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versus (cité de la musique 18 octobre 2008)

Publié le 22 octobre 2008 par Aymeric

Carl craig

Samedi 18 octobre à la Cité de la Musique eut lieu la soirée Versus : la confrontation de musiques électroniques populaire (représentée ici par une de ses grandes figures, l’américain Carl Craig) et savante.

Pour se mesurer au musicien de Detroit, un casting à l’avenant : quelquesgrandes figures du cross over avec le grand producteur Moritz Von Oswald (Basic Channel et Rythm’n’Sound entre autres, et ayant déjà travaillé sur une adaptation du Bolero de Ravel auquel il fut d’ailleurs fait allusion durant la soirée), le chef d’orchestre François-Xavier Roth et le pianiste Francesco Tristano qui ne dédaigne ni les jazzeries ni les crépitements lancinants de l’IDM.

En fait de confrontation il y eut alternance de versions orchestrées de quelques tubes de la tête d’affiche avec des morceaux plus classiquement contemporains, sans doute davantage dans les cordes – encore que - de l’ensemble Les Siècles : Le City Life de Steve Reich et Streets de Bruno Mantovani (Vous noterezla coloration urbaine des morceaux choisis).

Commençons par ceux-ci.

City Life est une des pièces les plus connues de Reich et, de mon point de vue, l’une de ses toutes meilleures (avec Music for 18 Musicians). Il est possible que, paradoxalement, cette proximité ait pu limiter le plaisir ressenti. Comme c’était la première fois que j’assistais à une de ses exécutions, peut-être m’attendais-je à davantage. Je n’ai rien à reprocher aux musiciens, je ne me suis senti trahi en aucune manière et les premières mesures entendues me furent même un vrai bonheur. Mais un bonheur sans montée qui s’émousserait presque de ne pas avoir connu de crescendo.

Pour ce qui est de Streets, l’œuvre de Bruno Mantovani, je mis un peu de temps à rentrer dans un morceau qui m’apparut tout d’abord comme sacrifiant par trop aux canons d’un atonalisme rigide (il est dédié à Pierre Boulez) puis, petit à petit, les nappes de violon, le motif obsessionnel de la harpe donnent cohérence et tenue à l’ensemble et rendent bien ce chaos dans le statisme qu’imaginait son auteur. Pas une révélation mais une belle découverte.

Venons enfin maintenant à la star de la soirée (à voir les affiches, je suppose que l’essentiel de l’assistance est venue sur son nom ; d’ailleurs moi-même…). Là encore, l’impression est mitigée. Je dirais que les arrangements en eux même sont plutôt réussis, et que le traitement du son et le travail sur les boucles, grésillements et autres effets sonores se mariaient extrêmement bien à la matière orchestrale. J’ai plus d’une fois pensé au très beau travail de Vincent Artaud. Tout cela aurait donc été parfait si les incursions rythmiques ne s’étaient pas avérées désastreuses. Un beat systématiquement trop lourd et comme artificiellement collé. Produite telle quelle, la colonne vertébrale de la house de Craig sonnait ici comme un ajout de mauvais goût.

On me dira que c’est le sort commun à ces tentatives de greffes contre nature, mais je ne m’en satisfais pas, gardant le souvenir de la soirée Warp works & 20th century masters, il y a deux ans dans les mêmes lieux, qui était fort réussie et ne tombait jamais dans ces sortes de travers

Peut-être le décalage malheureux était-il l’effet de conditions acoustiques déficientes, peut-être plus simplement était-ce ce rendez-vous qui était manqué ou en rodage mais si cette soirée fut plaisante elle eut tout de même aussi quelque chose d’un peu décevant.


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