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Pourquoi l'analyse technique est-elle particulièrement utile dans les périodes de krach ?

Publié le 23 octobre 2008 par Apprendrelabourse.org

Pourquoi l'analyse technique est-elle particulièrement utile dans les périodes de krach ?(Michel Delobel / ACGest - formations et coaching) - Pourquoi l'analyse technique est-elle particulièrement utile dans les périodes de krach comme celle que nous connaissons actuellement ?


   → Il existe principalement deux méthodes d'analyse des marchés financiers :

. l'analyse fondamentale, basée sur des données tangibles (statistiques économiques, résultats des entreprises) et sur les anticipations de ce que sera la situation quelques mois ou années plus en avant,


   . et l'analyse technique, basée sur l'évolution passée des cours et sur la 
 psychologie des intervenants

 
En ces périodes de krach, où les mouvements sur les marchés sont plus le reflet de la peur, de la panique même et de considérations avant tout émotionnelles, on s'aperçoit vite que les fondamentaux passent au second plan. Si on justifie les baisses par une dégradation des fondamentaux, abstraction est faite d'une part des valorisations des sociétés, et l'ampleur des replis est souvent sans commune mesure avec la variation de ces mêmes fondamentaux. Comment expliquer en effet des variations de 15 à 20% sur une seule séance, de 30 à 50% en quelques jours, et sans qu'aucune nouvelle propre aux titres concernés n'ait été annoncée ?

Les fondamentaux n'étant plus réellement pertinents dans de telles conditions pour appréhender les mouvements de court terme, il nous reste l'analyse technique, dont la composante psychologique apparaît alors tout à fait appropriée. Il ne faudra bien sûr pas s'attacher aux seuls supports « habituels » ni essayer de chercher absolument LE point bas (exercice particulièrement délicat et dangereux en période de forte chute), car ils pourront être enfoncés les uns après les autres. De même, attention aux indicateurs, qui peuvent rester en terrain de survente ou de divergence bien plus longtemps qu'en conditions « normales » et bien plus longtemps que vous ne pourrez le supporter, financièrement et psychologiquement... On privilégiera ainsi plus une approche basée sur la recherche de supports majeurs LT et de figures remarquables en chandeliers japonais, tout en étudiant les gaps et en recherchant les pics de volumes.

Autant d'éléments qui pourront nous aider à détecter des signaux de retournement, et identifier des niveaux clés et points bas au moins intermédiaires. Lors des phases de rebond, ces mêmes notions seront très utiles pour anticiper les niveaux de résistance et appréhender la vigueur du rebond.

Voyons cela maintenant sur l'analyse de notre CAC40 national sur les dernières semaines. A court terme, nous avons assisté à l'enfoncement successif des différents supports, sans le moindre rebond. (cf graphe CT plus loin dans l’article). De même, un premier gap a été ouvert sous les 3950, puis un second sous les 3200. Comment essayer de savoir où en est le marché, et quand un point bas est susceptible d'être atteint, au moins pour permettre un rebond technique dans un premier temps ?

Avant de répondre à cette question, resituons les choses d'un point de vue LT. Si le CAC manque un peu de recul par rapport à d'autres indices, du fait de la date de sa création en 1987, je ne suis pas sûr non plus qu'un retour plus de 20 ans en arrière soit bien significatif : combien d'investisseurs gardent leurs titres plus de 20 ans et conservent une telle « mémoire du passé » ? Tant de choses ont évolué depuis 20 ans, entre le changement des monnaies, l'inflation, les évolutions économiques, etc... Ce sont donc plus des niveaux psychologiques qui vont intervenir dans de telles conditions plutôt qu'une réelle comparaison avec des niveaux de cours passés.

Pourquoi l'analyse technique est-elle particulièrement utile dans les périodes de krach ?
 

Que voit-on de façon évidente sur ce graphique (cliquer pour l'agrandir), si nous cherchons des supports potentiels susceptibles d'enrayer le repli ? Le point bas du marché en 2003 bien sûr, mais si on considère que la tendance est orientée à la hausse depuis les années 90 (ne serait-ce que par le biais de l'inflation), on voit tout de suite que le support LT tracé en bleu passe justement autour des 3030/3050 en ce mois d'Octobre 2008. C'est précisément sur ce support que le CAC a stoppé son repli ces derniers jours. On notera également au passage deux autres supports potentiels : le tracé rose, variante du tracé du support bleu, et dont la parallèle supérieure a le mérite de passer par le point haut de juillet 2007 et la médiane avait arrêté le repli mi-juillet. On notera également l'hypothèse du canal rouge, qui pourrait voir l'objectif graphique du repli actuel bien plus bas encore dans les prochains mois.

Concernant l'approche en chandeliers japonais ou l'analyse des volumes, il est préférable de revenir à un graphique plus CT, en bougie journalières.

Pourquoi l'analyse technique est-elle particulièrement utile dans les périodes de krach ?
 

Je ne rentrerai pas dans le détail de tous les tracés de ce graphique, le but n'étant pas de faire une analyse technique détaillée du CAC. On notera quand même les supports orange et marron, base de deux canaux baissiers MT qui guident le CAC depuis un peu plus d'un an et qui ont été enfoncés sans grande difficulté au cours de la chute de début Octobre. On retrouve aussi en bas le support LT tracé sur le graphique précédent et qui a donc soutenu le CAC le 10 octobre dernier.

Pourquoi est-ce donc le support bleu qui aura permis d'arrêter la chute, plutôt que les supports orange ou marron ? A priori, en dehors du caractère LT du tracé bleu, par rapport au caractère MT des deux autres tracés, rien ne pouvait le laisser prévoir. C'est là que l'on fait intervenir l'analyse en chandeliers japonais, l'étude des volumes, et même une analyse intraday du comportement du marché.

Commençons par le plus simple : les volumes. Jusqu'à ce 10 octobre, les volumes n'ont jamais enregistré de pic notable (on exclue les volumes exceptionnels du 19/09 dus à l'interdiction des ventes à découvert sur les financières), et donc n'ont pas délivré de signal de potentiel point bas. La journée du 8 aurait pu être un candidat acceptable, même si les volumes n'étaient pas nettement au dessus du lot, mais le positionnement de la bougie encore a distance respectable du support marron n'était pas idéal.

Concernant les chandeliers japonais, après une succession de bougies rouges, la séance du 10 octobre nous offre un magnifique doji (clôture=ouverture), aux mèches particulièrement importantes, positionné juste au dessus du support bleu LT, et séparé de la bougie précédente par un important gap baissier. Un gap qui avait tout d'un gap d'épuisement après déjà un autre gap baissier quelques jours auparavant, laissant donc entrevoir même une possible île de renversement. Au soir du 10 octobre, nous avions donc là un candidat presque idéal pour un point bas majeur, même si un doji ne donne pas un signal de rebond à lui tout seul. Il restait donc à confirmer lors de la séance suivante, ce qui a été fait avec brio, puisque le marché nous a non seulement offert un gap haussier formant du coup une île de retournement (un bébé abandonné plus exactement), mais également une étoile du matin formée par les trois bougies entourées sur le graphique ci-dessus.

Je terminerai par un petit mot sur le suivi intraday du marché ce 10 octobre, qui a vu le marché nous délivrer un autre argument en faveur d'un point bas potentiel : en effet, ce jour là, le CAC aura été soutenu par les 3100 pendant les 2/3 de la séance, avant de plonger au moment de l'ouverture des places américaines. En tant normal, un tel plongeon après une longue phase de consolidation aurait du générer un repli marqué et surtout durable. Or il n'en a rien été : le plongeon, bien que brutal, ne sera que de 50 pts, avant que le marché ne se reprenne de plus de 5% en l'espace d'une petite demi-heure! De tels comportements (fausse cassure suivie d'un violent rebond) sont typiques des signaux de fin de tendance, et sont donc venus renforcer encore les arguments en faveur d'un point bas ce 10 octobre.

Voilà de quoi confirmer la validité du support bleu LT, qui a donc été en mesure d'enrayer le krach. Reste maintenant à voir combien de temps tiendra ce point bas et ce support LT bleu ? Quelques jours, quelques mois ou quelques années ? C'est un autre débat. Je vous invite pour cela notamment à surveiller le comportement du marché par rapport aux tracés du graphique LT présenté ci-dessus.


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