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Football. « Allons z’enfants de Tunisie » ou le matchus interruptus

Publié le 17 octobre 2008 par Mcabon

Un sifflet pendant la Marseillaise, et hop « On interrompt le match », comme dirait Eugène Sacommano. Par exemple, la prochaine fois que l’équipe de France est menée au score, genre, 2 à 0 à quelques minutes de la fin, on lance un groupe de supporteurs à l’attaque de la Marseillaise en demandant de l’entonner bruyamment. Et dans le même temps une équipe d’agents de la Fédération Française de Football (FFF) débute une campagne de dénigrement et de sifflets aidés en cela par des appareils automatiques de sifflements, basés sur les enregistrements du Stade de France, parce que tout de même. Mais déguisés en supporteurs de l’équipe adverse. On interrompt le match, et on doit le refaire sur terrain neutre.

Désormais, il faudra également prévoir 350 cars de CRS à chaque match de l’équipe de France au stade du même nom au cas où le match soit annulé au dernier moment. Déjà que ce n’est pas très fin un supporteur-ultra quand il y a match, je vous raconte pas ce que cela donne en l’absence de rencontres.

Effet papillon

Quid du remboursement également ? 80.000 personnes qui assistent à un match, à 20-30 euros la place, cela nous fait plus de deux millions d’euros de recettes de billetterie. Qui paie ? L’Etat, donc les contribuables ? Et les recettes pub sur les panneaux du match, sept millions de téléspectateurs qui ne pourront pas voir que Nutella est « votre amie pour le petit déjeuner », et quid de la chaîne qui retransmet le match : annulation des écrans publicitaires, manque à gagner, plusieurs millions par matchs, obligation de passer un épisode d’Angélique, ange gardien. Quidde la Fédé qui ne touchera pas d’argent sur un match que l’équipe de France n’aura pas joué ? Quid des primes aux joueurs qui ne les toucheront pas car le match n’aura pas eu lieu ? Sans compter les sponsors dès lors non-exposés au temps disponible des spectateurs et téléspectateurs ? Et donc par là les usines pakistanaises de la marque de sportswear ? Tous ces petits enfants mis au chômage pour quelques sifflets ? Et les conséquences sur la balance commerciale extérieure de la Chine, qui dispose aussi d’usines d’assemblage ? Et de fait sur ses excédents de devise qu’elle réinvestit dans le dollar américain en achetant la dette américaine (1.500 milliards de dollars de créances achetées par les Chinois) ? Et donc sur le cours de la devise par rapport à l’euro ? Si le dollar dévisse, ce sont nos exportations qui trinquent. Avec les conséquences sur l’emploi et les délocalisations qui ne manqueraient pas de suivre.

Les pauvres ont aussi le droit à la passion

Un peu anxiogène cette situation ? Sans conteste. En accordant autant de crédit à ces sifflets, les responsables de l’Etat montrent qu’ils ne connaissent rien au football. Tous les week-ends, sur tous les stades, des hordes de supporteurs tentent avec une certaine réussite de montrer que Darwin avait raison, nous descendons bien du singe. J’adore ce sport, j’y joue depuis que j’ai six ans, je vais de temps en temps au stade, je regarde des matchs à la télé, je vais en Lituanie en mars soutenir l’équipe de France, mais franchement, il y a dans les travées des stades une sacrée flopée d’imbéciles. Autant que je comprends que l’on défende les couleurs du RC Lens, pour des raisons culturelles, quasiment identitaires, en criant son nom, en chantant les Corons, en s’habillant en Rouge et Or, c’est bizarre, mais il n’y a aucune raison que les pauvres n’aient pas le droit à la passion, autant l’extrêmisme, la bêtise de ces rangées de supporters qui crient « Enculé » quand le gardien de but adverse dégage son camp. Quand j’étais petit, je n’étais pas grand, et dans les travées du stade Francis Le Blé, moi aussi, j’en ai été, je le confesse. Je ne savais pas trop ce que cela voulait dire, mais je savais que je n’aurais pas nommé mon père ainsi sans risques. Emporté par la liesse, la possibilité de braver un interdit facilement, protégé par la masse. Et puis j’ai eu 10 ans, et j’ai arrêté.

Dans d’autres stades, ce sont les cris de singes quand un joueur de couleur noire entre sur le terrain. Peu importe qu’il porte les couleurs de l’équipe supportée par les imitateurs. Actes de racisme ordinaire. On interrompt le match aussi ? Le problème du football est systématiquement le fait d’une minorité. Quelques centaines dans les kops du PSG, pas beaucoup plus à Marseille ou dans les équipes italiennes. Italie où 9 équipiers titulaires sur 11 de l’équipe nationale revendiquent une certaine fascination pour le régime mussolinien. On pourrait proposer de refuser le match, contre les siffleurs, les tricheurs, les truqueurs, les meilleurs. Dès lors, tous les espoirs ont permis pour la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud.

*C’est un jeu de mots nul qui peut me valoir des sifflets, des huées, ou bien une lapidation express, uniquement entre 12 et 14 heures. Il vient du fait que lors de matchs contre l’Algérie en 2001, contre le Maroc en 2007, puis contre la Tunisie en 2008, l’équipe de France et son hymne, dans son stade, ont été sifflés.


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