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BRUIT, LE SILENCE et le LANGAGE....... (05/05)

Publié le 12 octobre 2008 par Osmose

Ce qui a été réprimé veut s’exprimer. Le mutisme appelle pour sa libération la nécessité de la communication dans le langage. La communication entre les hommes ne peut pas se contenter de sous-entendus. Elle nécessite la parole.

Il existe différentes valeurs du silence depuis le refus du dialogue, de l'engagement dans la parole, à la suspension qui ne dit rien mais suggère beaucoup. Si, en-deçà des mots, il existe bien une réalité indicible, alors nous pouvons reconnaître au silence un sens, et le pouvoir de manifester cette réalité qui n'entre pas dans le langage, mais que le langage vise. Mais de quel ordre est ce silence ?

1) Il peut manifester la réalité affective, et se rattacher au vécu le plus intime, aux sentiments. C'est vrai qu'il est des tremblements de mains qui sont plus éloquents que des discours pompeux de remerciements.

C'est aussi la difficulté que rencontre l'expression poétique quand elle veut mouler la délicatesse des sentiments dans des mots aux contours rugueux, usés par la banalité quotidienne.

2) Il peut manifester la réalité inconsciente. Les actes manqués, les lapsus ne sont pas des formulations intentionnelles, et pourtant ils signifient à leur manière le contenu de l'inconscient, des intentions cachées. Le non-dit a, d'un point de vue psychologique, beaucoup d'importance.
Ce que l'on n'ose pas dire, on le trahit aisément, car ce qui est refoulé cherche toujours à s'exprimer d'une manière ou d'une autre. Cela veut dire que le refoulé reviendra dans les moments d'inattention; au moment où l'on pensait ne rien dire, il viendra s'immiscer dans le discours pour dire, ou incliner une posture du corps, une attitude pour s'exprimer. Il y a ce que le sujet dit et ce qu'il ne dit pas, qu'il se cache à lui-même, mais qui pourtant affleure dans ses attitudes. 

3) il peut aussi faire signe vers la réalité spirituelle, l'Absolu en deçà de tous les mots. L'expérience mystique est un tel recueillement intérieur qu'elle rassemble dans une intériorité qui précède toute expression.
Toutes les traditions spirituelles insistent sur la valeur de purification du Silence. L'absence de bruit autour de soi, dans le spectacle et l'extériorité n'est pas le silence. C'est déjà un faux silence, car le silence vrai est d'abord se taire au fond de soi". I
l n'est en rien incompatible avec un bruit extérieur. Le véritable bruit commence dans la pensée et sa prolifération inutile, ce blabla continuel que l'on dénomme parfois "l'intimité", et qui n'est souvent que l'effet d'une pensée parasite.

Le premier pas vers le Silence, c'est d'arrêter les vagues du mental, et non de se boucher les oreilles. A partir du moment où le mental s'apaise, la pensée se fait plus intuitive et la présence à soi plus dense.

Non devons reconnaître plusieurs valeurs du silence, depuis l’incommunicabilité où se trouve celui qui n’a pas accès aux mots, jusque dans les blancs de silence de la parole. Les valeurs du silence sont les valeurs de notre rapport à l’être, ils sont autant de degrés d'intériorité, de densité ou de vacuité, de condensation ou de dispersion, de présence ou d'absence. Le silence de l'inquiétude traduit le manque d'être de l'attente, du moi saisi de sa pro-tension temporelle.


Le silence de l'ennui est ce vide d'existence du désir qui reste encore hanté par le désir et en manque d'occupation, l'ego qui tourne en rond, sans parvenir à accrocher une motivation à quoi que ce soit. Le silence du désespoir est ce naufrage intérieur où le sens d'exister du monde s'effondre, quand l'ego, identifié avec la projection de ses désirs, voit se défaire le sens même de ses attentes. De même, la paix a son propre silence, le silence de la paix intérieure qui s’oppose à la confusion et aux tourments.


Dire signifie exprimer, signifier, faire connaître, ce qui renvoie nécessairement à un contenu. Dire, c'est toujours dire quelque chose, émettre une intention de signification. La question posée est d'emblée un paradoxe : dire quelque chose suppose que l'on parle, et non pas que l'on se taise. Faire silence, c'est le contraire de dire.

C'est comme si on demandait "tu dors ?" c’est absurde, car pour répondre, il faut se réveiller. Pourtant, si la question a néanmoins un sens, et n'est pas une simple formule contradictoire, cela veut dire que :

1) d'un côté certes le silence ne dit rien, sinon il ne serait pas le silence, mais,

2) d'un autre côté, il a tout de même un pouvoir d'exprimer un sens, sans bruit et sans paroles, auquel cas il y aurait un langage non-verbal pouvant s’exprimer dans le silence.

En d'autres termes, le silence est ce que nous sommes, auto-révélation de notre stase dans l'Être, il ne peut mentir et à peine pouvons-nous dissimuler son sens. Il signifie la joie ou le malaise, la jouissance ou le tourment d'exister, c'est-à-dire la forme que revêt la conscience


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