Livret…-nous les fonds !
Mon camarade Malakine (ex-kiwi) avait déjà pointé que 5 milliards d’euros allaient être employés à l’aveugle. pour racheter des immeubles en construction. Ce matin, une nouvelle étape est franchie avec la décision de rebasculer 17 milliards d’euros depuis la Caisse des dépôts et consignations vers les banques, en allégeant les règles de centralisation des dépôts des ex-CODEVI et des livrets populaires (soit 8% des fonds des livrets centralisés). Fièrement, les journaux titrent qu’il s’agit de sécuriser ou de garantir les PME contre la récession en permettant aux banques de maintenir leurs prêts.
Excellent communication – mais c’est normal puisque l’on couvre des vases communicants…
Question : pourquoi les banques n’auraient elles pas les moyens d’aider les PME ? agit-on toujours ainsi en cas de récession, comme en 1993 ?
Réponse : Evidemment non. En réalité, ce sont les pertes liées aux subprimes, déjà chiffrées à 13 milliards d’euros en février, qui sont en train de pourrir leurs bilans, d’entamer la confiance des épargnants, avec un risque de retrait massif de liquidités.
D’où une interrogation : ne s’agirait-il pas plutôt de nettoyer les actifs de nos chers banquiers en renflouant sans discernement ? Car avec l’aggravation de la crise, le chiffre de 17 milliards me semble étonnamment proche de celui du montant théorique des pertes. D’autant que – ô surprise -, cette décision suit la rencontre de Sarkozy avec les responsables (mais le mot est-il bien employé ?) des différentes banques.
Maquillons le bilan avec l’argent de la vieille
On pourrait pointer à l’envi tout un nombre de contradictions : par exemple, celui de déshabiller la Caisse, cette vieille dame bicentenaire, de ses moyens d’investissement structurels pour boucher un trou conjoncturel; celui de passer allègrement au dessus de la tête du Parlement, alors que la Caisse relève de sa sphère; celui pour une fois de ne pas suivre à ce sujet l’exemple de son mentor américain, qui a négocié son plan avec le Congrès; celui de faire un discours tonitruant sur la pénalisation des affaires, puis de couvrir d’un grand drap pudique tout le secteur ; celui de prétendre garantir l’investissement en temps de récession alors qu’en réalité il s’agit de maquiller des pertes – ça fait cher le rimmel; celui d’utiliser l’argent du contribuable qu’il est censé protéger pour combler les trous des goldens boys qui ont joué à la roulette russe en aveugle…
Mais dépassons ces stériles points qui ne sont finalement que de graves irrégularités juridiques, politiques, économiques. Errare Sarkozum Est, n’est-ce pas ?
On nous avait expliqué que la zone euro nous protègerait des secousses de l’économie mondiale. D’une part, je note que l’euro n’a pas le moins du monde protégé la zone de la hausse des prix du pétrole, et maintenant des subprimes. D’autre part, le fait que Sarkozy soit obligé de passer par la Caisse des dépôts pour renflouer la liquidité du marché interbancaire me pousse à m’interroger sur le rôle exact de la BCE.
Un doute m’étreint, une question me taraude, une angoisse me saisit - Mais que fait la BCE et le réseau des banques centrales ? Ne seraient-elles pas en train de mener une politique attentiste, comme la Federal Reserve en son temps, en 1929, avec les conséquences que l’on sait ?
Je crains que le plus beau virus que l’Amérique a filé à l’Europe, ce ne soit pas la crise des subprimes, mais bien l’ultra-orthodoxie monétariste…
BCECaisse des dépôts et consignationscrise financièrelivrets CODEVILivrets populairesNicolas-SarkozyparlementsubprimesSujets: Banderille, Toréador critique la Droite | 13 Comments »