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LES "27": Un accord unanime

Publié le 15 octobre 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
L'Union européenne adopte à l'unanimité le plan de soutien aux banques de l'eurogroupe et manifeste leur volonté d'obtenir des Américains une « refondation du système financier mondial. VERS UN NOUVEAU BRETTON WOODS
COMMENTAIRE RELATIO: Ouf ! Tout ne s'est pas fait sans de nouvelles discussions, mais tout est bien qui finit bien.Et Sarkozy, tard hier soir, pouvait afficher unesatisfaction légitime. Les dirigeants des 27 pays de l'Union, « sans exception », ont entériné le plan de sauvetage décidé dimanche par les 15 pays de la zone euro, mettant un terme à des semaines de réponses désordonnées. Ils sont d'accord aussi pour qu'une cellule de crise coordonne l'application de ce plan (c'est très important dans la mesure où en l'absence de vrai pour voir « européen », les Etats membres coservent une autonomie d'action qui peut avoir des effets négatifs. Ils sont encore d'accord pour exiger des USA et du reste du monde (notamment d'un G8 élargi) un « nouveau Bretton Woods », donc un arrangement mondial qui permette de pallier le vide créée en 1975 par la décision uniatérale américaine de casser ces Accords qui n'avaient d'ailleurs pas tenus toutes leurs promesses en raison du manque de contrôle sur la planche à dollars des Etats-Unis. Il s'agit en fait de « refonder » le capitalisme financier mondial » : un beau (et difficile chantier en perspective. Un impératif, surtout. Dans cette perspective , il est primordial que l'unanimité des 27 résiste à l'épreuve des réalités. Une épeuve qui ne fait que commencer :l'euphorie articielle des places boursières est retombée, ce qui ne surprend que ceux qui veulent bien ne pas voir les faits en face. La « Crise » n'est pas terminée. La bulle financière aura un coût économique, social et politique plus grave qu'annoncé... Il ne s'agit pas là de nourrir des peurs, mais de réalisme. C'est parce que le « réel » a été trop nié dans ces circuits financiers « virtuels » que la Crise est ce qu'elle est. Le problème est aggravé par une donnée incontestable : nombre de ceux qui doivent refonder le système sont ceux qui ont contribué à le rendre invivable... Mais il est des prises de consciences salutaires : voir Georges Brown oser se montrer « européen » face à Bush est un signe plus qu'encourageant, non ?
Une décepion, enrevanche, à la fin de cette première journée de ce Conseil européen un peu spécial : le « paquet énerge-climat » n'est pas aussi bien ficellé que la présidence française pouvait le souhaiter. Et la « Crise » n'est pas une excuse .William PETITJEAN ----------

LES FAITS: "L'Europe toute entière, sans exception, approuve les mesures" du plan de garantie au système bancaire décidé à Paris et qui a permis de dégager quelque 1.700 milliards d'euros, a affirmé Nicolas Sarkozy, présentant à la presse l'avancée des discussions au terme de la première journée de sommet. "Face à une crise d'une ampleur sans précédent les 27 pays d'Europe ont maintenant une réponse unie, une réponse massive"

La question du renforcement de la supervision des institutions financières a provoqué quelques réticences à Bruxelles, notamment de la part de la République tchèque, forçant la présidence française à reprendre la rédaction du projet de déclaration finale, qui ne sera donc adopté formellement que jeudi. "Je pense pouvoir dire qu'il y a unanimité" sur "la volonté (...) que toutes les institutions soient obligées à la transparence", a toutefois avancé le président français.

Les 27 sont en revanche tombés d'accord pour adopter la modification des normes comptables des banques "pour que le principe de valorisation (des actifs dans les bilans) au prix du marché ne s'applique plus de façon aveugle, parfois absurde". La nouvelle réglementation "est mise en oeuvre aujourd'hui avec l'accord de tous" et s'appliquera "dès les résultats du 3e trimestre 2008", a-t-il salué.

Le Conseil a aussi accepté la création d'une "cellule de gestion de crise" pour coordonner les actions urgentes des différents pays.

"Tout le monde est d'accord sur la nécessité de la tenue à brève échéance d'un sommet mondial" pour refonder le capitalisme, s'est en outre félicité Nicolas Sarkozy, qui a rappelé être à l'origine de cette proposition. "L'Europe présentera une vision commune et une vision ambitieuse" lors de ce "nouveau Bretton Woods", parce que "nous ne voulons pas que ça recommence", a-t-il lancé. En séance, il avait invité ses homologues à s'attaquer "aux racines du mal".

Il s'est dit "très heureux" que sa proposition d'un G-8 élargi aux pays émergents ait été reprise par l'ensemble des membres du G-8. Il a précisé souhaiter "que ce sommet ait lieu avant la fin de l'année". "Nous pensons que le mieux, c'est novembre", a-t-il ajouté au nom de l'Union européenne.

Avant la réunion, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Gordon Brown ont tous deux affiché leur soutien, ce dernier insistant pour élargir l'ordre du jour à la réforme du Fonds monétaire international (FMI).

Le dîner des chefs d'Etat, consacré au paquet énergie-climat a en revanche été plus difficile. L'Italie a brandi son veto, quand huit pays de l'est de l'Union (Pologne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie et les trois Etats baltes) se sont réunis en marge du Sommet pour appeler l'Union à revoir à la baisse les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020, de recours renforcé aux énergies renouvelables et d'économies d'énergie.

"On a eu des discussions", a reconnu le chef de l'Etat, tout en affirmant qu'aucun pays n'avait demandé de "renoncer aux objectifs". "Il faut tenir compte des problèmes spécifiques d'un certain nombre de nos collègues", a-t-il promis, sans préciser quelles étaient les marges de manoeuvre. "Quant au calendrier, j'ai dit que je n'accepterai pas qu'on y revienne", a-t-il averti. La France a fait de ce dossier une priorité et entend trouver un accord avant la fin de sa présidence à la fin de l'année. "On va trouver un compromis pour un grand accord", a assuré Nicolas Sarkozy.

Les débats de l'après-midi se sont ouverts par une discussion sur l'analyse du Premier ministre irlandais Brian Cowen au sujet du rejet du traité de Lisbonne. Mais les propositions précises sur l'entrée en vigueur du traité dans l'ensemble de l'Union ont été renvoyées au prochain conseil au mois de décembre. "Sans doute devrais-je retourner moi-même en Irlande", a avancé Nicolas Sarkozy.

L'attitude à adopter face à la Russie sera elle discutée ce jeudi, alors que les discussions de Genève qui devaient consolider le cessez-le-feu entre la Russie et la Géorgie ont avorté dès leur ouverture. Les Etats-membres devraient également adopter formellement le pacte européen sur l'immigration et l'asile, déjà conclu au niveau des ministres.

REPERES

Les Accords de Bretton Woods sont des accords économiques ayant dessiné les grandes lignes du système financier international après la Seconde Guerre mondiale. Leur objectif principal fut de mettre en place une organisation monétaire mondiale et de favoriser la reconstruction et le développement économique des pays touchés par la guerre.

Ils furent signés le 22 juillet 1944 à Bretton Woods aux États-Unis après trois semaines de débats entre 730 délégués représentant l'ensemble des 44 nations alliées. Il y avait également un observateur soviétique.

Les deux protagonistes principaux de cette conférence ont été John Maynard Keynes, qui dirigeait la délégation britannique, et Harry Dexter White, assistant au Secrétaire au Trésor des États-Unis, qui avaient tout deux préparé un plan d'ensemble. Le plan Keynes fut ébauché dès 1941 et préparait un système monétaire mondial basé sur une unité de réserve non nationale, (le bancor). La partie américaine mettait en avant le rôle de pivot du dollar américain et proposait plutôt de créer un fonds de stabilisation construit sur les dépôts des États membres et une banque de reconstruction pour l'après-guerre.

Au final, c'est la proposition de White qui prévalut, organisant le système monétaire mondial autour du dollar américain, mais avec un rattachement nominal à l'or.

Deux organismes ont vu le jour lors de cette conférence, qui sont toujours en activité :

* la Banque mondiale (BIRD)
* le Fonds monétaire international (FMI)

Un troisième organisme aurait dû être créé, chargé du commerce international. Mais en l'absence d'accord, il ne verra le jour qu'en 1995 avec la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) après les cycles de négociations du General agreement on tariffs and trade (GATT).

Ces Accords n'ont pas répondu à toutes les attentes; Pour une raison majeure: Aucun contrôle n'a été instauré par les Accords de Bretton Woods sur la quantité de dollars américains émis, offrant aux États-Unis la possibilité de ne pas respecter leurs engagements envers les comptes extérieurs. Jusqu'en 1958, il y a famine de dollars. Puis la situation se retourne. Une inflation de dollars se produit notamment du fait des dépenses considérables de la guerre du Vietnam et de la course à l'espace. Les pays qui exportent le plus vers les États-Unis accumulent d'immenses réserves en dollars qui donnent lieu à autant d'émissions dans leur propre monnaie, alimentant une inflation de plus en plus inquiétante.

Techniquement, c'est la République Fédérale d'Allemagne, très sensible en matière d'inflation, qui met fin aux Accords de Bretton Woods en cessant de mettre en œuvre ses dispositions. Les demandes de remboursements des dollars excédentaires en or commencent. Les États-Unis ne veulent pas voir disparaître leur encaisse-or. Ils suspendent la convertibilité du dollar en or le 15 août 1971. Le système des taux de change fixe s'écroule définitivement en mars 1973. Le 8 janvier 1976, les Accords de Kingston (Jamaïque) confirment officiellement l'abandon du rôle légal international de l'or. Il n'y a plus de système monétaire international organisé. Les changes deviennent flottants, c'est-à-dire qu'ils s'établissent en fonction des forces du marché sans aucune référence à une valeur « réelle » comme l'or.

Du jour au lendemain, le FMI perd le rôle technique qui était le sien de gendarme en cas de dérapage. La crise d'identité de l'institution ne fera que s'accentuer avec le temps.


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