Fort Cochin, Kerala, août 2008
J’ai les bananes. Des souvenirs pendus par le
pédicule, qui périssent doucement dans la buanderie. Encore jaunes du soleil de
mes midis, tavelés par la morsure de ce chien de temps. Les bananes me tiennent
encore la grappe. Fruits savoureux à consommer et pourtant jamais
épluchés : tous ces sourires à peine frôlés, ces regards croisés dans les
trains, et ces boeings manqués, laissés filer, laissés glisser, les promesses
flambées avant l’honneur, les rendez-vous plantés. Des camions de peaux lisses,
banalisées, avec le cœur en sous-régime.