Pierre Boisard, Le camembert, mythe français, Ed Odile Jacob,
2007
En partant du récit mythique des origines du camembert, l’invention par Marie Harel
grâce aux secrets d’un prêtre réfractaire hébergé par ses soins, du camembert en fabriquant un fromage de type brie dans un moule à livarot, Pierre Boisard pique la curiosité du lecteur. Les
versions du mythe sont multiples, proches d’une vingtaine. Un Américain, en 1928, Joseph Knirim, persuadé d’avoir guéri ses maux d’estomac grâce au camembert, voyage en Europe pour vouer un culte
à Marie Harel, et propose, moyennant sa contribution initiale de 10 dollars d’élever un monument à sa mémoire. L’histoire de Marie Harel sert les intérêts normands. Pourquoi l’évènement a-t-il
une portée nationale ? Pourquoi la reconnaissance du rôle de Marie Harel s’étend-il au-delà de la Normandie ? Une guerre de clocher s’engage entre les deux villages de Vimoutiers et Camembert
pour le partage des dividendes de la gloire du camembert. L’enquête de Pierre Boisard nous fait (re)découvrir le récit mythique des origines du camembert. Mais il va au-delà, il resitue les
origines réelles du camembert, à savoir les conditions sociales de démarrage de sa fabrication. Comment le camembert a-t-il confisqué la renommée de la Normandie, aux dépends du livarot, du
pont-l’évêque, du neufchâtel ? C’est pourtant par eux que la Normandie a acquis sa réputation. De la légende, Pierre Boisard passe à l’histoire du véritable camembert de Normandie. Pierre Boisard
remonte la filière normande pour expliquer comment le mythe du camembert est né. Le dernier chapitre renoue plus avec l’observation de terrain, puisqu’il s’agit de façon ludique pour l’auteur
d’observer des acheteurs de camemberts. 60% des personnes (observations de terrains de l’auteur) qui achètent un camembert en grande surface ne le tâtent pas, pour savoir s’il est à point.
L’esprit central de l’ouvrage étant la découverte ludique d’un patrimoine national, l’esprit sociologique manque un peu à l’appel, mais là n’est pas non plus l’objectif de l’ouvrage. On passe
donc avec ce livre un bon moment de détente.
par Frédérique