Avant (c'était encore l'année dernière, souvenez-vous), il y avait une manière très simple de poser des questions à des invités dans les journaux télévisés ou à la radio : les journalistes
posaient des questions, tandis que les invités répondaient. Cette façon de faire est encore, bien entendu, majoritaire dans les médias. Mais désormais, tant sur Europe 1 que sur France 2, on
propose de nouvelles façons d'interroger les invités en mettant en scène la parole du public. Plutôt que de poser une question à l'invité, Marc-Olivier Fogiel à la radio ou Laurent Delahousse ce
soir au 20 h, passent la parole à des personnes lambda, qui posent les questions à leur place. Ensuite, l'invité en plateau va répondre à la question. Oh ! Il y a comme une interaction
!
Pourquoi la mise en scène de ces personnes anonymes ? Parcequ'elles portent en elles comme un "surplus" d'authenticité, permettant de battre en brèche les accusations qui diraient que les médias
connaissent mal la "vraie vie des vrais gens". Par ailleurs, cette mise en scène de la parole veut faire croire aux téléspectateurs que l'on tient compte de ses préoccupation et qu'on le fait
parler de ses problèmes. Nous savons pourtant que cette parole est mise en scène et que les personnes anonymes posent les questions qu'on leur demande de poser. Rien d'autre qu'une mise en scène
de l'information qui, une fois encore, invite le téléspectateur ou l'auditeur à imaginer qu'il y a un dialogue entre lui et le média. La parole anonyme, celle qui représente le public, est mise
en avant pour représenter un questionnement global qui, pourtant, a été pensé au préalable par une rédaction qui tend à s'effacer devant une parole téléspectatorielle qui aurait toujours raison.