Magazine Environnement

Etiquetage Co2 Leclerc - Bilan 4 mois après

Publié le 15 octobre 2008 par Quotidiendurable

Un grand merci à tous ceux qui ont participé à l'interview de Thomas Pocher, entrepreneur, PDG des centres Leclerc Scapartois à Templeuve et Wattrelos,  au sujet du bilan de l'étiquetage Co2 dans ses magasins.
Voici ses réponses !
 
Pourquoi les supermarchés sont ils architecturalement un peu intégrés en normandie et en bratagne et pas dans le nord?... je suis du nord
Pourquoi les surfaces planes des grandes surfaces ne sont pas utilisées? y a t il des projets?

Oui, je sais ce ne sont pas des questions sur ses étiquettes, mais ce sont des questions que je me pose concernant les grandes surfaces ;o)

Ecrit par MAmas, le Vendredi 29 Août 2008, 13:49

Un supermarché (jusqu’à 2500 m²) ou un un hypermarché (au-delà…), représente bien souvent un investissement lourd au départ, et dégage une marge faible sur le CA dégagé. En conséquence, les investissements fonciers, et les bâtiments, ne sont le plus souvent amortis qu’au bout de 15 à 20 ans d’exploitation. Sommairement, on pourrait dire que pour faire un CA de 100, il faut investir 50 et renouveler cet investissement de 33% tous les 5 ans. Le fameux retour sur investissement n’est donc pas le tableau idyllique sous entendu par les médias, c’est même, avec ces nouvelles pratiques « contraintes », un véritable casse tête.

Ceci explique pourquoi les magasins du grand Ouest, les implantations historiques de E.Leclerc, sont en général mieux intégrés à leur environnement et mieux travaillés architecturalement : ce sont en général des « générations » de magasins qui bénéficient de plus d’années de recul que dans le Nord.

Accessoirement, on pourra aussi noter que le Nord, fief historique d’Auchan, a privilégié les implantations de très gros hypers (selon le modèle promu par l’acteur local de l’époque). De plus, le passé industriel de la région fait qu’en règle générale, les aspects d’intégration environnementale ont été pris en compte plus tardivement qu’ailleurs. L’infrastructure routière et autoroutière a également favorisé la création de grands centres périphériques « tout béton ». Il faut ajouter que désormais, ces aspects font partie intégrante de tous les dossiers de créations ou d’agrandissements en cours, tant à la demande des pouvoirs publics qu’à celle des adhérents, soucieux d’investir leurs deniers durablement, comme des autres enseignes.

Les surfaces planes ne sont pas utilisées en règle générale à date. Les projets, notamment de photovoltaïques, sont légion aujourd’hui, mais il faut rester prudent sur la pertinence et le retour sur de tels investissements, y compris d’un point de vue strictement « écolo ». La récupération des eaux de pluie et la notion de « zéro rejet » (ie aucune eau pluviale ne peut être déversée dans le réseau public) amènent également les architectes à imaginer des solutions pérennes.

La volonté de développer des énergies durables peut valablement s’appuyer sur des installations comme les hypers, qui cumulent plusieurs avantages :

Capacité d’investissement

Surface disponible (en général 1,6 à 2 fois la surface de vente)

Consommation importante d’énergie

Evolution du panier des consommateurs

Ecrit par Belinunda, le Vendredi 29 Août 2008, 14:02

Durant ces premiers mois d'expérimentation, le panier des consommateurs a-t-il évoluer vers des produits plus écologiques ou vers des produits plus économiques ?

Le changement de comportement des consommateurs est la pierre philosophale de notre démarche. C’est le préambule des lois Grenelle, et c’est le rôle d’un distributeur, a fortiori E.Leclerc, d’accompagner cette prise de conscience de la nécessité de changer nos habitudes.

Cette partie du pari est quasi remplie, vue l’adhésion de nos clients et fournisseurs à la démarche. Si la réponse est donc oui, on ne peut en revanche que s’interroger sur l’ampleur du changement : si les citoyens sont persuadés de la nécessité de modifier leurs comportements, le consommateur revient au galop dans nos linéaires et peine à changer durablement ses achats.

Notre propos est donc de dédramatiser le discours, et de proposer au client d’y aller par touches successives, afin notamment de lui exposer quelles sont les différentes sources d’économies potentielles. C’est simple a priori, puisque cela se cumule avec une économie réelle, sonnante et trébuchante, fortement plébiscitée en ces temps de crise du pouvoir d’achat. Nous laissons en revanche une totale liberté aux clients de modifier ou non leur comportement sur tout ou partie de leur achat, sans aucun propos « coercitif ».

Par exemple, saviez vous que passer d’une bouteille d’huile en verre à une bouteille en PET peut vous faire économiser jusqu’à 30kg eq CO2 par an à raison d’une bouteille par mois ? idem pour les yaourts en pot verre vs pot plastique, 27kg à raison de 8 yaourts / semaine ? En revanche, contrairement aux idées reçues, utiliser une fontaine à eau en PET ne représente qu’une économie d’un kg eq CO2 à l’année par rapport au format standard 6x1,5L ?

La deuxième phase de notre démarche, que nous initierons d’ici fin 2008, portera sur une démarche d’accompagnement personnalisé du client, en établissant pour lui des simulations et des propositions afin qu’il puisse sélectionner les nouvelles habitudes qu’il est prêt à prendre, tout en conservant certaines de ses habitudes s’il le souhaite : une démarche globale et non concentrée, en somme.

Ecrit par mala, le Vendredi 29 Août 2008, 14:18

Marc

Bonjour,

Voici trois questions:

1-> Comment un directeur de trois magasins peut-il faire pour avoir les informations de chaque produit ?

De plus impacte évolue très vite: exemples des tomates en fonction de la saison, du lieu de production...

Avant tout, nous sommes des entrepreneurs indépendants qui détenons nos murs et nos sociétés. Un directeur salarié n’aurait évidemment pas la latitude ni les moyens d’une telle opération.

En second lieu, notre démarche a été d’être pilote d’une opération proposée par l’Ademe, sur sollicitation de Greenext, qui est devenu à cette occasion notre cabinet conseil en gestion environnementale. L’Ademe, le conseil Régional du Nord Pas de Calais ont été des partenaires financiers et techniques précieux pour aboutir à cette expérimentation, c’est à souligner.

Leur méthode, expliquée sur le site, consiste à travailler sur des produits « génériques », et d’affecter les valeurs obtenues à tous les produits similaires : par exemple, une bouteille de 100% pur jus d’orange en PET se verra affecter le même bilan CO2 quelle que soit sa marque. L’enjeu est double : il s’agit de couvrir 100% des produits proposés en alimentaire (20 000 références), et de ne pas discriminer les produits en fonction de leur prix (la marque), mais en fonction de l’unité de besoin qu’ils remplissent (ex : café torréfié 250g standard).

Ainsi ont été répertoriés, dans le cadre d’une méthodologie validée par l’Ademe, près de 700 produits génériques et une cinquantaine de type d’emballages différents. Nous envoyons à Greenext nos produits en les qualifiant pour ce référentiel (unité de besoin, grammage, emballage…) et la valeur du bilan CO2 du produit nous est restituée. Nous la faisons figurer sur l’étiquette du produit dans le rayon, à côté du prix, et cumulons l’ensemble des produits alimentaires d’un ticket pour faire le bilan du chariot. Pour les porteurs de la Carte, le cumul s’établit à la période.

Concernant les fruits et légumes, un outil spécifique a été crée et chaque matin, le chef de rayon, lorsqu’il passe ses commandes, valide dans un tableur le type et l’origine du produit afin d’en connaître le bilan CO2. Cette valeur est affichée en rayon et figure sur le cumul du chariot, au prorata des achats du client. Les clients sont d’ailleurs régulièrement interpellées par de l’affichage en magasin pour leur rappeler les saisonnalités des produits, puisqu’à l’évidence un produit de saison est local, et un produit local a un bilan CO2 nettement favorable aux importations parfois lointaines. Cette démarche permet de mettre en avant production locale et de saison, mais il est encore difficile de connaître le mode de production des fruits et légumes, et notamment de savoir si des serres chauffées ont été utilisées ou non. Et ça, c’est forcément impactant pour le bilan CO2… Par exemple, vaut-il mieux des tomates poussées sous serre chauffée aux Pays Bas ou des tomates du Maroc, qui n’ont pas nécessité de chauffage, mais du transport ?

2-> Quel est le périmètre de la mesure ? exemple pour les tomates: pour déterminer les émissions pour la production 1kg. On intègre la production + les émissions pour le matériel (serre, tracteur, produit chimique...) + le transport total de lieu de production au magasin + le transport des salariés pour la production + le transport des salariés du magasin + ...

La méthodo est encore une fois présentée sur www.jeconomisemaplanete.fr et Greenext est mieux à même que moi d’en discuter. Ceci étant, on intègre trois grandes sphères :

La production : extraction des matières premieres, transport vers l’usine, process de production, emballages, déchets, etc. : du champ à la sortie de l’usine, en gros.

La distribution : logistique vers le magasin, bilan CO2 du magasin en intégrant les déplacement des salariés et la diffusion des dépliants publicitaires, ainsi que la génération de froid. Les produits frais, surgelés et « secs » sont traités différemment, leur entreposage ne répondant pas aux mêmes contraintes : globalement, de l’usine à la sortie en caisses

La consommation : transport vers le domicile, stockage, process de préparation (réchauffage si besoin, etc.), et traitement des déchets : du coffre à la poubelle.

Ces trois thèmes recouvrent l’ensemble des émissions de CO2 éq liées à la consommation d’un produit, et même davantage puisque le transport des salariés et les dépliants ne font pas partie du référentiel bilan Carbone ® à date.

3- Avez vous fait un bilan carbone des trois magasins ? Dans le but d'être moins dépendent de l'énergie

Le bilan réalisé est donc une adaptation enrichie de la méthode labellisée. Il s’est agi pour nous de nous mettre en situation de progrès, et d’intégrer pour ce faire l’ensemble de nos postes d’émissions. En revanche, faire un bilan n’a jamais permis d’être moins dépendant de l’énergie, tout dépend de la source d’énergie mobilisée : une énergie renouvelable et non émettrice de CO2, par exemple, comme l’éolien. De plus, à notre grande surprise, un des premiers postes d’émissions de CO2 pour la distribution, ce sont les dépliants publicitaires, qui mobilisent des tonnes de papiers, des process lourds et un transport énorme.

Ecrit par Léna, le Vendredi 29 Août 2008, 16:46

Pensez-vous réellement que

1 - la taille à laquelle est inscrite l'indicateur d'impact écologique est suffisamment grande

2 - les consommateurs ont conscience de ce que représente cet indicateur?

Pour quelle raison ne pas avoir choisi d'établir un code couleur ou une échelle permettant à chaque consommateur de juger de l'impact environnemental de son produit de façon relative et non absolue?

C’est une question que nous nous sommes largement posée, et qui mérite débat. L’indicateur en rayon a été amélioré et est aujourd’hui présent dans un cartouche vert, dans les mêmes proportions que la mention obligatoire du prix au kg ou au L. On peut difficilement faire plus, notre métier de base étant avant de proposer des produits et des prix à nos clients, l’affichage environnemental étant une démarche complémentaire et soumise à la volonté du client.

Concernant les modalités de cet affichage, une harmonisation de l’affichage est en cours de réflexion avec tous les acteurs concernés, afin d’aboutir à un idéal si tant est que cela soit possible, comme par exemple les étiquettes énergie présentes de façon obligatoire sur les produits de Gros Electro Ménager.

Avant cela, il nous apparaissait important de relayer l’info de façon neutre. L’objectif est multiple :

Permettre à chacun de s’approprier une nouvelle mesure, qui comme l’euro par exemple, ne veut rien dire au départ, mais dont la perception s’affine avec le temps.

Eviter le phénomène de mise au pilori de tel ou tel produit ou catégorie de produit. Notre propos n’est pas de fustiger les emballages en verre ou les ananas, mais bien de permettre à chacun de mesurer et prendre conscience

La démarche initiée chez nous ne porte que sur les émissions de CO2 éq. C’est intéressant et nouveau MAIS réducteur. En effet, aujourd’hui, un jus de fruit 100% pur jus emballé en PET présente un bilan nettement meilleur que le même produit en bouteille Verre. On serait tenté effectivement de mettre l’accent et le « vert » sur le premier produit. Ce qui vient perturber notre bel édifice, c’est que le second produit est labellisé AB, bio, et le second ne présente aucune notion de production. On mettrait donc en avant un produit uniquement sur le critère des émissions de gaz à effet de serre, sans prendre en compte les notions d’utilisation d’eau, d’utilisations de pesticides, de gestion de la biodiversité…

Ces critères vont progressivement apparaître à la demande du législateur, et ce n’est qu’une fois ce travail effectué qu’on pourra réellement établir une notation environnementale des produits. C’est tentant, mais c’est trop tôt, en résumé !

Ecrit par Ravet, le Lundi 1 Septembre 2008, 15:33

Bonjour,

L'effort d'information est notable, mais il faut un minimum de justificatifs des allégations et un comparateur pour que cela soit une information comprise .

Existe-t-il un site internet en relais de cette information pour aller plus loin ?  

  

Le site d’informations est donc www.jeconomisemaplanete.fr .

Merci pour vos encouragements, et les explications de nos messages, qui ne sont pas des allégations, sont claires et disponibles en magasin par affichage et documents. On y rappelle que c’est l’origine des produits qui est majoritairement prise en compte pour les produits frais « traditionnels », alors que ce sont des notions de mode d’emballage qui sont principalement présentes sur les autres produits. On peut ainsi distinguer les haricots frais en vrac, selon leur origine et la saison, de leurs compagnons surgelés, en conserve, en bocal, en frais, ou en barquette du Kenya. Chacun est ensuite libre d’agir comme bon lui semble, c’est sur son chariot, encore une fois, que le consommateur doit essayer d’intervenir.

Ecrit par marine, le Mardi 2 Septembre 2008, 21:44

Bonjour,

ma première question rejoint la précédente. Des actions de sensibilisation des clients sont-elles mises en place, en parallèle de cette mesure ? En effet, si le consommateurs ne sait pas à quoi correspond les mentions sur les étiquettes et ne connait pas leurs implications environnementales, comment peut-il choisir les produits qui lui conviennent ?

Notre considération se porte avant tout vers nos clients que nous souhaitons informer de façon pérenne et durable, sans prêter le flanc à la panique et aux sur réactions qu’on peut observer parfois. 80% du public s’est déclaré chez nous comme dans l’opinion publique conscient des enjeux et prêt à modifier ses habitudes. Il me semble qu’il faudrait donc aller dans ce sens et cesser de considérer que les consommateurs ne comprennent rien : il faudra du temps, c’est tout. Les sacs recyclables en caisses ne se sont pas imposés en quelques semaines !

Deuxième question: les produits les moins émeteurs de carbone sont-ils mis en valeur dans le magasin par rapport aux autres produits ?

C’est une seconde étape envisagée, et comme je l’évoque précédemment, on ne peut pas s’en tenir à un simple aspect CO2 pour mettre en avant tel ou tel produit. Par exemple, le poisson représente une empreinte CO2 très faible au regard de la viande rouge. On serait tentés de le mettre en avant, y compris pour les messages de santé que cela véhicule. C’est dans l’intérêt du magasin également.

Et pourtant, les océans se vident et il faut réfléchir à la raréfaction de certaines espèces. Il n’est donc pas si simple de discriminer les produits entre eux, c’est bien par l’éducation des clients à des choix responsables qu’il faudra passer.

Ecrit par Belinunda, le Dimanche 7 Septembre 2008, 19:14

C'est une bonne idée de mettre en avant les produits les plus écologiques.

Certaines chaines de magasins le font car elles pensent que cela peut aussi favoriser le développement de leurs ventes.

Il est bien évident que nous sommes des commerçants, et que nous faisons par cette opération la démonstration à la fois de notre savoir faire et de notre préoccupation environnementale.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Quotidiendurable 2242 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte