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77ème semaine de Sarkofrance : 7 jours d'illusion

Publié le 25 octobre 2008 par Juan
77ème semaine de Sarkofrance : 7 jours d'illusion
"Le doute est le principal ennemi que nous ayons à combattre et le doute grandira si les Français ont le sentiment qu’on leur cache quelque chose."
Ainsi s'exprima Nicolas Sarkozy, jeudi 23 octobre, 77ème semaine de Sarkofrance.
Chaque jour, le Monarque affiche ainsi sa présence sur le front du combat contre la crise, à coups de milliards d'euros : "175 milliards d'euros d'investissement direct" dans l'économie ! Ah bon ?
Mais pour qui ? Nous cacherait-on quelque chose ?
Lundi, Sarkozy lâche le logement social, pas les banques
Lundi 20 octobre, Christine Boutin a subi la fronde d'un Sénat pourtant de droite : Christine Boutin, appliquant la promesse présidentielle de favoriser la propriété immobilière, avait prévu d'intégrer à sa loi l'accession sociale à la propriété dans le calcul du plancher de 20% de logements sociaux que chaque commune doit respecter d'ici quelques années. Le Sénat a donc rejeté par 314 voix contre 21 le funeste article. Mais François Fillon a déclaré le lendemain qu'il voulait que l'Assemblée Nationale réintroduise l'article supprimé. Merci François.
Lundi soir, Christine Lagarde a annoncé le prêt de quelques 10,5 milliards d'euros par l'État français aux 6 principales banques du pays est assorti de contre-parties difficilement mesurables. Deux poids, deux mesures ?
L'examen du budget 2009, qui a débuté également lundi à l'Assemblée Nationale, révèle aussi ses perles. Ainsi, les crédits alloués au logement social sont largement en baisse l'an prochain: 550 millions d'euros prévus dans le Projet de loi de finances 2009, contre 800 millions d'euros en 2008. La seule mesure sociale du budget 2009 est un Revenu de Solidarité Active péniblement financé par les classes moyennes. Pour le reste, il ne contient aucune mesure sociale en matière de santé, de protection sociale, de formation de reconversion, bref, de soutien aux plus faibles.
Ce budget ne remet pas non plus en cause les avantages fiscaux pour les plus riches voté il y a un an ni la défiscalisation des heures supplémentaires qui coûte sans rapporter. Combien de fois faudra-t-il rappeler que le bouclier fiscal a bénéficié à 615 contribuables ayant un patrimoine de plus 15,5 millions d'euros et des revenus annuels supérieurs à 42 000 euros, qui ont capté 63% du coût total du bouclier, soit 144 millions d'euros ? Combien de fois faudra-t-il répéter que le soutien aux heures supplémentaires plombe les comptes de la Sécu et des retraites tout en décourageant l'embauche de nouveaux salariés ?
Mardi, Sarkozy lâche ses promesses, pas sa verve.
Ne boudons pas notre plaisir. Que l'Europe politique ressuscite tel le Phénix de ses cendres à la faveur d'une tourmente financière est la meilleure nouvelle de ces derniers mois. Mardi matin, devant les parlementaires européens, Nicolas Sarkozy a condamné la faiblesse politique de l'Union. Surtout, il aimerait beaucoup que "sa" Présidence européenne soit prolongée.
S'est-il rappelé de sa timidité de candidat ?
"La question de la réécriture d’un texte plus global, scellant la dimension fondamentalement politique de l’Europe, se posera dans un second temps." Nicolas Sarkozy, programme présidentiel, 2007.
Il a aussi souhaité que chaque pays de l'Union Européenne se dote de fonds souverains (s'ils n'existent pas) pour acquérir des participations dans les grandes entreprises européennes, afin d'éviter qu'elles passent sous contrôle extra-communautaire, à la faveur de la dépression boursière actuelle.

S'est-il rappelé de sa timidité de candidat ?

"La mondialisation est un fait. Il serait aussi vain de la nier ou de s'y opposer que de prétendre remettre en cause la loi de la gravité ou arrêter la course des nuages." Nicolas Sarkozy, programme présidentiel, 2007.
Le même jour, Jean-Louis Borloo et le Parti Socialiste pouvaient conjointement se réjouir. Le premier croit avoir obtenu un blanc-seing pour sa récente conversion à la cause environnementale grâce au vote quasi-unanime de sa loi Grenelle 1 par les députés. Personne - je dis bien personne - ne lui a fait remarquer qu'il a beau jeu de se convertir au logement ecolo après avoir été ministre des Affaires Sociales et de la Ville pendant 4 ans sous la présidence Chirac. Les socialistes, eux, ont montré qu'ils pouvaient voter une loi défendue par Sarkozy, la "moins pire" d'entre elles. Politiquement, ils ont eu sans doute raison. Cette loi est un catalogue de belles intentions. Le débat sur les moyens (et les sanctions) est pour plus tard.
Mercredi, Sarkozy se détend
Mercredi, Nicolas et Carla Sarkozy ont pris la peine d'assister à la cérémonie en l'honneur de Soeur Emmanuelle. Une terrible photo les montrent souriant, presque rigolant d'une blague intime. Indécent ? Sans doute moins indécent que les objectifs cachés de la réforme des collectivités territoriales. Mercredi, Sarkozy a "installé" la commission Balladur qui doit réfléchir à la fusion des régions avec les départements. Sarkozy a le choix : il peut supprimer les régions (21 à gauche, 1 à droite), ou les départements (58 à gauche contre 43 à droite). A votre avis, que préfère-t-il ?
Jeudi, l'abus de langage est manifeste
Le 23 octobre, Nicolas Sarkozy s'est dévoilé. On croyait au plan de relance. On espérait quelques mesures sociales. Que nenni. Le président français a énoncé une suite de mesures "massives" qui ne profiteront qu'aux entreprises, de préférence grandes. Pour le soutien social aux dégâts économiques de la récession, vous repasserez ! La casse sociale des 18 derniers mois n'est pas remise en cause. Mais le Président a une belle excuse: "Pauvres, taisez-vous ! Il faut sauver le système d'abord." Nicolas Sarkozy a servi l'argument habituel, historique et facile des puissants. Pour taire les grondements des précaires, il faut dénoncer l'ennemi commun. Pendant 18 mois, Sarkozy a alterné ses cibles: tantôt les fraudeurs aux indemnités chômage, tantôt les multi-récidivistes, tantôt les sans-papiers. Aujourd'hui, l'occasion est trop belle. L'écroulement des Bourses du monde menace d'emporter une système à bout de souffle: «0,5% ou 1%, qu'est-ce que ça change pour votre vie quotidienne ?» a-t-il déclaré.
Nicolas Sarkozy veut donc créer un fonds souverain, alimenté par un accroissement de la dette publique pour défendre les entreprises "stratégiques", libéraliser le travail le dimanche, exonérer à 100%tous les nouveaux investissements des entreprises en France de la taxe professionnelle jusqu'au 1er janvier 2010. Ultime sucette médiatique superflue, il veut aussi créer un poste de "médiateur du crédit."
Vendredi, Claude Guéant savait tout...
Autre histoire, autre illusion. Yves Bertrand, l'ex-patron des Renseignements Généraux dont les carnets secrets se sont retrouvés publiés dans la presse il y a 10 jours, aujourd'hui accusé par Nicolas Sarkozy dans le cadre d'une plainte en justice pour diffamation, se défend et dénonce : Claude Guéant est mouillé. Ce dernier était son supérieur hiérarchique direct, et Yves Bertrand a expliqué avoir toujours "rendu compte" à sa hiérarchie des informations collectées par ses services y compris sur la vie privée de Nicolas Sarkozy. Guéant était en effet directeur général de la police nationale (de 1994 à 1998) puis directeur du cabinet du ministre de l'Intérieur (de 2002 à 2004)... Nicolas Sarkozy.
Samedi, Sarkozy devient Che Guevarra en Chine
Nicolas Sarkozy s'est rendu au 7ème sommet Europe-Asie. Son discours à la séance d'ouverture est épatant. Devant 43 chefs d'Etat et de gouvernement d'Asie et d'Europe, Sarkozy s'enflamme comme un nouveau Che Guevara: "Mesdames et Messieurs, le monde va mal. Il va mal parce qu’il est face à une crise financière sans précédent dans sa gravité, dans sa soudaineté, dans sa violence et dans son déroulement. Le monde va mal parce qu’il est face à une crise du développement et ses conséquences sur l’environnement qui mettent en cause l’avenir même de l’humanité. " La belle affaire !
Les prisons débordent. Le chômage remonte. Les soins sont moins remboursés. Le nombre d'enseignants se réduit. Les précaires arrivent plus démunis que jamais dans la récession. Se cachant derrière des discours grandiloquents et "catastrophistes", le président français a choisi de soutenir les banques et les grandes entreprises, et de délaisser les plus fragiles.&alt;=rss

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