Pourquoi s'inquiéter des dangers du téléphone portable, des poisons dans l'alimentation (pesticides, herbicides, conservateurs, goûts synthétiques ; par ailleurs neurotoxiques ou cancérigènes), du chrome qui fait briller les bottes à la mode, des produits dangereux dans les peintures, les plastiques, les cosmétiques, les produits d'entretiens ménagers... ?
Oui, pourquoi, puisque quoiqu'il arrive, ceux qui profitent (en connaissance de cause) des bénéfices que ce genre de petit commerce ne sont pas inquiétés, pas sérieusement en tout cas
Le Canard Enchaîné, nous apprend ainsi que le directeur de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique, le colonel Thierry Bourret, recommande, dans un courriel daté du 11 avril dernier, à la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, qui instruit un dossier de 20 plaintes relatives à l'amiante, de renoncer aux perquisitions et d'abandonner un traitement de la question sur le plan pénal. Cela permettrait selon lui d'alléger la charge de travail des collègues. Voilà une proposition qui tombe bien, car la juge est confrontée à un cruel manque de moyens pour accomplir sa tâche.
Toujours selon le colonel Thierry Bourret, les dizaines de milliers de décès passés et à venir sont à mettre sur le compte de l'ignorance des méfaits de l'amiante... La même ignorance qui prévaut aujourd'hui sur d'autres questions.
Jean-François Julliard rappelle cependant dans son article que les dangers mortels de l'amiante sont connus en France depuis 1906 ; que ses victimes sont indemnisées par la sécu depuis 1946 ; que de nombreux médecins du travail cachaient à leurs patients le développement de calcifications et de plaques pleurales ; que les industriels s'étaient organisés en lobby pour promouvoir l'amiante "inoffensive" et retarder le plus possible l'établissement d'une réglementation ; qu'il a fallu attendre 1997 pour qu'une interdiction entre en vigueur ; et 2005 pour que s'ouvrent les premières enquêtes judiciaires... L'histoire s'arrêtera peut-être à ce stade, puisque les pouvoirs publics semblent rechercher la clémence sur ce dossier. Voilà une tolérance qui tranche avec les peines planchers, rétentions de sûreté et autres mesures répressives à destination du menu fretin.
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