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La controverse Blanche de Castille

Publié le 15 octobre 2008 par Ansolo

Nous ne sommes pas à Valladolid, il ne s’agit donc pas de déterminer si les rugbymen ont une âme, mais bien plutôt de savoir s’ils ont du goût. Vestimentaire s’entend.
Renvoi aux 22 vous avait déjà parlé du premier maillot "2008-2009" du Stade Français, croisement horticole hasardeux entre deux styles de fleur de lys : la royale et la Kenzo.
Il y a eu ensuite le maillot dit « tie and die », dont il est difficile de décrire les motifs, mais qui apparaît clairement comme une punition pour le bon goût (évidemment ce propos n’engage que l’auteur de ces lignes).


Aujourd’hui, Max Guazzini nous propose le maillot « Blanche de Castille ». Ne réglez pas votre moniteur, il est correctement configuré. L’image ci-dessus n’est pas tiré d’une rétrospective « Pop Art ». Même si Andy Warhol est bien l’auteur de ce patchwork, le vêtement a bien pour vocation d’équiper les vingt-deux athlètes du Stade Français et non quelque fashion victim de la Capitale.
Certains se diront sans doute que le président du club parisien s'y entend pour provoquer. Alors, tant qu’à provoquer, pourquoi ce choix de Blanche de Castille et pas, par exemple, Marylin ou la chaise électrique, qui ont en commun d’avoir été traitées de la même façon par le Pape du Pop art ?
Hé bien détrompez-vous, braves gens, vous n’y êtes pas. Max n'a pas (a priori) cédé à la tentation de la provoc'.

Il a de la culture, et pas seulement disco. Figurez-vous que le choix de l’épouse de Louis VIII et Régente de France à la mort de celui-ci, obéit à un symbole historico-rugbystique : elle est la mère de Saint-Louis, qui a donné son nom, plusieurs siècles plus tard à un Lycée, dont les élèves ont créé le Stade Français. Vous suivez ?
Bref, ce nouveau maillot du club de la Capitale est un audacieux mélange de design et d’histoire.
Ce que Max n’avait peut-être pas prévu, c’est que certains amateurs de rugby et d’histoire de France ont creusé la question « Blanche de Castille ». Et il apparaît que cette Reine a joué un rôle non négligeable dans la conquête du Languedoc et la croisade Albigeoise. Pas terrible, question symbole : ce maillot ne représente-t-il pas, finalement, la mainmise du centralisme parisien sur la province, l’écrasement des minorités d’Oc par l’Etat ? Sur le plan du rugby, ce maillot peut apparaître comme l’affirmation d’une supériorité du rugby du Nord sur celui, traditionnel, du Sud-Ouest ?
Ne nous emballons-pas. Il serait étonnant que Max Guazzini ait pu penser à cela lorsqu’il a jeté son dévolu sur la figure de Blanche de Castille.
Restons sur le seul plan esthétique. Et là, on doit avouer que les sentiments sont mitigés. Pas aussi moche qu'on veut bien le dire, ce maillot parait quand même plus proche des pages "modes" des catalogues de prêt-à-porter que de la rubrique "Rugby" d'un journal sportif.

Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Mais on n’en pense pas moins, diront certains…


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