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La dernière femme

Publié le 15 octobre 2008 par Magda

Salut, Lulu.

Jean-Paul Enthoven est-il effrayé à l’idée de rencontrer sa dernière femme, comme le suggère la quatrième de couverture?

Pour moi, Enthoven, c’était surtout l’homme de lettres qui s’était fait blouser par la première dame de France. De ses quatre publications, je n’avais rien lu. Jusqu’à ce que l’on m’offre La Dernière Femme, soit neuf portraits de femmes, dont les huit premières sont illustres et ont marqué l’imagination de l’auteur : Madame de Vilmorin, Colette Peignot, Nancy Cunard, Zelda Fitzgerald et Françoise Sagan occupent le poste de l’écrivain méconnue ou maudite ;  Louise Brooks et Françoise Dorléac se disputent le statut d’étoile filante du cinéma et la “Dernière Femme” est une inconnue italienne dont la description m’a laissée… perplexe…

Ces portraits, narrés avec grâce et déférence, m’ont séduite et m’ont arrachée à la laideur des aller-retour infernaux que je devais effectuer cette semaine sur la ligne 13 du métro parisien. Toutes ces femmes de lettres, sous la plume d’un homme de culture, prennent des couleurs vibrantes, sortent de leur tombeau pour illuminer un peu l’imaginaire des lecteurs d’aujourd’hui, avec leur fantaisies, leurs caprices de femmes riches et leurs tourments d’artistes. C’est cependant pour Louise Brooks, la délicieuse flapper du cinéma muet, que mon cœur s’est emballé. Car on apprend, grâce à Enthoven, que la ravissante actrice ne brillait pas seulement dans la lumière expressionniste des films de Pabst*, mais qu’elle était lectrice assidue et même… auteur. Un auteur qui, à la fin de sa vie, brûlait ses pages avec rage si celles-ci “ne tenaient pas entièrement dans l’espace de la vérité”.

Pur sang nihiliste, d’après Enthoven, Dans sa jeunesse Louise Brooks s’était livrée à une liberté d’un genre nouveau : vivre follement et réfléchir ; ne rien refuser aux sens ni à la métaphysique. Elle prit ainsi l’habitude de danser, de boire, d’écrire, de faire l’amour - tout en citant Proust ou Schopenhauer à des joueurs de polo qui ne songeaient qu’à enlacer son cou de cygne.

La dernière femme du livre d’Enthoven m’a laissée indifférente - femme vivante et dont on tait le nom, elle est antipathique dans ses rapports amoureux et me rappelle bizarrement un certain mannequin d’origine italienne, sur lequel j’ai de forts préjugés aujourd’hui. Si la dernière femme de ce roman devait être choisie parmi les neufs autres, c’est bien Louise Brooks, la Lulu de Pabst et de Wedekind que je choisirais, le garçon manqué le plus féminin de l’histoire du cinéma, la féministe avant l’heure qui ne détestait pas les hommes, mais n’en avait pas fait le but ultime de sa vie, et qui avait jeté sa gloire aux orties, comme une vieille pellicule des années 20, oubliée dans la salle de projection. Elle finit sa vie dans une modeste maison de Rochester aux Etats-Unis, volontairement retranchée au milieu de ses livres.

Comme quoi, si Enthoven avait bien choisi sa dernière femme, il n’aurait rien eu à craindre d’elle que de la regarder brûler ses manuscrits dans sa bibliothèque…

*Georg Wilhelm Pabst est un réalisateur, scénariste, producteur et monteur allemand d’origine autrichienne né le 25 août 1885 à Raudnitz (Bohème, Autriche-Hongrie, aujourd’hui République tchèque), décédé le 29 mai 1967 à Vienne (Autriche). Ses grands succès à l’époque du muet sont La Rue sans joie (1925), avec Greta Garbo, Les Mystères d’une âme (1926), L’Amour de Jeanne Ney (1927) et Loulou (1929), (avec Louise Brooks), des films profondément réalistes influencés par la psychanalyse (alors peu connue hors d’Allemagne) et qui abordent avec franchise les problèmes de la sexualité. [source : Wikipedia]

  
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