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US 2008 : vous avez dit Sarah Palin Bécassine ?

Publié le 03 octobre 2008 par Sylvainrakotoarison

Palin a passé correctement son seul grand oral de la campagne. Biden n’a pas fait de bourde. Match nul, ou bien, léger avantage à l’équipée de MacCain car Palin n’a pas perdu ?

Le débat télévisé d’hier soir (2 octobre 2008) entre les deux colistiers, Sarah Palin et Joe Biden, n’a tourné en défaveur de personne alors que les deux camps, républicain et démocrate, craignaient le pire.
Une Sarah Palin pas très au courant des enjeux politiques et un Joe Biden certes très expérimenté (élu dès 1972 sénateur du Delaware) mais très gaffeur.
Je me bornerai à évoquer surtout la forme de ce débat.
Sarah Palin pas si sotte que cela
Sarah Palin, comme beaucoup de personnalités politiques américaines mais très peu de personnalités politiques françaises, s’est montrée simple et spontanée. Elle a clairement dit qu’elle ne pourrait peut-être pas répondre à toutes les questions mais qu’elle parlerait franchement aux citoyens américains et leur dirait ce qu’elle pense important pour elle.
Son présidentiable, John MacCain, a toujours montré de l’arrogance vis-à-vis de Barack Obama. Pendant son débat le 26 septembre 2008, il a toujours refusé de s’adresser directement à son adversaire démocrate. Encore au vote du plan Paulson au Sénat le soir du 1er octobre 2008, Obama s’était déplacé de l’autre bout de la salle pour le saluer et MacCain lui a à peine répondu.
Contrastant avec ce mépris à la limite de la politesse du candidat républicain, Sarah Palin a joué direct, saluant "Joe" et se montrant comme une citoyenne ordinaire des États-Unis.
La perception de Sarah Palin aux États-Unis n’est pas du tout ce qu’on pourrait imaginer depuis notre France élitiste et diplômante.
Sarah Palin dit parfois (ou même souvent) des bêtises, ce n’est pas nouveau et c’était déjà écrit, mais ce que je m’efforce à écrire, c’est qu’elle est une très bonne communicante, et les Américains préfèrent quelqu’un de simple et de bonne volonté à quelqu’un de très doué mais leur cachant tout.
Palin n’est pas une sotte. Elle est même diplômée universitaire et a beaucoup de tempérament et de volonté pour progresser et combler ses manques. Devenir colistière dans un ticket présidentiel, elle ne s’y attendait certainement pas, mais elle apporte nettement plus de positif que de négatif à la candidature de MacCain (dont le but, je le rappelle, est de gagner électoralement).
Je répète qu’elle est une candidate redoutable et électoralement efficace. Elle l’avait déjà illustré dès sa première interview. D’autres interviews l’ont discréditée sur le plan des connaissances mais elle n’a jamais caché ses lacunes. Comme MacCain ne cache pas plus son grand âge et il en avait même joué durant son premier débat en évoquant son vieux stylo.
Palin est la seule chance de MacCain qui a bien du mal à rester la tête haute depuis le début de la crise financière.
Un candidat doit-il être un prix Nobel ?
Les Américains savent que leurs candidats n’ont pas la science infuse et focalisent leur attention sur leur personnalité et leur capacité à les écouter, à manager et à réagir correctement en cas de coup dur.
Rappelez-vous qu’en 2000, le candidat George Bush Fils ne savait même pas où se situait le Pakistan. Il a pourtant été élu (bien que minoritaire en voix) face à un Al Gore dont l’intelligence n’était pas à prouver.
Et avant, rappelez-vous le Vice-Président de George Bush Père, Dan Quayle. Pendant la campagne de 1988, on lui reprochait son inexpérience (il avait 39 ans) et il s’était montré incapable d’orthographier correctement le mot "pomme de terre" dans sa langue maternelle. Son ticket a quand même été élu en 1988 (mais battu en 1992 par Bill Clinton, mais pour une autre raison que les carences intellectuelles de Quayle devenu rapidement la risée des médias).
Sarah Palin a visiblement le virus de la politique dans le sang. Enceinte avec quelques complications, elle s’est quand même déplacée pour prononcer un discours lors d’une réunion politique et elle a été ensuite évacuée d’urgence, son cinquième enfant naissait prématurément quelques minutes après.
Joe Biden pas si gaffeur que cela
Quant à Joe Biden, il n’a pas gaffé et a rempli son contrat, sortir l’artillerie lourde contre le camp républicain. Les Démocrates reprochent beaucoup à Obama de ne pas être assez offensif contre les Républicaines, d’être trop consensuel. Biden, lui, n’a pas hésité à attaquer.
Sarah Palin veut écouter l’homme de la rue ? Eh bien Joe Biden lui répond que l’homme de la rue, il dit que les mandats de George W. Bush ont été un désastre pour l’Amérique. Et que John MacCain, ce serait le troisième mandat de Bush Jr. La campagne d’Obama veut marteler cette identification : MacCain égale Bush Jr.
Biden a aussi su plaisanter tout en montrant du doigt quelques déclarations intempestives de son interlocutrice sans pour autant insister sur les carences de celle-ci (méconnaissance de ce qu'est un talon d'Achille etc.).
On peut ainsi plaisanter sur le fait qu’il n’a pas toute l’expérience internationale de sa rivale car l’État dont il est sénateur n’a pas de mer en commun avec la Russie. Sarah Palin avait déclaré en effet qu’elle connaissait la politique étrangère car la Russie était proche de l’Alaska (d’ailleurs, l’Alaska appartenait à la Russie qui l’a vendue aux États-Unis, de quoi se mordre les doigts bien après !).
Joe Biden, qui avait tenté sa chances aux primaires démocrates en 1988 et en 2008 (il a abandonné dès janvier 2008), avait refusé d’être candidat aux primaires démocrates en 2004 et avait même suggéré que ce fût John MacCain (pourtant sénateur républicain, mais franc-tireur) le colistier du candidat démocrate John Kerry, les deux hommes étant de très bons amis.
Amusant de savoir cette anecdote quatre ans plus tard, Biden se retrouvant maintenant face à MacCain par ticket interposé.
L’effet Palin continuera-t-il ?
À la suite de cet unique débat Palin versus Biden, il ne serait donc pas étonnant que MacCain remonterait un peu dans les sondages qui lui sont pour l’instant tous défavorables, mais de quelques pourcents seulement (entre 5 et 9% d’écart).
La candidature de MacCain ne peut se baser que sur la popularité et l’art de la communication de Sarah Palin pour se redynamiser.
Celle de Barack Obama, pour se maintenir en favori, doit surtout rester en statu quo, ne rien faire qui puisse le nuire, donc, être le moins audacieux possible. Et attaquer le plus possible l’adversaire.
Il reste encore deux débats entre MacCain et Obama les 8 et 16 octobre 2008.
Et l’élection a lieu dans un mois, le 4 novembre 2008.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (3 octobre 2008)
Pour aller plus loin :
Vidéo du débat Sarah Palin – Joe Biden (2 octobre 2008).
Deux visions de l’Amérique (29 septembre 2008).
Palin fait feu de tout bois (12 septembre 2008).
Sarah Palin, polémiques et piège à Démocrates (11 septembre 2008).


http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45226
http://www.agoravox.fr/edition_du_jour.php3?date_du_jour=2008-10-03
http://fr.news.yahoo.com/agoravox/20081003/tot-etats-unis-2008-vous-avez-dit-sarah-89f340e.html
http://www.centpapiers.com/Sarah-Palin-vous-avez-dit,4353
http://www.lepost.fr/article/2008/10/03/1279526_us-2008-vous-avez-dit-sarah-palin-becassine.html
http://www.kydiz.com/article/1753-US-2008-vous-avez-dit-Sarah-Palin-Becassine.htm


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