Magazine Politique
Le pape Benoît XVI a
inauguré ce dimanche le synode des évêques sur la Parole de Dieu, formant le vœu que celui-ci entraîne un nouveau dynamisme missionnaire dans les régions du monde où l'on dirait que « Dieu
est mort ».
Pour la première fois, le synode a été inauguré dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, pour rappeler que
cette année, l'Eglise célèbre l'année Saint-Paul, à l'occasion des deux mille ans de la naissance de l'apôtre Paul. Les pères synodaux et les collaborateurs (52 cardinaux, 14 membres des Eglises
orientales, 45 archevêques, 130 évêques et 85 prêtres (dont 12 pères synodaux, 5 officiels de la secrétairerie générale du synode, 30 auditeurs, 5 experts, 4 attachés de presse, 24 assistants et
5 traducteurs) ont concélébré l'eucharistie avec le pape.Le synode a pour thème « La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Eglise » et se terminera le 26
octobre.
« Des Nations qui furent à une époque riches de foi et de vocations sont maintenant en train de perdre
leur identité, sous l'influence nuisible et destructrice d'une certaine culture moderne », a constaté le pape, avant d'affirmer : « Il y a celui qui, ayant décidé que ‘Dieu est
mort', se déclare lui-même ‘dieu', se considérant comme l'unique artisan de son destin, le propriétaire absolu du monde. En se débarrassant de Dieu et en n'attendant pas le salut de Lui, l'homme
croit pouvoir faire tout ce qui lui plaît et se placer comme la seule mesure de lui-même et de son action ».
Mais lorsque l'homme supprime Dieu de son horizon, lorsqu'il déclare Dieu « mort »,
« est-il vraiment plus heureux ? Devient-il vraiment plus libre ? » s'est interrogé le pape. « Quand les hommes se proclament propriétaires absolus
d'eux-mêmes et uniques maîtres de la création, peuvent-ils vraiment construire une société où règnent la liberté, la justice et la paix ? », a-t-il poursuivi.
Le pape a encore affirmé que, « comme le montre amplement l'actualité quotidienne », cette
vision ne fait qu'encourager « les abus de pouvoir, les intérêts égoïstes, l'injustice et l'exploitation, la violence sous toutes ses formes », de sorte que l'homme se retrouve
en définitive « plus seul, et la société plus divisée et confuse ». Face
aux « chrétiens incohérents » tentés par la «
rébellion », Dieu « a souvent dû recourir au
châtiment », a-t-il averti.
Le pape a souligné qu'avec ce synode l'Eglise veut montrer au monde « que le mal et la mort n'ont pas le
dernier mot, mais que celui qui vainc à la fin, c'est le Christ. Toujours ! » : « si dans certaines régions la foi s'affaiblit jusqu'à
s'éteindre, il y aura toujours d'autres peuples prêts à l'accueillir »
; « L'Eglise ne se lasse pas de proclamer cette Bonne Nouvelle, comme elle le fait également aujourd'hui,
dans cette Basilique dédiée à l'Apôtre des Nations qui, le premier, diffusa l'Evangile dans de vastes régions de l'Asie mineure et de l'Europe ».
Pour accomplir cette mission, a ajouté Benoît XVI, se nourrir de la Parole de Dieu est pour l'Eglise « la
tâche première et fondamentale » : « En effet, a-t-il expliqué, si l'annonce de l'Evangile constitue sa raison d'être et sa mission, il est indispensable que l'Eglise
connaisse et vive ce qu'elle annonce, pour que sa prédication soit crédible, malgré les faiblesses et les pauvretés des hommes qui la composent ». Puis, citant saint Jérôme, il a
ajouté : « Qui ne connaît pas les Ecritures ne connaît ni la puissance de Dieu ni sa sagesse. Ignorer les Ecritures signifie ignorer le Christ ».
Trois évènements
marqueront particulièrement ce synode.
1°- Ce synode des évêques sur la Parole de Dieu a été préparé pendant plusieurs mois, grâce, notamment, à
un sondage réalisé dans le monde entier sur la Parole de Dieu, auquel ont répondu plus de 78 % des institutions ecclésiales.
Le secrétaire général du synode, Mgr Nikola Eterovic a expliqué aux pères synodaux comment s'est déroulé ce
sondage. L'étude a commencé par le choix du thème, le 22 septembre 2006, puis le pape Benoît XVI a choisi parmi trois thèmes possibles la proposition ayant reçu le plus d'avis favorables,
formulée ainsi : « La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Eglise ». Un
document, publié le 27 avril 2007 et traduit en dix langues, y compris en arabe et en chinois, a alors exposé les sujets possibles pour le synode et se terminait par 21 questions qui ont servi de
base pour l'étude.
Les conférences épiscopales du monde entier, les synodes des Eglises orientales, la curie romaine et l'Union des
supérieurs généraux des congrégations et ordres religieux ont reçu ce questionnaire auquel ils ont été invités à répondre avant novembre 2007. Mgr Eterovic a précisé ce matin que 78,3% de ces
institutions ont répondu.
Avec ces réponses, le XI Conseil ordinaire du synode a rédigé l' « Instrumentum laboris » (document de travail), publié en huit
langues le 12 juin 2008, sur lequel se baseront les interventions des pères synodaux.
2°- A l'occasion du synode des évêques, la télévision italienne a lancé une initiative sans
précédent : la lecture intégrale de la Bible, pendant sept jours et sept nuit, en direct. C'est le pape Benoît XVI qui a entamé la lecture du premier chapitre du livre de la Genèse. Environ
1200 lecteurs de 50 pays différents se relaieront pour lire la Bible : des cardinaux, des participants du synode (dont le secrétaire général, Mgr Nikola Eterovic), des représentants d'autres
communautés chrétiennes, du judaïsme, du monde de la culture et du spectacle.
Le pape a présenté lui-même cette initiative après la prière de l'Angélus, ce dimanche, à midi, en présence de
plusieurs milliers de pèlerins rassemblés place Saint-Pierre. « La Parole de Dieu pourra ainsi entrer dans les maisons pour accompagner la vie des familles et des personnes
individuelles : une semence qui, si elle est bien accueillie, ne manquera pas de porter des fruits abondants », a-t-il ajouté.
Environ 180.000 personnes avaient donné leur disponibilité, à travers Internet, pour participer à cette initiative
« La Bible jour et nuit ». Le site créé à cette occasion précise que l'idée est partie d'une initiative d'un groupe d'amis de Limoges passionnés par la Bible, reprise par d'autres villes françaises puis par la ville de Mantova, en
Italie.
3°- Enfin,
il est à noter que, pour la première fois, un représentant du judaïsme, le grand rabbin de Haïfa (Israël) Shear Yashyv Cohen, prendra la parole lundi soir devant le synode pour exposer la vision
juive des textes bibliques. Des religieux orthodoxes - dont le patriarche oecuménique Bartholomée Ier - des protestants et des anglicans ont également été invités.
A suivre !