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Un plan (1) - La vengeance dans la peau

Publié le 15 octobre 2008 par Zegatt

O’Brian m’a proposé de rejoindre son site Un plan peut faire la différence où divers personnes se proposent d’analyser des plans extraits de différents films. Je me suis donc attelé à la tâche, et pour l’occasion, j’ai porté mon choix sur La vengeance dans la peau. Je vous propose tel quel l’article en question, et les cinéphiles dans l’âme seront sûrement intéressés par un détour par le site d’O'Brian.

The Bourne Ultimatum (La vengeance dans la peau en VF), troisième volet de la saga autour de Jason Bourne, est un film d’espionnage mêlé à du thriller. Avec Paul Greengrass à la caméra, il est signé Tony Gilroy, Scott Z. Burns et George Nolfi au scénario, d’après un livre de Robert Ludlum. Sur les écrans des salles obscures en 2007, l’affiche regroupe Julia Stiles, David Strathaim, Joan Allen et Matt Damon.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce film, voici la fiche IMDB du film : The Bourne Ultimatum (IMDB)

Entre vingt et trente ans après les livres, la trilogie autour de l’espion amnésique Jason Bourne (incarné par Matt Damon) a opté pour inscrire l’histoire dans le présent plutôt que de se montrer fidèle aux livres. Le Jason Bourne littéraire de la Guerre Froide devient un Jason Bourne cinématographique ancré dans le XXIème siècle, le terrorisme et l’assassinat politique.

C’est au cours des vingt premières minutes du film que Jason Bourne se retrouve à la gare de Waterloo, à Londres, pour rencontrer Simon Ross, un journaliste détenteur d’informations à son sujet. Durant cette scène, les agents de la CIA qui suivent le journaliste en question tentent de garder le contact – visuel et auditif – avec celui-ci. L’occasion pour le réalisateur Paul Greengrass de nous plonger dans sa vision de l’espionnage et du monde contemporain.

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Avec l’habileté qu’il a déjà su démontrer dans Vol 93 ou Bloody Sunday, Greengrass aligne les plans à un rythme implacable. Waterloo se partage entre les caméras de sécurité, la foule massive et les deux personnages qui traversent la gare. L’univers dans lequel nous évoluons est technologique. La technique est un prolongement de l’humain, en l’occurrence des agents de la CIA qui recherchent Bourne et Ross.

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Et si Bourne est dangereux, ce n’est pas le cas de Ross. Or, la bête traquée, c’est lui. Lui, le citoyen lambda dont la seule erreur est d’être trop curieux. La machine étatique devient le prédateur avec pour proie le luxe d’un choix infini : ses propres citoyens.

Le rapport est vite établi. Le pouvoir de ce XXIème siècle n’est plus une affaire de force. Le pouvoir, c’est l’information. Connaître pour maîtriser, connaître pour dominer. L’espionnage n’a plus sa place dans les bureaux ou au cours des festivités nocturnes organisées par les grands de ce monde en costume trois pièces, propres sur eux et cravates bien ajustées. L’ère de James Bond est révolue. Le martini au shaker retourne au réfrigérateur et le Walther PPK finit au musée.

L’ennemi, cela peut être n’importe qui. Dès lors, l’espionnage peut descendre dans la rue. Il traque toujours autant, si ce n’est plus. Ses méthodes se sont améliorées, sa surface d’action a décuplé. La caméra est là, qui observe ; Big Brother s’est incarné pour de bon.

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Le citoyen est présumé coupable, il est enregistré, suivi, surveillé, archivé. Une seule possibilité s’offre à lui pour tomber dans l’anonymat, solution qu’emploie Jason Bourne pour déjouer la filature de la CIA : se fondre dans la masse. Ce n’est qu’au prix de la perte de son individualité, de sa propre personne, que l’on cesse d’être l’objet d’un contrôle. Je cesse d’exister pour moi, donc je cesse d’exister pour les autres. Non cogito, ergo non sum. La formule de Descartes reste vraie, mais inversée.

Mais, une seconde… Cette caméra que nous voyons à l’écran, elle est elle-même filmée par celle que manipule Paul Greengrass. Et par cette habile mise en abîme, c’est finalement lui, le réalisateur, qui a le dernier mot.
Il nous rappelle que tout est mensonge.

  

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