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Un jardin de coussins

Publié le 21 octobre 2008 par Irene
Le Périgord a ses rondeurs. Rondeur du cingle de Trémolat, un cercle d'eau presque parfait formé par une Dordogne très inspirée. Rondeur imparfaite de la truffe, qu'une truffe de chien bien éduquée débusque sous terre à la moindre injonction. Comment un champignon aussi vilain peut-il être aussi divin ? Le trufficulteur chez qui nous avons fait étape l'accommode de l'apéritif au dessert : en beurre truffé, en crême brûlée au foie gras, en brouillade, en glace… Contrairement à la truffe noir du Périgord, la truffe d'été a un petit goût de noisette qui se prête fort bien à cette fantaisie culinaire. Le tout arrosé d'un bergerac.
Les rondeurs des collines, elles, ont de sérieuses concurrentes : celles des buis moutonnants des Jardins suspendus de Marqueyssac, d'une beauté sidérante. On se changerait bien en pierre pour se figer éternellement dans ce décor végétal harmonieux, subtil camaïeu de verts sempervirents : chênes, romarins, santolines… Des buis moutonnants, disais-je, et centenaires, domptés à la cisaille par moins de dix jardiniers méticuleux. Créé au XIXe siècle sur un promontoire rocheux de plus d'un kilomètre de long, ce parc éminemment romantique en compte 150 000 (autant que de visiteurs à l'année). Depuis le bastion, la vue sur ces coussins végétaux est saisissante. Elle invite le regard à se poser sur les reliefs gironds du paysage, aujourd'hui brouillés par une météo menaçante. Tant et si bien que mon ami photographe et moi avons pris la saucée de l'année. Nous sommes montés fissa dans petite cabane en bois réservée d'ordinaire aux enfants.
Mais il a bien fallu quitter l'abri comme il a fallu quitter l'enfance. Le temps d'arriver dégoulinants dans le salon de thé du château, comme si le chaos de buis singeant cette fois un éboulis rocheux nous y précipitait. Au-dessus de nos têtes, une héroïque toiture de lauzes de 500 tonnes a eu raison des précipitations. Le temps de se réchauffer autour d'un verre de monbazillac, d'une assiette périgourdine et d'une roborative tarte aux noix. Entre deux lampées, un coup d'oeil sur le panorama exceptionnel, aussi détrempé que nos tignasses hirsutes. Seuls les buis gardent leur mise en plis impeccable.
Vue depuis le bastion des Jardins suspendus de Marqueyssac / © Laugery

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