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D #8 ~ Épaule (de Frances Keren, de Yola Kleynin)

Publié le 24 septembre 2008 par Menear
Le D de description vaut aussi pour dissection. D. numéro huit comme étude anatomique, Frances Keren et/ou Yola Kleynin pour modèles alternés.
Frances Keren : Paysage de nerfs sur sa peau à vif. Il suffit d'entrer contre son buste ouvert. Cette particularité propre d'avoir le tubercule majeur qui ressort plus haut que l'acromion. Ou inversement, l'acromion timide de celles qui n'en ont pas l'usage. Il y a quelque chose de glacial, rigide, dans la courbe osseuse de cet acromion limé.
Yola Kleynin : Elle se fout des yeux qui la plaquent au mur. Elle écrase un rythme qu'elle est seule à entendre, qui remonte à force de flux serré depuis la veine céphalique jusqu'à sa gorge enflée. Elle a le sang sous l'épiderme, la peau pris à revers du souffle.
Frances Keren : Elle a la peau-frisson des froides cérébrales. La clavicule saillante émoussée par l'ennui. Tremblements du deltoïde qui s'effacent sous le grand pectoral qu'elle ne contrôle pas. Ruptures de rythme qui remontent depuis le triceps brachial. Elle retient les nerfs qui battent, elle tend fort le supra-épineux. Elle ne contrôle pas.
Yola Kleynin : Ses poignets s'abattent trop, la tête de l'humérus au bord de la rupture mais non. Autant de secousses invisibles qui remontent des doigts jusqu'à l'angle supérieur de la scapula. Rythme impossible qu'elle impose malgré tout et ça prend : détonations de la batterie qui saturent jusqu'aux explosions des bombes sur les toits.
Frances Keren : Elle a le geste de trop : elle étend l'humérus avant de le ramener près du corps. Trapèze contracté, deltoïde rabattu. La peau chair de poule le long de sa bride à droite. Sa voix enrouée part de là. Son C'est bon ça suffit c'est atroce, s'il vous plaît arrêtez de jouer qu'elle compresse depuis le chef claviculaire. Et le silence à nouveau sur sa peau à vif. Merci, on vous rappellera.
Yola Kleynin : La sueur imprégnée du coton blanc par dessus le supra-épineux coule contre le tracé des os sous la peau. Veine céphalique gonflée dans les graves pendant qu'elle articule les aigus de son rythme. Tout son sang compressé entre son bras gauche, toute la dureté d'une base captée par le micro pendu. La surdité fraiche prise au lobe une fois ses os tassés au sol. Dehors les murs tremblent d'échos et de vide.

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