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Hervé Mariton : ça décoiffe

Publié le 18 avril 2008 par Pguillery

Herv_mariton Entendu sur RMC, Hervé Mariton : il n'a pas sa langue dans sa poche. Il a publié une tribune, hum, irrespectueuse, dans Le Figaro, et il  s'exprime à propos de la politique du gouvernement : "Tout ça n'a de sens et tout ça ne peut marcher que si ça s'intègre dans une vision globale".

Il dit que des choses "bien" ont été engagées depuis un an, mais aussi quelques initiatives "plus énigmatiques". Entre autre : "L'ouverture casting, non!" Quand on lui demande  de choisir entre Sarkozy et Fillon, sans hésiter il répond "Fillon".

D'autres disent qu'ils abandonnent la langue de bois (sans le faire ; suivez mon regard), lui, hum, ben il dit les choses clairement. Intéressant... A visiter le blog de Mr Mariton, et le site de son club Réforme & Modernité.

La France a besoin d'une vision, de valeurs, de fraicheur

Nous, majorité, ne pouvons pas continuer sur le chemin chaotique qui est le nôtre. Nous avons proposé un projet ambitieux pour la France. Aujourd’hui, ça coince et nous voulons que ça marche. La méthode du gouvernement, la relation au Parlement, à la majorité sont incertaines. Mais l’essentiel n’est pas là.

Le problème, c’est le fond. La France a besoin d’une vision, de valeurs, de fraîcheur. Aujourd’hui, la vision est confuse. Où nous mène-t-on ? Quel est le sens de notre politique ? Quelle est la priorité ? Il y en a quinze à la fois. Les enjeux économiques, internationaux, sociétaux, institutionnels sont traités au même niveau. Il est temps de comprendre que si d’innombrables sujets tissent la vie de nos concitoyens, la France est plus que jamais et plus que d’autres confrontée à une exigence, créer de la richesse.

Notre pays, fasciné par la répartition, doit retrouver le chemin de la création. Je viens de conclure un rapport sur « la mesure des grandes données économiques et sociales ». En France, à la différence du reste du monde, on s’intéresse plus au nombre de chômeurs qu’au nombre d’emplois. Quand on parle pouvoir d’achat, en France on débat d’abord de l’augmentation des prix, ailleurs de l’augmentation des salaires. Bien sûr l’action publique est attendue sur des champs variés mais il y a une priorité unique, enrichir la France et les français. Ce doit être le paradigme de notre politique, l’objectif qu’on promeut, qu’on décline. Dans tous les domaines et pour tous les publics, on doit répéter la question « comment créer davantage de richesses ? ».

Le projet de loi de modernisation de l’économie illustre cette exigence. Ce n’est pas un texte révolutionnaire, mais il peigne de nombreux sujets et propose, au profit des entreprises, de desserrer les contraintes (les seuils sociaux, les charges fiscales…) pour créer davantage de richesse. L’ouvrage du MEDEF « Mettez un tigre dans l’offre France ! » est stimulant, où chaque page invite à des réformes qui toutes visent le même objectif. Telle est aussi la démarche du rapport Attali pour lever les obstacles à la croissance. Il faut espérer que les travaux du groupe UMP permettent d’en sauver les meilleures propositions.

Oui, le vrai sujet qui vaille aujourd’hui c’est d’enrichir la France et les français. Toutes les idées sont requises et surtout, c’est bien tous les français qu’il s’agit d’enrichir. Enrichir par le travail des jeunes, des seniors et des personnes handicapées. Enrichir par le déroulement de carrière des ouvriers et des employés. Par le développement de la recherche, par le développement durable et les opportunités nouvelles de l’éco-industrie. Guizot n’a pas rendu de si mauvais services à notre pays, mais aujourd’hui c’est évidemment d’une nouvelle richesse qu’il s’agit. Cette vision d’un objectif clair et partagé donnera son sens à la politique de réforme. Sinon pourquoi moderniser, pour l’esthétique ? Pour qui, pour les nantis ? Et pour tenir le cap, il faut des valeurs.

Pour réformer, il faut savoir où on va, mais d’abord d’où on vient et qui on est. Assumer l’héritage sans ingratitude . A quoi sert-il de décrier le « modèle social français » ? L’auto-flagellation sert-elle à la rédemption ? Le pacte social n’est pas une idée vaine comme l’a rappelé le débat sur la carte de famille nombreuse. Alors oui, l’exaltation heureuse de la valeur travail est une bonne illustration de ce à quoi on tient. L’élévation par l’intelligence, le mérite, illustrent une autre valeur. L’intégration qui enrichit notre pays est une valeur féconde à laquelle il ne faut pas préférer la coexistence communautaire qui le mine. La famille est une autre valeur forte, menacée par la privatisation du mariage sous-entendue dans la déjudiciarisation du divorce ou par les menaces répétées à la politique familiale. Le débat est à mener de ce à quoi nous tenons, de ce que nous voulons conserver. Pour mieux bouger, pour mieux réformer. Les valeurs nourrissent nos talents, nos atouts. La « politique d’enrichissement » doit reconnaître et développer les atouts compétitifs de la France, notre niveau de formation, nos infrastructures, notre création culturelle, notre attrait touristique. Beaucoup peut être puisé dans ce que nous sommes, tout doit se combiner pour l’objectif unique de l’enrichissement.

Et pour que ça marche, à la vision, aux valeurs, il faut ajouter la fraîcheur. Sortir les vielles fiches des placards de la réforme administrative ne fait pas une politique. La revue générale des politiques publiques est un exercice de qualité qui n’évite pas cet écueil. Il y a beaucoup de choses intéressantes dans le rapport Attali, mais rien de très original. Notre pays a besoin de plus de créativité. Le benchmarking est d’actualité mais on est aussi plus intelligents à plusieurs que seul. Puisse l’éxécutif écouter davantage les parlementaires… et les autres. Nous n’avons pas le pouvoir de faire, peut-être aurions nous celui d’imaginer. Donnons un peu de temps s’il faut trouver des idées neuves. Secouons les systèmes. La pertinence, la profondeur, l’efficacité des réformes sont de meilleurs objectifs que leur vitesse et leur nombre. Je suis un peu insolent, Monsieur le Président, mais je veux que ça marche.

(c) Hervé Mariton


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