Baisse des subventions, désaffection des salles... les petits théâtre bordelais tirent la sonnette d'alarme à l'image de la Lucarne
Seul l'Onyx peut se targuer d'une telle longévité. "Nous voulons fêter notre 40ème anniversaire le plus tôt possible mais ce qui nous a été promis en terme de surface doit être respecté. C'est la première fois que notre déficit avoisine les 5000 euros à cause du loyer et des charges. Nous n'avons pas les moyens de faire vivre nos comédiens. Si nous devons restés dans ces conditions, nous allons droit vers la fermeture". Voilà en substance l'ultimatum lancé par Jean-Pierre Terracol, directeur du théâtre l'Oeil-la Lucarne. L'immeuble privé, constitué de trois étages abrite depuis 20 ans le théâtre de poche de Saint-Michel. Or, la façade de la rue Carpenteyre étant classée en secteur sauvegardé, il a été racheté en mai dernier par la société d'économie mixte Incité. "A l'époque, la ville s'engageait à le transformer en pôle d'échange multiculturel dans le quartier. Je demande des garanties" Les travaux pourraient permettre au théâtre de passer d'une capacité de 80 à 120 places assises. Du côté de l'opérateur, le projet n'est pas encore bouclé. "Nous effectuons des études de faisabilité pour regrouper tous les locaux au rez-de-chaussée et envisage entre 9 et 11 logements à l'étage", précise Marianne Bacqué, directrice de l'aménagement chez Incité. Autre problème majeur pour la structure, la fréquentation qui enregistre une baisse de 5%. "Notre créneau étant les auteurs vivants et régionaux, nous n'avons pas renouvelé notre public comme on aurait pu l'imaginer. Du coup, nous allons faire une saison "Damoclès" avec une quinzaine de spectacles dont 6 créations", lâche Jean-Pierre Terracol. Petit pied de nez, certains d'entre eux seront programmés en Off Novart.
Carine Caussieu
Toute la saison sur www.theatre-la-lucarne.com
Un avenir plus ou moins rose
S'il est un point ou toutes les petites structures théâtrales s'accordent c'est bien celui des aides. Chacune clame qu'elle s'avère être la moins subventionnée. Mais les analyses sur la conjoncture actuelle, elles, diffèrent. Jean-Claude Meymerit, directeur du Poquelin, le théâtre de la Bastide, se veut optimiste. "J'ai l'impression que la déception de Bordeaux2013 va permettre aux petits théâtres de bénéficier d'un coup de pouce voire de se réveiller". Celui qui est aussi metteur en scène note toutefois pour la première fois une désaffection des inscriptions aux ateliers de la rue de Nuits. Après un an et demi d'audit, la situation se révèle bien plus chaotique pour le théâtre du Pont Tournant. Malgré 10 000 spectateurs la saison passée, la salle de Bacalan affiche un déficit de près de 70 000 €. "Après dix ans de bénévolat, nous espérons une augmentation des subventions de la DRAC qui nous propose seulement 16 000 €", regrette Stéphane Alvarez. En attendant, les portes sont closes au moins jusqu'à la mi-décembre. Le directeur attend beaucoup de sa rencontre avec la ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel lundi à Paris. Affaire à suivre...