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Stock-options : la grande débandade

Publié le 12 juillet 2006 par Pierre Gonzva
L'ancien Premier Ministre Edouard BALLADUR veut faire passer une loi interdisant aux mandataires sociaux d'exercer leurs stock-options tant qu'ils sont en fonction. Comme la plupart des plans prévoient que les stock-options ne peuvent plus être exercées quand les détenteurs quittent l'entreprise, on conçoit en effet que la fenêtre d'exercice risque d'être très étroite ...
Cette tentative parfaitement stupide, loi de circonstance proposée en réaction à l'exercice par Noël Forgeard de ses stock options EADS, montre encore une fois le manque de réflexion de nos dirigeants. Que 138 députés UMP s'associent à cette tentative est une preuve de démagogie, alors que des élections législatives difficiles se profilent dans 10 mois. Même le député de ma circonscription Gilles Carrez, pourtant diplômé HEC, a signé ! Précisons d'ailleurs que EADS étant une société de droit néerlandais, il n'est pas évident que ce type de disposition puisse s'y appliquer.
D'un point de vue financier, les représentants du peuple n'ont certainement pas imaginé combien il serait facile de détourner la loi, grâce à une gestion intelligente de son portefeuille de stock-options. Je n'ai pas le droit de les exercer ? Qu'à cela ne tienne, il me suffit d'aller voir une banque, qui se fera un plaisir de me vendre un package me garantissant dans un, deux ou trois ans le prix de vente des titres, et me le financera sur la période. C'est ce que l'on appelle un tunnel à prime zéro : vente d'un call et achat d'un put. Si l'action vaut 100, je peux ainsi me garantir un prix de vente dans un an entre 92 et 110 approximativement, sans rien à débourser. En plus, la banque me verse immédiatement le produit de la vente, actualisé à un faible taux d'intérêt. Riche idée donc, surtout pour les banques et les avocats spécialisés.
Décidément, la créativité financière est beaucoup plus performante que l'intelligence du législateur. Rappelons d'ailleurs que celui-ci, dans sa grande sagesse, a fait voter l'an dernier le dispositif de l'attribution d'actions gratuites, lequel, sous certaines conditions, peut être bien plus intéressant fiscalement que les stocks-options, fortement imposées.
Je devrais peut-être proposer aux députés de leur donner quelques cours de finance. En fait, j'avais déjà fait cette proposition à Gilles Carrez il y a plusieurs années, et il m'avait gentiment répondu que l'Assemblée Nationale n'avait pas le budget pour le faire. Pauvre Etat impécunieux ...

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