Quand l'argent est le nœud de la guerre
On ne peux plus continuer ainsi. Il est illusoire que de croire une société fondée sur la seule capacité de ses membres à consommer et sur ce qu'ils valent « monétairement » peut amener le bien être pour tous. C'est aussi illusoire de penser que seule une société fondée sur l'entre soi serait libératrice. Le point d'équilibre est à trouver. Sortir de l'utilitarisme est urgent. Remettre au cœur de tout l'humain est un prérequis à cette transformation en profondeur.
L'urgence est donc bien de combiner social, écologie et démocratie.
Je ne reviendrais pas ici sur la définition de ces trois mots. Mais pour faire court : social au sens de Illich, Mauss et Marx, écologie au sens de Gorz, Ellul, Moscovici (Serge) et démocratie au sens des Lumières, Ariès et Morin. Je fais court, vous m'en excuserez, mais je ne peux faire un texte de mille pages.
Profondément, et indépendamment de l'aspect électoraliste que l'on peut imaginer, un projet d'écologie politique moderne doit porter donc sur ces trois aspects. Détaillons cela point par point.
Le social comme socle
Aujourd'hui, c'est la concurrence et l'argent que l'on met en avant. Proposant de fait une vision assez simple : vivre et laisser mourir. C'est impressionnant de voir qu'un « animal social » comme l'homme peut donc mettre comme ligne de mire de sa vie une désociabilisation par la compétition.
Il est temps au contraire de sortir de ce schéma pour embrasser d'autres voies. Je n'ai pas ici la prétention de dire le bien du mal, mais simplement d'essayer d'ouvrir le champs des possible.
En premier lieu, il faut découpler le travail de l'individu. C'est bien ce qu'André Gorz met en avant, ou Jean Zin. Cela peut passer, il me semble, par l'avènement enfin clair d'un revenu garanti pour tous, découplé du travail. Seul moyen de donner à tous un moyen de vivre décemment, et d'offrir enfin une solution non pas charitable, mais sociale.
Cela ne peut aller que lié à un revenu maximum acceptable. Il reste à fixer et à déterminer, mais il est urgent de freiner les velléités de certains à s'approprier tout, au détriment des autres, des millions de fois plus nombreux.
Ces deux idées permettent de sortir l'économie de la centralité dans laquelle elle se trouve aujourd'hui, et de remettre l'homme au centre.
De ce fait, l'homme « recentré » devra être au cœur de toute politique. Cela entraîne donc une politique environnementale responsable (sans impact sur l'homme, donc sur son environnement), socialement égalitaire et démocratiquement renforcée. Car il ne peut y avoir de social sans démocratie renforcée et affirmée comme prérequis à tout. Donc plus de droit pour les salariés, pour les usagers, des contrôle accrus sur la finance, un droit de regard sur tout. Mais aussi une représentativité exemplaire.
L'écologie comme logique de vie
Souvent l'écologie est vu comme la « gestion comptable et technique de la nature ». Il nous faut sortir de cette vision (trop portée y compris par les Verts parfois) pour se rapprocher de la vision de Moscovici, Gorz et Ellul. C'est à dire d'une écologie de l'homme dans son environnement, de l'impactant et de l'impacté. Une écologie simple et non illusoire, bien que complexe par son implication dans chaque strate de la vie.
Cela implique non pas un développement durable ou soutenable. Mais un développement humain, c'est à dire qui respect son environnement, ne le dilapide pas et cherche toujours le mieux disant écologique avant tout. Dans le cadre de droits sociaux renforcés, cela signifie une prise de conscience collective de l'intérêt général.
Je pourrais continuer à détailler ici, mais je préfère vous laisser lire ces trois auteurs.
La démocratie comme moteur
Comme on l'a vu au dessus, il ne peut y avoir d'avancées sans démocratie renforcée. Il faut, comme le soulignent nombre d'auteurs, revenir à plus de démocratie locale. L'implication de chaque citoyen sera facilité par le temps dégagé via le revenu universel. Cela implique donc que le statut de respectabilité glisse d'un point de vue utilitariste à un point de vue collectif.
Il serait illusoire de continuer à déléguer uniquement à des professionnels de la politique et aux oligarques les choses, et d'espérer un changement en profondeur et viable pour tous. Le « terrassement » des revenus doit permettre la mise à plat des privilèges au profit de l'égalité.
L'entité de la ville doit être renforcée, celle des régions aussi. Cela ne signifie pas que l'Etat n'a plus sa place, mais il doit être dépassé au profit d'un espace plus large, comme l'Europe par exemple.
Oui ok, mais aujourd'hui ?
Aujourd'hui cela nécessite des choix pour chacun. Il ne faut ni baisser les bras, ni même se dire que tout est perdu d'avance. Au contraire, retroussons les manches pour aller vers ce mieux.
Prenons l'exemple de l'agriculture biologique. Globalement réservée aux plus riches aujourd'hui, il nous faut la faire tendre vers le plus grand nombre, puis vers le pour tous. Déjà en consommant bio dès que l'on en a les moyens (et pour en faire un acte militant, en diminuant parfois le superflu) mais aussi en se battant pour que tout le monde ait un revenu décent pour avoir accès au bio. Mais, on le voit tout de suite, cela ne suffira pas si on ne fait pas en plus jouer le politique (interdiction des pesticides, etc..) et les choix. C'est donc bien un combat global et transversale devant lequel nous sommes. Citoyenneté, syndicalisme, politique,philosophie.
Cet exemple nous mène donc à la question suivante : a t on le droit d'avoir envie de changer les choses ? La réponse est évidente : nous en avons non seulement le droit mais surtout le devoir !
En portant nos idées sur tous les fronts, sans segmenter les combats mais au contraire en les unissant au sein d'un cercle vertueux, nous pouvons faire levier de façon efficace et faire naitre l'espoir d'un nouveau paradigme. Dépasser la résignation au profit de l'intelligence collective.
2008-06