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7ème journée : le volcan Kawa Ijen (02 oct 08)
Une route étroite et chaotique nous amène jusqu'au dernier parking avant la montée finale du Kawa Ijen.
Reste trois kilomètres à effectuer à pied sur un chemin terreux à la pente prononcée : sur cette distance, on passe quand même de 1 750 m à 2 148 m. Nous sommes dans la forêt et rien ne laisse présager de ce qui nous attend au sommet.
Pour l'instant, ça transpire dur. Mais où sont les jambes de mes 20 ans ?
On croise quelques radonneurs qui redescendent et nous encouragent : "Plus qu'une demi-heure !" - "Plus loin, c'est moins raide !" ...
Aucun repère pour nous indiquer si nous approchons du but, sauf ce panneau à l'approximation inquiétante
Une petite pause et on continue.
Subitement, une forte odeur de soufre nous prend à la gorge, des gens que nous rencontrons portent encore un masque de tissu sur le nez, nous ne devons plus être loin du cratère.
Et puis soudain, au détour d'un dernier virage, ça :
Extase ! Nos efforts sont récompensés.
Le lac turquoise se couvre et se dégage de fumée sulfureuse au gré du vent tourbillonnant. On contourne en partie la bordure escarpée du volcan pour essayer de découvrir d'où provient cette colonne de fumée qui remonte des entrailles de la terre.
Là encore, la vision est extraordinaire.
Les forçats du travail existent toujours.
Peut-être vous souvenez-vous avoir vu à la télévision un reportage sur ces hommes qui retirent des plaques de soufre d'un cratère fumant, les remontent sur leurs épaules dans deux paniers d'osier et les transportent, toujours de la même manière, jusqu'à la base du volcan où elles sont alors prises en charge par des engins motorisés. Ces forçats sont ici.
Nous pouvons les voir remonter leur fardeau depuis le fond du cratère, le dos déformé par la charge qu'ils déplacent. Malgré cet effort surhumain, ils sont souriants, plaisantent avec les touristes présents et arrondissent leur fin de mois en proposant à ces derniers quelques objets sculptés dans la matière jaune qu'ils ont récoltée. Il faut savoir qu'ils touchent un salaire de misère pour ce travail hors norme.
Petit à petit, au fur et à mesure de l'expérience acquise et en fonction de leur âge (certains commencent très tôt ce travail) le poids de leur charge augmente jusqu'à atteindre 70 à 80 kg par voyage. Le soufre est très dense et ce poids représente un volume relativement réduit.
Pesé devant nous, un de ces chargements accusait 76 kg sur la balance !
Physiquement, les épaules de ces hommes portent les séquelles indélébiles de ces efforts, je n'ose imaginer l'état de leur colonne vertébrale et de leurs poumons (ils travaillent sans masque dans le cratère).
Et si je vous disais que dans la descente vers la vallée ils courent avec leurs paniers en blaguant entre eux !
Nous sommes à la fois admiratifs et compatissants.
Nous voici arrivés à l'extrême Est de Java, plus précisément à Kétapang.
En face de nous, à quelques centaines de mètres, l'île de Bali que nous rejoindrons demain.
de l'autre côté, Bali
(Toutes les photos de cette septième journée dans l'album "Indonésie 7ème jour") bientôt