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STIF et Grand Paris, ou l’absurdité au pouvoir !

Publié le 23 juillet 2007 par Jean-Paul Chapon

Paris est sa banlieue milite pour un Grand Paris, non pas parce que Big is beautiful, ou que je sois obsédé par des pulsions mégalomanes pour la ville que j’habite. Non, je pense que seule une gestion unifiée de la Ville dans son ensemble, avec une vision globale, est l’unique possibilité de répondre aux défis posés aujourd’hui, congestion automobile, insuffisance des transports, insuffisance de logements, déséquilibre Est-Ouest, fuite des emplois, pollution, etc. Mais notre mille-feuille administratif, la juxtaposition des centres de décisions, le conservatisme forcené de nombre d’acteurs, élus ou politiques, principalement soucieux de défendre leur pouvoir, empêche jusqu’à la caricature une approche rationnelle du développement de la Ville. Je ne résiste pas à l’envie de citer ces quelques lignes de Christian Sautter, Adjoint au maire de Paris Bertrand Delanoë, chargé du Développement économique et des Finances, repérées sur le blogue Betapolitique, qui feraient rire, si elles n’étaient pas lamentablement réelles.

« Le premier fait divers remonte à une semaine. J’étais au conseil d’administration du Syndicat des Transports d’Île-de-France (STIF). Nous avons entendu la présentation d’une étude sur les retards fréquents d’un métro express nord-sud (RER D). Fallait-il vraiment doubler le tunnel entre Châtelet et la gare du Nord, où les trains doivent laisser le passage à une autre ligne de RER ? Ou existerait-il une autre solution ? Au terme de modélisations coûteuses, il est apparu que l’on pourrait gagner beaucoup de régularité, s’il n’y avait pas de changement de conducteur à la gare du Nord. La ligne est en effet gérée par deux entreprises, la RATP et la SNCF. La première assure le service dans Paris, jusqu’à la gare du Nord ; la SNCF prend ensuite le relais. Et le changement de conducteur peut prendre jusqu’à trois minutes, ce qui perturbe des horaires calculés à la poignée de secondes. Il est rare de trouver en réunion l’œuf de Christophe Colomb (qui, pour faire tenir l’œuf sur sa pointe, en a tout simplement écrasé la base sur la table). Nous nous sommes cependant engagés dans une longue discussion, les uns prétendant que le conducteur remplaçant pouvait patienter quelques instants sur le quai et relayer instantanément le conducteur arrivant ; les autres affirmant qu’il fallait confier tous les transports parisiens à une seule entreprise, la RATP. Tous ont souligné la difficulté à convaincre les syndicats des deux entreprises d’accepter ces révolutions majeures ! La conclusion, laborieuse, fut de tenter de mettre en place le relais instantané d’ici un an ( !) sans oublier de poursuivre les réflexions sur le tunnel : un gros investissement vaut mieux qu’une amélioration du fonctionnement ! »

L’objectif de Christian Sautter dans sa note, n’était pas de parler du Grand Paris, mais de la nécessaire rénovation de la gauche en général et du PS en particulier. Je le cite encore : « Ces cinq faits d’actualité ont tous un point commun : l’oubli que le service public doit d’abord et avant tout être au service du public. Le statut des personnels et le respect de règlements tatillons sont assurément importants, mais ils sont seconds, derrière les intérêts des usagers du service public.
Si la gauche en général, et le Parti socialiste en particulier, s’obstinent à refuser toute évolution du rôle de la puissance publique qui pourrait contrarier un tant soit peu les intérêts des fonctionnaires et autres agents statutaires, elle se prépare des lendemains qui déchantent. Le corporatisme engendre le despotisme et nombreux sont ceux qui ont voté pour l’actuel président de la République parce qu’ils se sentaient dédaignés dans leur vie quotidienne.»

Mais ce raisonnement pourrait tout aussi bien être appliqué à l’agglomération et à la question du Grand Paris. En s’arc-boutant sur un statu quo dont tout le monde dénonce les conséquences, mais dont très peu osent aborder une possible évolution, on laisse le champ libre à une action autoritaire dont Nicolas Sarkozy a déjà montrer la possibilité. « La tentation autoritaire et idéologique de réduire le service public doit être combattue, car elle est porteuse d’injustice sociale. La résistance ne doit pas être statique mais dynamique… il est possible de construire et de proposer un « mieux de service public », face au « moins de service public » qui va nous être imposé. », écrit Christian Sautter. Cette attitude devrait aussi être celle des élus de gauche vis-à-vis de la proposition du chef de l’Etat de faire évoluer Paris vers un Grand Paris, plutôt que s’accrocher désespérément à la révision d’un texte élaboré avec des institutions qui ont montré leurs limites jusqu’à l’absurde de l’anecdote de Christian Sautter.


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