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Mon Avignon

Publié le 14 octobre 2008 par M.

Prologue : pourquoi je pourrais mourir en Avignon.



Rocher des Doms, mardi 16 septembre 2008, 18h30


Assise sur un banc de pierre sculpté, face au soleil qui lentement décline, au Rhône qui coule, au pont qui ne l’enjambe qu’à moitié, je me sens comme sur un trône posté en équilibre sur le bord du monde. De cette place, je peux le voir vivre.

J’ai ôté mes lunettes et la lumière m’éblouit. J’ai dans les oreilles une musique et sa mélodie coule sur le même rythme que les eaux du fleuve, en harmonie.

Je suis assise ici depuis combien de temps ? Une heure ? Plus, sûrement. J’ai mangé une brioche au sucre et fumé deux cigarettes.

J’étais assise là, hier. Et avant-hier. La semaine dernière. L’année dernière. Pas toujours sur le même banc, mais face à ce paysage qui est le mien depuis maintenant quatre ans : les remparts qui me protègent, le Rocher qui m’élève, le Rhône, sombre, qui s’étire ; la colline en face, Villeneuve et le Fort Saint André, l’île de la Barthelasse, longue et verte ; le Ventou, au loin ; la ville, ses toits, ses clochers, ses secrets. Et le vent qui se lève, ce violent Mistral qui envole les cheveux et fait claquer les volets. C’est si beau et c’est chez moi. Alors je comprends que je pourrais mourir ici.

Je ne pense pas que ce soit le bel endroit du monde, et j’ai évidemment envie de connaître et d’habiter d’autres paysages, mais ici je sais, je comprends, je suis. Ici, il existe un équilibre entre la terre qui me porte et le ciel qui me guette, et cet équilibre c’est moi. Parce qu’ici plus qu’ailleurs je suis entre les deux, comme un pont de chair et de sang.

Assise sur le bord du monde, les pieds dans le vide, je peux le regarder. Et je me sens en faire partie.

  

  

  

  

  

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