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Loi 12-345 (fiction) -1

Publié le 08 octobre 2008 par Dulconte

 Il y avait plusieurs semaines que nous étions dans ce brouillard étrange, la ville était devenue grise et translucide. Les autorités nous ressassaient sur toutes les ondes que les fileurs de rêves avaient décidé de prendre en otage la ville et sa population et qu’elles ne laisseraient pas faire. C’est le 26ème jour que la répression à vraiment commencer. L’arrestation de Luis Servino, principal responsable du syndicat des fileurs de la zone ouest, a été le signal de la grande lessive.

En moins de 6 heures 112 fileurs sont exécutés par la police ou lynchés par une foule fanatisée et plus d’une quarantaine fait prisonniers.  A ma connaissance seul notre petit groupe des barrios Agronomia, Parque Chass et Villa Pueyrredon a réussit à s’en sortir. Notre incompréhension est d’autant plus grande que notre objectif dans cette grève était de protéger les rêves des habitants face à la volonté du pouvoir d’y avoir accès sans aucun contrôle. Cette loi 12-345 est probablement la loi la plus liberticide de l’histoire de l’humanité, même les rêves seraient contrôlables !

Cette folie a commencé il y  a 18 mois quand Moro Schilaschi, un important fileur de la zone sud, a décidé de se présenter, malgrés l’interdition qui nous est faite de participer à la vie publique, aux élections municipal de la ville de Buenos Aires. L’exclusion de Moro du syndicat des fileurs s’est produite le lendemain d’une séance où il s’est juré de nous anéantir. Alors que le secret de notre existence est sagement gardé depuis plusieurs millénaires, au cours d’un de ces premiers meetings de campagne il a dévoilé notre existance nous présentant comme les pires dangers de l’humanité. La population a réagit extrèmement mal à la nouvelle que des hommes et des femmes pouvaient à tout moment lire leurs rêves. Sa campagne d’une violence incroyable contre notre métier et sa capacité de connaitre les rêves les plus intimes des gens lui ont permis de gagner sans problème cette élection.

Sa première décision en tant que maire a été de divulguer l’adresse de l’ensemble des fileurs de rêves de la capitale fédérale.  La situation est devenue extrêmement malsaine pour la majorité de mes collègues. Ma chance et celle de notre petit a été que je ne suis pas officiellement fileurde la ville, mais toujours attaché à saint Aubin sur Mer en France et donc absent des listes du fou furieux qui a pris les rênes de la ville.

Dés la diffusion de cette liste j’ai accueilli les fileurs de mon quartier chez moi et la folie à immédiatement commencée, d’abord les insultes, puis les agressions et même deux meurtres dans la villa 31 ainsi qu’à Liniers. Malgré cela nous avons tous continué le plus discrètement possible notre travail, jusqu’au moment où le maire a fait voter la loi 12-345. Qui devait faire de nous de simples fonctionnaires aux ordres de la municipalité il était aussi prévu par la loi que tous les rêves seraient mis hors d’accès des ignoble fileurs. Cette action étant à la charge exlusive de la police municipal. Bref les rêves de 3 millions de personnes se sont retrouvés du jour au lendemain entre les mains d’un homme près à tout pour le pouvoir.

La réaction du syndicat a été le déclenchement de la première grève depuis 4 siècles. Dés la première nuit la ville s’est couverte de brume, celle-ci ne disparaîtra que  26 jours plus tard quand le mouvement sera écrasé. Les fileurs massacrés ou prisonniers sont alors remplacés par un groupe de fileurs formés par le maire lui même, la plus terrifiantes des bases de données est en cours de construction, plus personne dans la ville n’est maître de ses propres rêves.

C’est le 13 mars que nous avons décidé de faire tout ce qui est en notre pouvoir de détruire Moro et sa terrifiante bibliothèque de rêves. Étant les seuls à être inconnu de la police et de la populace, c’est moi et ma femme qui avons été chargé de ravitailler le petit groupe. C’est en me rendant à la boulangerie que j’ai croisé notre odieux maire discutant et draguant une pauvre vendeuse en extase devant le grand homme, le sauveur… Mais en repartant il a lancé un mot à la femme qui l’accompagnait. Je ne sais s’il parlait de sang, de cent ou de sans, mais il est certain qu’il est parti dans un rire tonitruant alors que ses yeux lançaient des éclairs de haines et de mépris.

(à suivre)


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