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16 octobre 2008: Journée Internationale pour la Résolution des Conflits

Publié le 15 octobre 2008 par Dominique Foucart

Depuis le 20 octobre 2005, le troisième jeudi du mois d’octobre est décrété « journée internationale de la résolution des conflits ». Cette initiative est née de l’Association pour la Résolution des Conflits (www.acrnet.org) et est aujourd’hui également sponsorisée par le Forum Mondial de la Médiation (www.worldmediationforum.org). En 2008, c’est en France, au Portugal, au Canada et en Israël que se tiendront les principales manifestations en dehors des Etats-Unis.

La médiation a été particulièrement mise à l’honneur cette année par la désignation de Martti Ahtisaari comme Prix Nobel 2008. Cet homme est le porte drapeau de la médiation de part le monde, combinant discrétion personnelle avec efficacité professionnelle. Sa désignation à la veille de la journée internationale de la résolution des conflits était donc particulièrement symbolique.

L’idée de la journée internationale pour la résolution des conflits est de mettre en évidence l’apport de cette approche pour la vie de chacun d’entre nous.

Parce que chaque conflit mérite d’abord une solution

Lorsque nous nous trouvons confronté à un conflit, qu’il soit familial, de voisinage, commercial, social, scolaire,… ou qu’il oppose des régions ou des pays, il faut absolument ne pas perdre de vue que la première chose qui peut nous faire sortir du conflit c’est sa solution. C’est ce qui est trop souvent perdu de vue dans les confrontations physiques, juridiques et militaires qui sont classiquement utilisées pour s’y attaquer. Comment pouvoir envisager une solution de long terme à un conflit, quel qu’il soit, si cette solution est basée sur l’humiliation de l’autre. L’humiliation génère la rancune, et celle-ci finit tôt ou tard par relancer le conflit.

La solution demande d’abord la reconnaissance des faits et de leurs conséquences

Reconnaître ce qui s’est passé (de l’erreur de facturation au génocide en passant par le retard de fabrication, l’insulte, la tromperie, le mensonge ou la violence individuelle) est essentiel à la réussite de toute recherche de solution. Comprendre les conséquences pour l’autre de ce qui a été fait, dans les deux sens, et admettre les difficultés créées est une première étape indispensable à la recherche de la solution. Pour résoudre durablement un conflit, il faut d’abord être prêt à entendre ce que l’autre a à nous en dire, et se préparer soit même à lui dire « le fond de notre pensée » en des termes factuels et non violents. Y arriver est le premier rôle du médiateur.

La solution demande ensuite de sortir du cadre de référence du conflit

Ce qui rend la plupart des conflits difficiles à résoudre, c’est notre habitude de vouloir imposer notre solution avant de réfléchir au problème à résoudre: « Je veux un hébergement alterné une semaine sur deux » plutôt que « Je crois que nos enfants doivent pouvoir partager un maximum de temps de qualité avec chacun de leurs parents »; « Je veux une ristourne de 15% sur cette facture sinon, je ne la paie pas » plutôt que « Avec le retard de livraison, je me retrouve à perdre le bénéfice de mes économies d’énergie cette année »; « Nous devons geler les limites de notre territoire à celles dessinées en 1875 » plutôt que « Nous ne pouvons pas vivre enclavé dans un territoire dont le système juridique est soumis à une autre culture que la notre ». Tout le travail du médiateur dans la recherche des solutions est de vous aider à formuler autrement votre demande sans en changer le sens, mais de manière à permettre à l’autre de participer à la proposition de solution.

Les solutions acquises en médiation sont résolument plus efficaces

Tous les pays, toutes les organisations qui ont tenté de mesurer l’efficacité relative des différentes méthodes de résolution des conflits sont formels: lorsqu’une solution à un conflit sort d’une médiation, elle est 3 à 5 fois moins souvent remise en question que si elle a été trouvé par arbitrage (jugement) et 10 à 20 fois mieux respectée que si elle a été imposée par la violence. Et cela est d’autant plus vrai que le conflit semblait à l’origine « impossible à résoudre ». De plus, mon expérience me permet d’affirmer que plus de trois quart des médiations aboutissent à des accords partiels ou complets. C’est pourquoi il me semblait important de rappeler le thème de cette journée internationale de la résolution des conflits

Derrière ces trois mots « résolution des conflits » se cachent toute une série de modes d’interventions: la médiation, l’arbitrage, la facilitation, la prise de décision collaborative et bien d’autres méthodes formelles et informelles. Ce que ces interventions ont en commun, c’est de donner à des personnes, des familles, des villages, des communautés, des organisations, des entreprises et des nations la capacité de communiquer entre elles et de définir des solutions qui sont taillées sur mesure pour leurs besoins et leurs intérêt particulier.

De plus en plus, ces méthodes sont enseignées et pratiquées par des enfants et des adultes de tous ages dans les écoles et les universités dans le monde entier, pas uniquement pour résoudre des conflits individuels, mais aussi pour contribuer à un monde plus pacifique.

On trouve aussi aujourd’hui des programmes locaux pour résoudre équitablement les problèmes de quartier et de communauté, pour renforcer les relations au sein de ces communautés.

Les administrations, les grandes entreprises, les associations professionnelles, les tribunaux proposent aujourd’hui d’avoir recours à la médiation ou à l’arbitrage pour résoudre plus rapidement et plus efficacement les conflits.

Peu à peu, les professionnels de la résolution des conflits se regroupent en associations pour promouvoir la recherche de solutions créatives et pacifiques aux conflits.

L’accès à la médiation est désormais facilité par les pouvoirs publics qui ont dégagés des moyens financiers pour donner accès à la médiation, comme par exemple la possibilité offerte pour les personnes individuelles d’obtenir l’assistance juridique (« le pro-deo ») pour un médiateur.

La loi encadre en Belgique la médiation dans trois domaines essentiels: le conflit familial ou du couple (séparation, divorce, conflits de génération), le conflit civil ou commercial (entre voisins, avec un locataire ou un propriétaire, avec un fournisseur ou un client, entre collègues), le conflit social ( sur le lieu de travail, dans le cadre de la relation contractuelle de travail). Lorsqu’un tel conflit est traité avec l’aide d’un médiateur agréé, les accords conclus revètent un caractère juridiquement tout aussi fort que celui conféré par une décision judiciaire.

  

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