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Un tour au Lac Abbé

Par Tazounette

Retour à Djibouti pour une petite escapade. Il est temps qu’on se dépayse un peu. La pluie est de retour, l’hiver est là et j’ai seulement un chauffage sur deux qui fonctionne (si on peut dire fonctionner quand ils ne sont qu’à peine tièdes au maximum…), et une angine carabinée qui me cloue à la maison… Bref, évadons-nous…

Nous avions passé notre premier Noël sur place. Mes parents et mon petit frère, avaient passé leur réveillon dans l’avion qui les amenait jusqu’à nous. Harnachés comme des pères-Noël, ils sont arrivés suffocants sur le tarmac de Djibout’. La première journée fut « coolos », petites visites sans prétention, petit tour de ville, escale à la plage de la pointe du Héron, juste à côté de la maison. 25 décembre, petite trentaine de degrés dans l’eau… Je ne me souviens plus exactement du programme, ça remonte à loin. Je crois que le soir même ils faisaient leur baptême du poisson yéménite façon Youssouf. Mon père a eu du mal, lui qui n’aime pas trop le fumé fut servi !


Tout ce que je sais, c’est que nous avions organisé l’excursion mythique pour le lendemain. 2 jours complets d’excursion. Au cœur même d’un décor ancestral, remontant presque aux débuts de l’humanité… Le lac Abbé, situé à quelques encablures de la frontière éthiopienne. La traversée fut longue. Environ 4h de 4x4. Un guide et un chauffeur rien que pour nous. Rien à penser, juste à suivre… Les paysages par lesquels nous sommes passés étaient très changeants. Djibouti recèle de mille merveilles… La pierre, la végétation si clairsemée, le sable, la terre rouge… Tant de couleurs sur un tout petit pays… Nous avons fait escale dans le village du guide… Un village fait de « toukouls », ces espèces de maisonnettes en sable et terre au toit de chaume. Un « lit » au centre et le feu pour le « chaï », le thé d’ici aux épices… Petite visite du logis puis installation dans la salle à recevoir. Dégustation de thé et nous reprenons la route.

Nous arrivons sur le site à l’heure du coucher de soleil… 17h30/18h00. Une merveille de la nature. Des colonnes de souffres qui se sont formées au fil des ans. De temps en temps, de la fumée nauséabonde s’échappe encore, comme si une vie palpitante y habitait en son cœur. Immenses étendues désertiques. Quelques cheminées dispersées et le lac au fond, drainant des milliers de flamands roses, qui décollent parfois, les uns après les autres, dans un ballet féérique. Le ciel prenant des tons oniriques selon le moment de la journée, laissant ces paysages incroyables s’imprimer dans la mémoire de chacun…

Un tour au Lac Abbé

Au coucher de soleil, le contraste est saisissant : le ciel qui prend une multitude de tons dégradés du rose à l’orangé, et les cheminées de souffres qui se dessinent devant… Quelle majesté…

Un tour au Lac Abbé

C’est un décor presque lunaire, qui avait servi de décor extérieur pour le premier film « La planète des Singes » tourné en 1968, j’ai recherché sur internet et n’ai rien trouvé de probant pour confirmer ces dires djiboutiens, à prendre avec des pincettes donc…

Nous sommes restés sur le site, abasourdi pendant près d’une demi-heure, les mirettes emmagasinant la beauté des couleurs, des images. Ce que la nature peut-être belle à celui qui sait la regarder… Avant de rejoindre le campement. Se coucher tôt pour se lever tôt…

Le campement le plus proche surplombe le site. Le seul problème : les moucherons… Nous avons déposé nos affaires dans notre « toukoul », chaque sac déposé sur un lit picot recouvert d’une moustiquaire. Tellement de moucherons au mètre carré qu’on avait l’impression d’entendre un moteur de groupe électrogène. Je n’avais jamais vu et entendu autant de moucherons. Nous avons rejoint la grande tente centrale pour le repas. Un repas sur le pouce mais toujours bon, la simplicité, l’humour et la sympathie des djiboutiens qui recevaient. Je sentais mes parents dans leur élément, ouverts qu’ils sont, adorant rencontrer. On était bien là, quelques chaises bancales, des tables de fortune et les moucherons que le tenancier faisait partir à coup de ventilateur. Que l’on a ri… Je passe sous silence le lavage de dents et la découverte des toilettes/douches/lavabos. Chacun rempli de 10.000 moucherons au bas mot ! Ca donnait la nausée tellement c’était impressionnant ! (gerbatif, il faut bien le reconnaître)…

Je ne me souviens plus comment nous avons pu dormir avec ce bruit de moteur en fonds sonore… Mais bref, le réveil fort matinal, juste avant le lever de soleil, fut rude. Un café, un chocolat, un croissant et c’est parti pour le site…

D’autres lumières que la veille au soir, d’autres couleurs.

Un tour au Lac Abbé

Le soleil donnant une couleur presque jaunissante aux cheminées de souffre. La traversée des étendues entre deux zones de cheminées. Le souffre qui court sous les eaux en mille geysers au milieu d’une herbe que la rosée rend miroitante, puis la traversée vers le lac, l’envolée des flamands alors que le guide nous demandait de courir tous en ligne vers les eaux…

Un tour au Lac Abbé

La nuée qui s’envole, les uns après les autres, telle une holà d’oiseaux rougissants… Je n’ai jamais vu pareil spectacle. Si, une fois, c’était lors d’un safari au cœur du N’gorongoro, en Tanzanie… Les flamands roses, quelle majesté… et en Camargue aussi, dans mon jeune âge…

Le guide nous parlera aussi du « père des volcans » le plus vieux qui se trouve à la frontière vers l’Ethiopie, tout un symbole pour les nomades. Hélas ma mémoire n’a pas tout retenu de enseignements, ni l’anecdote liée au volcan…

Dans l’après-midi nous sommes rentrés, non sans nous arrêter pour prendre en photo des caravanes de sel, enfilade de dromadaires lourdement harnachés et cet homme qui tire toute sa fortune sous un soleil de plomb sans renier jamais à sa tache…

Les chèvres qui montent aux arbres dans l’espoir d’avaler les meilleures feuilles…

Voilà tout ce que je garde en mémoire de Djibouti. La nature offerte dans ce qu’elle a de plus nu, de moins apprêté. La comprendre, la voir magnifiée dans ce décor de roc et de pierres qui remontent aux origines même de l’homme et s’y sentir incroyablement bien, comme un retour chez soi.

J’ai beaucoup voyagé, j’ai vu quelques contrées déjà, et pourtant peu de paysages ont eu tant de grâce à mes yeux. Peut-être parce qu’il paraît insensé qu’un si petit pays, si rocailleux contienne tant de merveilles…

L’Afrique… L’homme vient bien de là et y retourner est comme un retour aux sources. Je n’ai pas les mots pour décrire le bien être que l’on ressent sur ces terres. C’est comme une évidence. Même si la chaleur, la moiteur est rude.

Il y a une part de soi qui y reste. Toujours…


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LES COMMENTAIRES (2)

Par rybinsk
posté le 07 mai à 18:19
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Le film "la planète des singes" a été tourné aux USA, au lac POWEL, qui n'a rien de comparable avec le ABBE,suffit de visionner le dit film pour s'en rendre compte......

Par jonas
posté le 21 octobre à 14:13
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magnifique reportage

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