Bien sûr, je n'ai ni révolutionné le monde de l'écriture, ni reçu de Prix Pulitzer pour mes maigres participations dans ce "magazine" pour ados, distribué auprès des jeunes de 14 à 18 ans, allant dans les écoles du village où j'habitais et des villages voisins environnants, mais dans les couloirs de la mairie que j'arpentais parfois, on m'appelait "Mademoiselle la Rédactrice" et j'ai même eu droit à quelques photos et articles dans le journal du coin pour diverses
Mère a donc tout naturellement, du moins à ses yeux, ouvert un genre d'album pour garder tous ces précieux souvenirs. Sait-on jamais, espérait-elle pouvoir dire au moins une fois "ma fille est passé dans le journal" ? Le tout avec une fierté maternelle non dissimulée de ce passé filial très lointain et oublié de tous. En tout cas, moi j'avais oublié, jusqu'à ce que je dépoussière ce vieil album.
J'avais le droit suprême de trouver des sujets, parfois d'en traiter, d'en écrire l'édito, d'aller voir l'imprimeur pour mettre en page tout ça et même , Ô joie ultime, d'y coller l'étiquette avec le nom du destinaire de ce "magazine". Car même en tant que papelard oisif, inutile et gratuit, il était nominatif. La classe, quoi.
Et puis, j'étais douée, y a pas à dire, l'étiquette était toujours collée très droite et proprement.
Peut être qu'un jour je vous raconterais comment je suis devenue la "Présidente du Conseil des Jeunes" de mon village. Et des étiquettes, je suis passée aux photocopies, toujours avec le même brio...
(*) Titre du magazine.