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La vidéo à l’assaut du foot

Publié le 18 octobre 2008 par Pierre

Une ribambelle d’erreurs d’arbitrages habille immanquablement chaque week-end de foot. Les supporters crient à l’injustice ; les entraîneurs se lamentent sur ces décisions qui bafouent toute une semaine de travail ; les présidents se plaignent que l’aléa des résultats sportifs qui découle de ces décisions humaines ne leur permet pas de suivre à la virgule la comptabilité prévisionnelle de leur entreprise. En chœur tous réclament le recours à l’arbitrage vidéo.

Mais ces chœurs ont bien trop de raison et négligent à nous en crever le coeur le romantisme intrinsèque à ce jeu. Car le football professionnel doit-il à ce point se rendre dépendant de la télévision qu’après lui avoir confié l’organisation de son calendrier (ligue européenne, matchs décalés), elle lui abandonne aussi l’arbitrage de ses matchs ? Tout ce petit monde s’est-il fendu d’une ébauche de réflexion sur l’application technique d’une telle mesure et surtout sur les modifications fatales que cela infligerait à ce spectacle si populaire ?

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La vie comme un match ou l’arbitrage vidéo impossible

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Chacun concèdera que le visionnage des images ne peut intervenir à chaque coup de sifflet de l’arbitre. Le premier problème consiste donc à définir le champ d’application du recours à cette procédure. L’affaire pour beaucoup paraît évidente et les partisans de l’arbitrage vidéo en situent généralement son application à ce qui se passe aux alentours de la surface de réparation et plus généralement aux instants dits « décisifs » d’une rencontre.

Considère, lecteur, que ta naissance est un instant décisif de ton existence. N’a-t-il pas fallu cependant que la sage-femme qui t’a mis au monde ait fait preuve de compétence, qu’auparavant tes parents se rencontrent et s’aiment tendrement dans un coït fougueux ainsi que le firent avant eux tous tes aïeux ? Ne doit-on pas considérer qu’à l’instar des hasards d’une vie, un match de foot est une succession d’événements dont le dernier n’est que la conséquence de ceux qui le précèdent ? Suivant cette logique il apparaît qu’il n’y a pas davantage d’injustice à subir une erreur d’arbitrage dans la surface de réparation qu’à un quelconque autre endroit du terrain. Il serait ainsi nécessaire d’avoir recours aux images pour chaque action litigieuse : impossible.

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La négation de l’appréciation humaine ou l’arbitrage vidéo crée la confusion

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Hors-jeu ! Péno ! Faute ! Ces phases de jeu sont si déterminantes et les arbitres si démunis devant l’ampleur de la décision à prendre qu’il serait indispensable de les en dessaisir et d’en confier le jugement à l’implacable vérité des images. Foutaise ! Nous ne ferions là que nous abrutir dans des débats sans fin.

Entre le défenseur qui attrape le ballon de son pied droit et simultanément découpe son adversaire de sa jambe gauche, l’attaquant dont le buste est hors-jeu tandis que ses pieds sont en-jeu ou celui qui recherche le contact puis s’élance dans un plongeon de maestro, la vidéo se contentera toujours de nous délivrer des éléments relatifs. C’est une utopie de croire que la vidéo permettra de substituer le jugement à l’arbitrage car l’appréciation humaine demeurera. Elle sera le fait de quelques abrutis dans un studio des travées du stade et dans bien des cas le doute ne fera qu’accroître la confusion.

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Le match en morceaux ou l’arbitrage vidéo nous emmerde

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Si le football est le sport le plus populaire du monde, il le doit en partie à la particularité que le chronomètre ne s’arrête jamais. Un match de foot ne se découpe pas en phases de jeu mais se définit au contraire par la continuité de  son déroulement, créant ainsi le sentiment d’une parenthèse que rien hormis son terme ne peut interrompre. L’arbitrage vidéo introduirait dès lors une modification plus grave encore que les problèmes techniques évoqués plus haut, mais un bouleversement de l’essence même de ce jeu.

A l’image d’une pièce de théâtre, un match de foot nous raconte une histoire mettant en scène des hommes avec leurs forces et leurs faiblesses. Si le public et les arbitres font partie de ce scénario non écrit, la télévision doit se maintenir à l’écart et se limiter à son rôle de média en se satisfaisant de nous informer de son déroulement. Certes les diffuseurs balancent des tas de pognon dans cette entreprise de spectacle mais les joueurs ne seraient pas moins bons s’ils étaient moins riches. Ce n’est donc pas une raison pour nous emmerder.

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Matthieu


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LES COMMENTAIRES (1)

Par foufou
posté le 21 février à 13:17
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Si tu veux du romantisme , va lire des bouquins d'Ellroy !!!

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