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Deux textes d'Umar Timol (Ile Maurice)

Par Ananda
FRAGMENTS.


elle y est, celle que tu aimes, dans le temps, temps dont tu ne peux défaire les

manifestes, temps dont les lianes s'immiscent dans tes viscères et tes limbes,

dont les lianes frelatent ton sang, elle y est, celle que tu aimes, dans le temps,

dans ton temps, temps qu'elle exerce à sa convenance, qu'elle raccourcit ou

distend à volonté, tu es ainsi son pantin désarticulé, son jouet rompu, elle y est,

celle que tu aimes, dans le temps, dans ton temps, ce temps qu'elle possède et

elle t'engage à demeurer à sa commissure, emmêle et prosterne dans une même

soie l'entre-deux de tous tes éphémères.


et ainsi tu aimes la divinité ténébreuse, celle qui t'affranchira des aléas du doute

et de la tragédie mais ce n'est qu'un être, une spendeur il est vrai mais ancré
 
dans un temps, dans un corps, assiégé par les limites du précaire, ainsi tu

confonds le désir de l'absolu avec le désir de l'autre, elle ne sera jamais lieu de

réconciliation, elle ne sera qu'une étreinte qui hasardera, ici et là, le bonheur et

tu demeureras donc toujours ainsi, tu seras de la nostalgie, à la recherche

toujours, insatisfait toujours, déçu toujours, au seuil d'un désir, virulent et cruel,

qui semble donner sur le sens mais qui n'est, au fond, qu'une apparence, une

apparence triste et sublime



PLUS SIMPLE


Il se dit, parfois, qu'il est plus simple de ne pas avoir à s'exercer à l'existence, de ne pas avoir à se réveiller, marcher, penser, être, de ne pas avoir à délibérer le désir, ce désir qui l'accaparera jusqu'aux dernières instances de la nuit, de ne pas avoir à épier celle qu'il aime, de ne pas avoir à se soucier de son corps, de ce qu'elle est, de ce qu'elle fait, de ce qu'elle dit et ne dit pas, de ne pas avoir à convoiter un inaccessible qui ne cesse les métamorphoses, il n'en veut plus, de ce désir, contraire et violent, nécessaire et puéril, il n'en veut plus, il ne souhaite pas la mort, ni le néant mais une absence qui y ressemble, qui s'en rapproche, il n'en veut plus, de la pesanteur de sa conscience, de la tutelle de l'obsession, il n'en veut plus et il aimerait être une bête, épuisée par l'instinct, vite rassasiée, un étranger aux affres du choix et de la liberté et il veut ainsi mêler son désir aux lueurs de la mort, mourir un peu tous les jours pour exténuer sa conscience, pour cesser d'aimer, pour cesser de l'aimer.


Il se dit, parfois, qu'il est plus simple de ne pas avoir à s'exercer à l'existence.


Umar.

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