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Economie de marché : l’agonie

Publié le 22 octobre 2008 par Kalvin Whiteoak

Il est frappant de noter qu’aucun économiste de quelque bord qu’il soit ne remet actuellement en cause le modèle de l’économie de marché. Un peu plus de régulation ici, un peu moins là, mais aucune remise en cause du modèle en général. “C’est la seule qui marche”, nous dit-on.

Il n’y a qu’à voir ce qui se passe, pourrait-on rétorquer… A croire que l’économie du plan ayant fait faillite dans les états pré et post-soviétiques, les experts sont à nouveau en manque total d’imagination, dans un conformisme navrant et aveuglés par leurs préjugés dogmatiques, pseudo scientifiques ou politiques.

Et pourtant s’il est un moment dans l’histoire qui justifierait une réflexion un peu plus profonde, c’est bien celui que nous vivons actuellement. Opposer l’économie régulée et l’économie de marché est simpliste, trompeur et insuffisant. D’abord le marché n’est en réalité pas un marché libre.

Aucun pays n’est plus protectionniste que les USA, les pays émergents le sont aussi à leur façon, la vieille Europe également. De son côté l’Afrique n’est pas un marché mais un souk permanent dans lequel l’importance des classes dirigeantes et de leur consommation (en terme de biens et services et en terme de revenus de la corruption) n’a pas son pareil d’inéquité. Les pays d’obédience islamique sont eux aussi très régulés, dans le sens du pouvoir et de ses intérêts.

Bref, un rapide tour d’horizon montre que l’économie de marché n’est plus qu’un mythe : il n’y a qu’à suivre les gesticulations de l’OMC pour s’en rendre compte. La fin du 20e siècle se voulait officiellement dérégulateur, il n’a été que dérégulateur à sens unique, à savoir au profit des riches ou des superpuissances noyautant les institutions internationales.

On sait aujourd’hui et depuis un certain temps que la crise actuelle va générer son lot de chômeurs supplémentaires autour du monde. Que les tensions sociales ne sont de loin pas prêtes de s’amenuiser. On sait aussi aujourd’hui que plusieurs valeurs ne font pas l’objet d’une appréhension économique appropriée : par exemple le savoir et la disponibilité.

Le savoir est à peu près la seule denrée qui peut être transmise et multipliée sans dépense : on peut en effet nourrir de savoir des générations entières sans que cette denrée ne s’épuise ou ne risque de se raréfier. Parallèlement, il existe des comportements ouverts, disponibles et souhaitant venir en aide à l’autre qui eux aussi ne font l’objet d’aucune comptabilité. Le fait de procréer et donc d’assurer la survivance d’une espèce est aussi une activité non recensée parmi celles qui sont essentielles à la vie en société.

Ainsi de l’économie de marché ou la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande est la seule qui actuellement ait un sens dans la fixation des prix des biens et services, on doit rapidement évoluer vers une économie sociétale durable : un modèle dans lequel l’échange de coups de mains puisse être valorisé, la transmission des savoirs aussi et l’apport général au maintien d’un lien social également. Ce modèle doit nécessairement prendre aussi en compte des aspects écologiques essentiels visant à la conservation du cadre de vie.

Ne pas profiter de la crise actuelle pour remettre à plat le problème du fossé Nord-Sud grandissant serait une erreur historique : cet évènement est une chance pour l’humanité, à condition qu’elle s’en occupe.

Parmi des règles contraignantes, on pourrait imaginer un article constitutionnel qui prévoirait notamment:

- que les prix maximums des denrées de base soient fixés par les agriculteurs eux-mêmes chaque année et qu’ils s’y tiennent;
- que l’écart entre bas salaires et salaires de managers ne doit pas excéder un facteur 20;
- que chaque transaction financière ne générant pas de profit économique soit taxée, sinon interdite;
- qu’une balance commerciale équilibrée doive être maintenue ou approchée avec tous les partenaires commerciaux;
- que le travail social ou familial soit rémunéré à sa juste valeur;
- que la notion de croissance soit volontairement freinée, toute croissance d’une entreprise supérieure à un taux donné ouvrant droit à une taxation pénalisante
etc…

En bref, quelques pistes de réflexion pour une refondation nécessaire et urgente d’un modèle économique à l’agonie.


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