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À la croisée des mondes : la boussole d'or a le cruel désavantage de passer après Stardust, réussite quasi indispensable, qui prouve que oui, le merveilleux est encore possible au cinéma, et que non, on est pas obliger d'infliger à tout ce petit monde un moralisme gluant sortis tout droit des derniers grands penseurs du siècle : Walden Media, Warner et compagnie. Néanmoins, il a aussi la chance de passer après Eragon, et avoue-on le tout de suite, ça serait difficile de faire pire.
On est donc ici en face d'un spectacle spécialement calibré pour les fêtes, avec son univers incompréhensible aux plus de dix ans (le prologue est à ce titre hilarant en balançant le maximum d'informations capitales en moins de trente secondes). Ces gentils héros pourraient donc être à la recherche de la poussière, ou encore du magicobus, ou de la poudre de perlimpinpin, qu’on n’entraverait pas plus et on laisse le film se dérouler dans un état de léthargie semi conscient. On est à peine réveillé par les animaux tout en pixel, mais la beauté de certains décors mérite qu'on entrouvre un oeil. Le reste est du domaine du minimum syndical : une bataille finale filmée avec les pieds et illisible, des enfants aux grands coeurs, qui comprennent toujours tout avant les méchants adultes, on y place tous les jouets de Noël et d'autres éléments marketings (oui oui c'est bien l'ours de Coca Cola !). Bien entendu, ce grand reader's digest des grandes sagas littéraires et cinématographiques s'étire en une trilogie, pour un final vite expédié, pour éviter le risque d'un deuxième opus encore plus vide.
C'est bien évidemment niais et sans saveur, mais ça pourra plaire aux petiots.
C'est le principal, et c'est pour ça qu'on les emmène.
Reste pour les plus grands une certaine noirceur (ultra édulcorée, certes), et la tristesse de constater que Nicole Kidman est devenue incapable de la moindre émotion. Pas un sourcil, rien, le vide.
Tout fout le camp ma bonne dame.