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Darcos ou la langue de bois

Publié le 18 octobre 2008 par Cc
Dans l’éducation nationale, on a été longtemps habitué à la langue de Blois.

Avec Darcos, on s’habitue à pire.

On s’entend dire que les conditions d’enseignement sont bonnes, que tout va bien dans le meilleur des mondes des bisounours.

Ce soir, Darcos était dans une émission (F.O.G, sur France 5).
 
- Sans vergogne, il a déclaré : « Les gens ne savent plus tellement pourquoi les profs font grèves »

Aujourd’hui même, un sondage IFOP révèle pourtant que 69% des parents soutiennent le mouvement enseignant du 19 octobre.

- Alors que Franz-Olivier Giesbert lui demandait pourquoi il était toujours dans la provocation, envers les professeurs, notamment par rapport à la disparition de l’heure syndicale, Darcos réplique sans se démonter que les « Les profs ne travaillent pas après 16h30, ni le mercredi. »

C’est bien connu. D’ailleurs, les profs ne préparent pas leurs cours, ne corrigent pas les devoirs de leurs élèves et ne s’occupent pas des « orphelins de 16h30. » Ils ne font pas de soutien en primaire, ils ne font pas d’accompagnement éducatif au collège, ils ne vont pas aux conseils de classe, ne font pas de réunion parents profs. Ah…le mythe du prof feignant à la vie dure…Même parmi les collègues, puisqu’il ne faut pas l’oublier Darcos est un éminent agrégé…Très apprécié de ses élèves, semble-t-il…

 - Toujours dans la même émission, après qu’Onfray a signalé que le bac ne sert plus à rien, Darcos déclare : « Pour certains avoir le diplôme c’est quelque chose qui compte beaucoup. Par exemple à Créteil, c’est le plus beau jour de la vie de quelqu’un… »

C’est beau, ce misérabilisme de bon aloi. Ça vous honore, Ma Seigneurie. C’est bon, pour les pauvres, les diplômes. C’est de la charité, des bonnes œuvres de dames patronnesses, ça…Vous irez au paradis…

- Après la diffusion d’un reportage sur une jeune prof de l’académie de Créteil, en établissements difficiles,  avec un –s, oui, puisque la demoiselle court toutes les semaines entre deux bahuts, deux salles des profs, de métro en voiture perso, pour 1800 € net, Darcos rassure : « C’est très rare que des enseignants jeunes soient affectés sur des établissements difficiles, surtout à Créteil, et qu’en plus ils soient dans des établissements différents. Le cas trouvé par les journalistes est très rare. »

Ben voyons. Rien que dans mon tout petit collège, j’ai six exemples de collègues qui courent la moitié de l’académie pour travailler. Sans remboursement de frais de transport, puisque à l’Education Nationale on se permet même de changer les frontières administratives : deux communes sont souvent considérées comme une seule et même entité. Ça repousse les limites du « limitrophe » et les établissements dans des communes « limitrophes » n’ouvrent pas les droits aux remboursements de frais.

Quant aux jeunes qui sont censés de pas être affectés dans les établissements sensibles ! Quelle rigolade ! L’affectation des jeunes se fait selon des critères de points. Quand on débute, on a très peu de points. On est souvent célibataire et sans enfant. Les enseignants expérimentés ne restent jamais très longtemps dans les établissements difficiles, ils demandent très vite leur mutation. Par conséquent, les jeunes sont automatiquement TZR (remplaçants) et dans des zones sensibles. C’est une fatalité.

Pour finir en beauté, Darcos affirme que « le président de la République n’a pas dit que la Princesse de Clèves c’était nul. »

Pour être enfin honnête, il déclare aussi qu’ « Il ne suffit pas d’être civique en politique pour y réussir. » Bel exemple !

Et j’oubliais l’essentiel : il venait à la télé pour nous présenter les nouveaux programmes 2008-2009. Tiens ? Ils ne dureront qu’un an ?

 CC

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