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BRUIT, LE SILENCE et le LANGAGE....... (03/05)

Publié le 12 octobre 2008 par Osmose

Or il semble que le sens du moi, pour s'affirmer, a besoin du langage ; et c’est grâce au langage que le moi peut-être identifié et posé à part.

Le langage permet au mental de poser des objets, parce qu’il permet de nommer, il permet au mental de se réfléchir lui-même, donc de se poser en tant que sujet distinct.

Le langage permet de passer de l’impersonnel au personnel, et tout d’abord au personnel sous la forme d’une conscience de l’individu en tant que « moi ». Et à partir de ce moment-là , comme Je est éveillé , tout le reste peut suivre :

"Petit à petit, j'ai rangé les choses dans ma tète, et j'ai commencé à me construire une pensée, une réflexion organisée. A communiquer avec mon père surtout". Donc, "le premier, l'immense progrès en sept ans d'existence, venait d'être accompli je m'appelle "je"…

Quand la conscience de soi s’est levée, quand la porte de la communication est ouverte grâce à un langage, le silence oppressant de la non communication tombe peu à peu. C'est l'explosion vers les autres et la communication.


D’où le fait « qu’à partir de sept ans, je suis devenue bavarde et lumineuse. La langue des signes était ma lumière, mon soleil, je n'arrêtais pas de m'exprimer, ça sortait, sortait, comme par une grande ouverture vers la lumière. Je ne pouvais plus m'arrêter de parler aux gens. Je suis devenue "soleil qui part du cœur".

B. Se payer de mots, meubler le silence

Mais attention, ne ramenons pas le silence à cette unique valeur. Le langage, à lui seul ne remplit pas nécessairement l'intention d'une pensée. Il y a aussi une confusion engendrée par le verbalisme. Voyons donc en quel sens le langage, sans l'espace d'un certaine forme de silence, peut noyer de la pensée

Une pensée paresseuse peut se laisser mécaniquement conduire par le langage : on dit que la lettre finit par tuer l’esprit. Il est toujours facile de répéter des formules apprises, au lieu de réinvestir leur sens. A suivre seulement les mots, on finit par ne plus entendre clairement ce qu'ils disent.

Tous les textes finissent par succomber à la surcharge des commentaires. Entre le texte et le lecteur se construit un mur de commentaires. Une pensée faible s’en laisse facilement imposer. Ainsi la lettre peut se transmettre sans l’esprit qui l’animait. Une intelligence ainsi mécanisée devient incapable de donner un sens à des formules anciennes.

On peut parler sans penser comme le perroquet :  c'est le danger du psittacisme. Le langage met en péril la pensée quand il n’est pas maîtrisé et qu'il étouffe la pensée sous une prolifération anarchique et bruyante. Bien sûr, chez l’enfant le psittacisme est légitime, car ce n‘est que peu à peu que sa pensée se remplit de formes précises. Mais chez un être humain doué de culture, les mots ne devraient pas être investis de façon mécanique. Est-ce à dire que le bruit des mots ne doit jamais étourdir la petite voix de la pensée de celui qui les écoute et les formule?


La puissance du langage peut se retourner contre la clarté et la vivacité de la pensée, peut même la jeter dans la confusion. La parole peut prêter au quiproquo, se révéler inadaptée ou mensongère, ce qui laisse la pensée démunie.

En un sens, il est important que l'esprit conserve toujours le témoignage silencieux devant ce qui est dit, sans être jamais étourdi. Important, parce que l'intégrité de la pensée en dépend. 

La pensée semble essentiellement s'accomplir dans le langage, dans la Parole. C'est là qu'elle manifeste le sens, en le moulant dans des concepts adéquats. Mais peut-on aussi dire que le silence est porteur de significations?

La signification ne parvient à se dire que dans les mots. Nous devons être attentif à ce que représente le bruissement continu en nous des mots. En lui-même le mental qui bavarde constamment et tricote des pensées ne réalise rien ; le bruit de la mémoire ne pense pas, il répète et il se répète lui-même.


C'est tout.


La répétition ne rend pas l’esprit plus intelligent. Le  Je témoin est obscurci et la conscience est ballottée dans le tourbillon des pensées. Aussi, seule la fermeté d'un silence éveillé de l'intelligence, un silence lucide et serein, seul le laisser-être, donne à l'intellect sa vraie clarté.

L'intelligence tire une puissance d'inspiration de la valeur du silence qui réside entre les mots et entre les pensées, ce qui n'a rien à voir avec l'auto-stimulation de l'ego qui se paye de mots et se gargarise de ses propres pensées. La Parole, n'est pas le bavardage.

Allons plus loin. S'il y a plusieurs valeurs du silence, c'est que le silence est révélateur. Il signifie l'existence telle qu’elle est, dans la joie ou le malaise, la jouissance ou le tourment d'exister.
Le silence de l'expression de l'existence est d'ailleurs si éloquent en lui-même, qu'il faut beaucoup de bruit pour le contourner, pour s'en évader, afin de ne pas se retrouver seul avec soi-même, confronté à sa propre présence.


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