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Il faut savoir prendre le temps de la réflexion. Reconnaître qu’on est allé trop vite, écouter et prendre du recul. Reconnaître aussi ses erreurs de jugement et les rattraper le mieux possible. C’est le sentiment que j’ai eu sur mon billet « En basket et en Hijab ». Je n’avais pas accepté la présence d’une femme voilée dans un club de gym. J’avais comme un bon nombre de mes concitoyennes un avis plus que défavorable sur le Hijab. Avant d’être la marque d’une appartenance religieuse je le voyais surtout comme l’acceptation d’une place à part de la femme, stigmate de sa soumission. La jeune femme qui était venue faire du sport voilée présentait pour moi des signes évident de schizophrénie, une sorte de soumission librement consentie. Pourquoi venir faire du sport, transpirer pour perdre du poids, avoir la meilleure image possible de soi si c’est pour laisser les autres vous imposer la règle de vous cacher. Puisque le voile n’est réservé qu’aux femmes, il marque le genre, son genre et contribue à la ségrégation et à l’iniquité.
Et puis je me suis imaginée cette même jeune femme voilée venir chez moi, ouvrir les placards de mon appartement et me montrer du doigt mes chaussures à talon et mes sacs à main et me dire: Et ça qu’est-ce que c’est selon toi ? Si je me regarde de loin dans un miroir je ne vois qu’une femme dans la plus pure acceptation de son genre: des cheveux longs, un regard souligné par de l’eye liner, un manteau serré à la taille, un jean coupe « fille » et mes fameuses chaussures à talon.
J’avais depuis longtemps accepté ce paradoxe pour les femmes occidentales, considérant qu’on ne pouvait pas tout effacer (son éducation et son identité) en un coup de baguette magique, qu’un long chemin restait à parcourir et que l’état d’esprit prévalait sur sa propre représentation.
Pourquoi ne pas avoir tenu le même raisonnement pour la jeune femme voilée? Le voile ne reste qu’un accessoire en tissu parmi tant d’autres à la disposition des femmes et si on veut bien sortir de l’image tristement émouvante de la jeune fille voilée de force, il me parait plus raisonnable de considérer le port du Hijab comme un choix personnel. Est-ce un réflexe pathétiquement ethnocentriste de ne pas accepter ce qui est loin de sa propre culture? Pourtant je n’ai pas le même regard critique sur le traditionnel sari des femmes indiennes qui parfois ont aussi un voile sur la tête.
Ma réaction répond tout simplement à un sentiment d‘islamophobie générale. En d’autres termes, je n’ai pas toléré cette jeune femme voilée parce qu’il est largement sous entendu dans nos sociétés que l’islam est une religion archaïque, violente, dangereuse et misogyne. C’est-ce discours insidieux que j’ai assimilé comme la stricte vérité et qui s’est exprimé face à cette jeune femme.
Je regrette sincèrement mon attitude. Je ne partage pas ce point de vue.
Il ne faut pas qu’une cause légitime et universelle comme le droit des femmes serve à taper sur une communauté religieuse et soit utilisée comme une bonne excuse pour condamner l‘autre. La misogynie n’est pas l’expression d’un sentiment religieux quel que soit la religion en question. Elle est avant tout un fait, un comportement qui concerne tout le monde.