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74ème semaine de Sarkofrance: Sarkozy n'est pas Roosevelt

Publié le 05 octobre 2008 par Juan
74ème semaine de Sarkofrance: Sarkozy n'est pas Roosevelt
74ème semaine de Sarkofrance: Sarkozy n'est pas Roosevelt
Rude semaine que cette 74ème depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence. Notre Chef d'Etat a voulu réagir à la crise financière et la récession qui frappent l'économie mondiale. Mais il a été bousculé, débordé, humilié.
Sarkozy s'est rattrapé
Le président français a mis 10 jours à réagir. Il s'est d'abord contenté d'appels à la concertation internationale, lors de son voyage "bling bling" à New York. Dans ces premiers jours, on aurait dit Herbert Hoover, le président américain de 1929, face à un séisme qui le dépassait. Puis il choisit des accents gauchistes ("les spéculateurs sont méchants."). Ses premières décisions concrètes sont intervenues ensuite cette semaine: le gouvernement français a sauvé Dexia, en injectant 3 milliards d'euros dans la banque aux côtés des Belges. Puis, sans prévenir personne au sein du gouvernement, il a autoritairement décidé de "nationaliser" la construction de 30 000 logements qui peine à démarrer faute d'acquéreurs. Et jeudi, il a fait savoir que 22 milliards d'euros collectés par les livrets A seraient dédiés au soutien des PME.
La France a ainsi choisi une voie différente de ces voisins occidentaux. Plutôt que de sauver son secteur bancaire, le gouvernement a préféré soutenir les industries et les services. Cet interventionnisme étatique fait sourire : les libéraux se cachent, ou découvrent les vertus de la régulation autoritaire. Lionel Jospin a raison d'ironiser: "pourquoi, face à une telle crise, le président Sarkozy n’essaie-t-il pas de convaincre avec un discours « de droite » ? C’est peut-être que les idées « de gauche » ne sont pas si anachroniques !".
Ce brusque revirement de la politique sarkozyste n'est qu'un trompe-l'œil. Sarkozy n'est pas Roosevelt.
74ème semaine de Sarkofrance: Sarkozy n'est pas Roosevelt

Sarkozy n'est pas Roosevelt.
Herbert Hoover était président des États-Unis quand la crise de 1929 se déclencha. Républicain et humaniste, il est associé, dans les livres d’histoire, à cette phrase malheureuse : « la prospérité est au bout de chemin », prononcée alors que la Bourse puis l’économie de son pays s’effondraient. Il tenta de réagir, en augmentant l’intervention de l’État, comme par exemple avec la loi de secours d'urgence et de reconstruction, l’accroissement des subventions aux fermiers ou une loi d'aide aux prêts d'acquisition immobilière permettant à tous les citoyens de financer l'achat d'une maison. Aux élections suivantes, Hoover se représenta, mais fut balayé par son adversaire démocrate, Franklin Delanoe Roosevelt, largement élu.
Comme Hoover en son temps, Sarkozy s’est empressé, après une hésitation malheureuse, d’annoncer un plan de soutien à la construction de logements. Comme Hoover en son temps, Sarkozy a aussi ajouté un plan d’urgence en faveur des entreprises, avec ses 22 milliards d’euros pour les PME. Comme Hoover en son temps, Sarkozy a laissé de côté, pour le moment, toute mesure sociale d’envergure, à deux exceptions près : Fillon a promis une revalorisation de la prime de Noël. Et, avant la crise boursière, le gouvernement a lancé la généralisation du Revenu de Solidarité Active. Mais la polémique sur le financement du RSA illustre une tendance de fonds de la politique sarkozyste : les classes moyennes sont délaissées. Et la crise actuelle ne semble rien changer à la politique gouvernementale.Le pouvoir d'achat a bel et bien disparu du vocable sarkozyste. Le projet de budget 2009 adopté par le Conseil des Ministres il y a 8 jours prouve qu'aucun "New Deal à la Française" n'est en préparation: aucune mesure sociale, des déficits qui se creusent sans que les cadeaux aux plus riches ne soient remis en cause. Lundi, la sanction est tombée : + 41 300 chômeurs en août. Merci qui ? Les porte-flingues du Président ont tenté de faire croire que c'était à cause de la crise boursière de septembre.
Bien tenté.
Les Français entrent donc en récession sans filet : les chômeurs verront leurs indemnités réduites voire supprimées passées deux offres « raisonnables » d’emploi refusées ; l’assurance maladie rembourse moins bien.
Sarkozy a été débordé
Pire, on pourrait juger que Nicolas Sarkozy est partiellement responsable de la débandade européenne: Jeudi 2 octobre, le premier ministre irlandais Brian Cowen a fait adopter un plan de sauvetage bancaire totalement grotesque : l'État irlandais va désormais garantir les dépôts dans ses 6 banques nationales à hauteur de 400 milliards d'euros, soit deux fois le PIB du pays.
Depuis des décennies, un "machin", comme dirait le Général de Gaulle, nous gouverne. Mais ce "machin" n'existe pas encore suffisamment politiquement pour nous sauver. Ce "machin" s'appelle l'Europe. Il peut se montrer en Géorgie ou au Liban. Mais il est incapable de faire face à un séisme mondial. Ce sont encore et toujours les Etats qui sauvent leurs banques (FORTIS, DEXIA, les banques irlandaises). Ils sont même capables de se concerter rapidement pour cela (pour preuve, le sauvetage de FORTIS en un week-end, puis de DEXIA en 48 heures). Mais l'Europe politique a implosé... sous la présidence française de Nicolas Sarkozy. Cette semaine, le monarche français a été débordé, et il en est partiellement responsable: il a en effet tiré le premier.

A Toulon, Sarkozy a commis la première gaffe européenne

Tous les experts vous le diront. En France, comme chez nos voisins italiens ou allemands, nos banques de dépôts sont encadrées. Leurs difficultés commencent si les petits épargnants que nous sommes cèdent à la panique et se précipitent pour retirer leurs économies. Les faillites américaines ou les inquiétudes irlandaises proviennent d'un manque de régulation: investissements hasardeux en Bourse, fonds propres insuffisants, transparence inexistante. Il y a 10 jours à Toulon, Nicolas Sarkozy a été le premier chef d'État européen à déclarer qu'il garantirait tous les dépôts des particuliers. En Italie, Silvio Berlusconi a suivi : " je n'accepterai pas que les Italiens perdent ne serait-ce qu'un euro sur leur compte." Comment reprocher à l'Irlande de suivre la même voie ? Henri Guaino a achevé la crédibilité française: il a déclaré jeudi que les critères de Maastricht ne sont plus valables dans une telle période de crise. Sarkozy peut jouer au Monopoly avec notre argent, ... sans plafond. La banque a sauté !
Sarkozy a été humilié
Le président français avait pourtant reçu mercredi le premier ministre irlandais Brian Cowen. Le lendemain, ce dernier provoquait donc la stupéfaction générale des marchés et des gouvernements voisins avec son plan de sauvetage bancaire. Sarkozy et Cowen s'en sont-ils parlés la veille ? Au mieux, Sarkozy s'est tu, et passe pour un trouillard. Au pire, Cowen ne lui a rien dit, et Sarkozy passe pour un Guignol. A vous de choisir. Le même mercredi fatidique, la chancellière allemande a mouché son homologue français en lui refusant son plan de sauvetage bancaire européen de 300 milliards d'euros.
Vendredi, à Bercy, le nom du Président a été copieusement hué par l'assistance. 12 000 apprentis européens étaient présents. On ne sait pas si les cris et sifflements venaient des apprentis français ou de leurs camarades italiens, allemands ou anglais.
Quoiqu'il en soit, apprenant la nouvelle, le président ne s'est pas montré.
Une preuve de courage.
Ami Sarkosyte, où es-tu ?&alt;=rss

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