vie. L'eau est la mère : mater, materia.
Élément de la naissance et de la renaissance, physique et spirituelle, elle purifie, guérit, rajeunit : l'eau du baptême, des ablutions, des sources miraculeuses... Elle est force vitale, sacrée et sacralisante.
Symbole des énergies inconscientes, elle est associée aux ténèbres : elle représente les puissances informes de l'âme, les motivations obscures.
On commence à peine à découvrir ce qu'il en coûte de vouloir trop corriger la nature à force de chimie synthétique.
Dans une région fruitière de la Pennsylvanie, un échantillon d'eau dite potable contenait assez d'insecticides pour faire crever dans les quatre heures tous les poissons qu'on y mettait.
En 1956, au Nouveau-Brunswick, des aspersions aériennes de D.D.T. destinées à détruire un parasite dans les plantations fruitières, ont causé la mort de 800 000 saumons et truites c'est-à-dire à peu près les deux tiers des effectifs respectifs.
Pour ne donner ici que deux exemples de l'effet des pesticides sur l'eau.
L'alternative aux pesticides paraît être, entre autres, la lutte biologique Les besoins en eau ne cessent d'augmenter.
On a calculé qu'il fallait 447 gallons d'eau pour irriguer la superficie d'un champ de coton nécessaire à la fabrication d'une seule chemise, depuis le moment où on sème la graine jusqu'à celui de la récolte.
La production d'une pinte de lait nécessite 232 gallons d'eau, si on tient compte de l'irrigation des champs de céréales destinées au bétail producteur de lait, de l'eau consommée par les vaches elles-mêmes et de celle nécessaire au nettoyage de l'étable.
À partir de ce genre de données, on arrive à déterminer qu'il faut 136 gallons d'eau pour produire un pain; 125 gallons pour une livre de tomates; 47 gallons pour une livre d'oranges; 23 gallons pour une livre de pommes de terre...
Ce qui souligne, une fois de plus, l'irresponsabilité d'une civilisation aussi polluante que la nôtre.
La Conférence des Nations Unies sur l'Eau, tenue en Argentine en 1977, avait recommandé que la décennie 1980-1990 soit proclamée officiellement "Décennie internationale de l'eau potable et de l'assainissement", afin de relever le défi auquel l'humanité devrait éventuellement faire face puisque, si nous poursuivions dans le sens où nous étions engagés, très bientôt, les ressources d'eau des régions habitées du globe seraient presque épuisées.
Où en sommes-nous?
Il est impossible de considérer l'homme détaché de sa planète. Nous vivons en symbiose avec la Terre. Qui est la planète de l'eau. L'homme est lui-même en grande partie constitué d'eau. Ce que
l'eau véhicule sur la planète, l'homme finit par en être lui-même le véhicule. L'état de l'eau devient l'état de l'homme.
Feu
Le feu est un élément masculin, agent de la transformation de la matière et de la transmutation de l'esprit. Il est la connaissance intuitive. La chaleur psychique et spirituelle fait fondre ce
qu'il y a de plus dur : le cœur humain. Il est connaissance pénétrante, illumination initiation. Il est énergie dévorante qui transforme : à la fois purificateur et
régénérateur.
Comme cet oiseau magnifique et fabuleux, qu'on appelait Phénix, qui se levait avec l'aurore, pour se consumer et s'éteindre comme le soleil, dans les ténèbres de la nuit, et renaître de ses
cendres avec la nouvelle aurore. Le Phénix est le symbole du feu créateur et destructeur.
La conquête du feu a été un des bonds merveilleux de l'évolution de l'homme. Comme agent de civilisation, le feu est lié, dans toutes les civilisations, au dieu initiateur.
Dans la civilisation grecque, ce fut PROMÉTHÉE. Il déroba le feu du ciel et le donna aux hommes.
Le feu est à l'origine des conquêtes humaines : on passe avec lui du cru au cuit, on découvre la métallurgie, la poterie... La domestication du feu marque le début de la civilisation :
le début de la culture par rapport à la nature.
Cette opposition est fondamentale.
Le feu que l'on contrôle engendre la culture. Il participe de la magie. Qui est un état intermédiaire entre l'imagination et la connaissance exacte. C'est par la magie que fut entreprise la
conquête du milieu. Conquérir la nature est un des plus vieux rêves de l'homme. Exercer sa domination sur la nature.
Aujourd'hui, nous découvrons que nous sommes allés trop loin dans ce sens. Que nous avons oublié que nous participons de cette nature. Qu'il ne faut pas la conquérir au point de l'anéantir. Que
le moment est venu de vivre en harmonie avec elle, si nous voulons survivre.
Notre survie dépend de l'équilibre naturel. Le moment est maintenant venu de protéger la nature. D'en être les gardiens. Mais il aura fallu passer par l'étape de la conquête.
Et cette étape de notre évolution n'a pu être entreprise que parce que nous avions fait tout d'abord la conquête du feu. C'est le feu qui est à l'origine de cette entreprise - autrement dit,
c'est le feu qui est à l'origine de toute civilisation.