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Relance: les abus de langage de Nicolas Sarkozy

Publié le 23 octobre 2008 par Juan

Très silencieux depuis le début de la crise sur le terrain social, Nicolas Sarkozy s'est exprimé jeudi 23 octobre lors d'un déplacement à Annecy. Nous attendions tous son plan de relance. fausse alerte ou déception, le président n'a ... rien annoncé en matière sociale. Surpris ?
L'absence de plan de relance
Jeudi 23 octobre, Nicolas Sarkozy a dévoilé un plan de soutien financier aux grandes entreprises. Il a prévu d'investir la somme pharamineuse de ... 175 milliards d'euros, et évacuer d'un revers de main la question de la croissance («0,5% ou 1%, qu'est-ce que ça change pour votre vie quotidienne ?»). Abus de langage ?
1. Création d'un «fonds public d'intervention» pour les «entreprises stratégiques» en difficulté.
Ce fonds souverain est "l'idée de la semaine" du président français. Il en avait parlé mardi matin devant les parlementaires européens. L'Allemagne avait décliné cette proposition au niveau européen. La voici de retour au niveau national. Interrogée sur France info, Laurence Parisot a reconnu que cette annonce ne bénéficierait qu'aux grandes entreprises. On voit mal l'Etat prendre des participations dans les PME du pays. Concrètement, l'Etat va emprunter en Bourse (quelques 100 milliards d'euros d'après Laurent Wauquiez), puis la Caisse des Dépôts et Consignations devrait ensuite prendre des participations en bourse dans des entreprises considérées stratégiques (par qui ?) menacées de prise de contrôle étranger. Ultime lapalissade, Sarkozy a déclaré vouloir protéger les entreprises stratégiques et novatrices... Qui voudrait perfuser des entreprises "périmées" ?
2. Exonération de la taxe professionnelle jusqu'en janvier 2010.
Cette taxe, dont l'assiette est intellectuellement surréaliste (investissements + salaires), sera suspendu pour un an et quelques mois: tous les nouveaux investissements des entreprises en France seront «exonérés à 100% de la taxe professionnelle jusqu'au 1er janvier 2010», et l'Etat compensera le manque à gagner fiscal aux collectivités locales.
3. Création d'un poste de "médiateur du crédit."
Pourtant soucieux d'économiser les "administrations inutiles", Nicolas Sarkozy veut créer un "médiateur du crédit." Une proposition coûteuse (combien de dossiers à gérer par an), ridicule et démagogique. Lisez plutôt :
Il sera chargé, département par département, de contrôler le respect par les banques de leurs engagements en terme de distribution de crédit aux entreprises. René Ricol, commissaire aux comptes et auteur d'un rapport sur la crise financière remis début septembre à l'Elysée occupera ce poste. Alors que «l'Etat est venu puissamment en appui des banques», a lancé Nicolas Sarkozy, «on fera de l'opinion publique le juge du comportement des banques (...) ceux qui ne joueront pas le jeu assumeront leurs responsabilités, et assumer ses responsabilités, c'est partir et partir tout de suite». Nicolas Sarkozy a ainsi prévenu qu'il souhaiterait publier, «banque par banque», la politique de prêt des établissements financiers (source FIGARO)
4. Accélerer le remboursement du crédit impôt recherche
Le
crédit impôt recherche (CIR) "prend en compte 30% des dépenses en recherche et développement des entreprises, dans une limite de 100 millions d'euros et 5% au-delà de ce seuil."
5. favoriser le travail le dimanche
Cette mesure est anachronique. La France souffre d'un problème de pouvoir d'achat, et non de freins horaires à la consommation. Toutes les études sur le sujet prouvent que l'ouverture généralisée des commerce le dimanche ... baissera la consommation le reste de la semaine, toutes choses égales par ailleurs. De surcroît, cette mesure n'a aucun rapport avec la crise.

Espérons que le moral des industriels remontera. Il n'a jamais été aussi bas depuis 1993.
Quelles mesures sociales face à la crise ?
Les prisons débordent. Les soins sont moins remboursés. Le nombre d'enseignants est réduit un peu plus chaque année. Le bouclier fiscal profite principalement à quelques dizaines milliers de contribuables. Les chômeurs risquent l'exclusion passées deux refus d'offres d'emploi. Le chômage remonte.
Ces constats, factuels, sont le premier bilan de 18 mois de présidence de Nicolas Sarkozy. Maintenant, la récession mondiale démarre. Le président l'a reconnu: cette crise cette crise «n'est pas une parenthèse qui sera bientôt refermée». L'étonnant rebond de la consommation des ménages en septembre ne saurait la cacher. La Bourse, malgré ses comportements erratiques, est un bel indicateur de la confiance des traders dans les perspectives des entreprises du pays. Et la Bourse dévisse régulièrement. Récapitulons donc les mesures "sociales" du gouvernement pour les mois à venir.
Annoncé fin août, puis voté il y a 10 jours, le Revenu de Solidarité Active devait être LA mesure phare de la politique sociale du gouvernement; celle qui faisait oublier les franchises médicales, les "offres raisonnables 'emploi", ou la baisse du pouvoir d'achat.
La polémique sur le financement de ce dispositif cher à Martin Hirsch a ruiné les espoirs présidentiels. Sarkozy était capable de trouver 7,7 milliards d'euros pour financer l'impact de la crise sur le budget 2008, mais peinait à justifier les 1,5 milliards d'euros nécessaires au financement du RSA.
Autre mesure, la prime transport. Un couac l'a menacée. Des députés voulaient la supprimer . François Fillon a dû expliquer qu'il y tenait.
Rien d'autre ?
Non, rien d'autre...&alt;=rss

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LES COMMENTAIRES (1)

Par MKL
posté le 24 octobre à 13:24
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Le meilleur plan anti-crise : la création de 1,6 millions d'emplois ! ...en généralisant la semaine de 4 jours à la carte pronée par Pierre Larrouturou, et expérimentée depuis 14 ans dans 400 PME/TPE. Sa généralisation créerait au minimum 1.6 million d'emplois en CDI, sans 1 ct d'augmentation des impôts des contribuables ni des charges des entreprises (étude Ministère du Travail/Caisse des Dépôts/Patrick Artus).

"Stupide !" répondez-vous ? je vous concède que cette mesure est difficile à "caser dans la conversation" tant elle paraît utopique dans le contexte de matracage idéologique actuel. Alors juste quelques exemples : Mamie Nova, Télérama, Fleury Michon et 400 PME/TPE (labos - informatique - petits commerces - auto-écoles) sont à 4j depuis + de 10 ans et cartonnent - gains de motivation des équipes, moins de fatigue/stress, meilleur équilibre vie pro/vie perso => compétitivité de l'entreprise augmentée!

Aux USA et en GB, malgré une croissance de + de 4%/an jusqu'au début 2008, le temps de travail moyen constaté hors chômeurs est tombé respectivement à 33,7h/semaine et 32.1 (36,2 en France) ! Dans l’industrie et les services à haute valeur ajoutée, il est de + de 40h/s, mais ne concerne plus qu’à peine les 2/3 des emplois, le reste de la population active n’a droit qu’à des petits boulots de quelques heures/s. Et cette précarité est elle-même due à l’explosion de la productivité réalisée en 45 ans : multipliée par 5 (informatique, robotique, formation), alors que durant les 150 années pécédentes elle n’a été multipliée que par 2 ! Dans le même temps (45 ans donc) la durée légale de travail hebdomadaire est restée en gros partout à 40h/s. Le temps de travail a donc été réparti de manière anarchique par le marché, entre d’une part ceux qui font jusqu’à 70h/s (et qui aimeraient faire moins pour la plupart), ceux qui ne récupèrent que les "miettes" de quelques h/s et enfin les chômeurs qui font 0h/s. En France, les centaines de milliers d'emplois créés récemment sont pour la plupart des emplois aidés à temps partiel, alimentant par wagons entiers l'armée de précaires que notre société produit à la chaîne depuis des décennies... Dans de telles conditions, par peur de basculer du "mauvais côté", la négociation salariale ne se résume souvent qu’à un : "Si t’es pas content tu peux aller voir ailleurs" !

Cette mesure n'a rien à voir dans son mode de fonctionnement et financement avec les 35h (dont Larrouturou prédisait l'échec dans : "35h, le double piège" paru en 1998 !), elle ne coûte rien à l'état (financement UNEDIC), rien à l'entreprise et lui permet d'embaucher au moins 10% de personnel sans un centime d'augmentation de la masse salariale, et rien aux salariés dont le salaire est sous les 1500 euros net/mois (certaines entreprises n'ont baissé aucun salaire).

Le cercle vertueux attendu est : 1,6 millions d'emplois stables créés => 1.6 millions de familles retrouvant un réel pouvoir d'achat => + de consommation et de cotisations sociales=> + de croissance et - de déficits => encore moins de chômage et de précarité => réquilibrage du rapport de force salariés/employeurs => augmentation globale des salaires et donc du pouvoir d'achat pour tous.

http://www.nouvellegauche.fr

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