Histoires de fesses

 
DSK blanchi, mais...
Le directeur du FMI a été blanchi de l'accusation de népotisme dans le cadre de sa liaison extraconjugale au sein de l'institution. C'était là, la seule et unique chose à connaître : y avait-il eu favoritisme ?
C'est entendu, paraît-il, les Français ne sont pas aussi demeurés que les Américains. Aux USA la vie privée est affaire publique et le moindre adultère provoque la fin du monde (moral). Les politiques y exhibent leur famille et progéniture comme gages de leur capacité à conduire les affaires publiques. En France, non, non, non, nous ne mangeons pas de ce pain là. Nous aimons bien les ragots mais nous ne confondrions pas vie publique et vie privée. Nous ne confondrions pas la compétence politique et les histoires de fesses. D'ailleurs n'avons-nous pas élu un maire de Paris sodomite (*) ? C'est pour dire. Seulement...
Seulement, à lire des commentaires ici ou là, on peut se demander s'il n'y a pas des traces de Sarah Palin dans les esprits hexagonaux. Et même derrière les grivoiseries complices, des traces d'un moralisme qui n'ose pas dire son nom. Les soupçons de cabale politique dans l'affaire DSK, passent au second plan, presque considérés comme l'invocation d'une excuse. Et pourtant, la façon dont cette histoire vieille d'un an a été portée par certains délégués du FMI mériterait d'être largement commentée. Seulement, nous préférons les dessins grivois de Charlie-Hebdo, n'est-ce pas ?
Jörg Haider était pédé, et...
La vie privée n'est pas totalement indépendante de la vie publique. Elle intéresse dès lors qu'elle témoigne de la contradiction entre le faire et le dire. C'est dans cet esprit que l'homosexualité du leader de l'extrême-droite autrichienne nous intéresse. Je l'avais suggérée brièvement ici.
Tenir un discours violent sur les valeurs familiales et la morale, combattre durement les projets de loi favorables à la pleine citoyenneté homosexuelle et dans le même temps vivre une liaison extraconjugale homosexuelle est une hypocrisie politique, une "impossibilité"(**). L'extrême-droite autrichienne en a d'ailleurs tiré les conclusions : Stefan Pezner, l'amant et dauphin prévisible, a été écarté de ses mandats politiques. Et sa carrière au sein du BZÖ semble bien compromise...
Et Sakozy ?
La vie privée du président de la République ne m'intéresse pas. Mon opinion politique s'intéresse à ce qu'il fait dans les Chambres et non dans sa chambre. En jouant lui-même une valse-hésitation où il affiche sa vie privée quand ça l'arrange et en poussant des cris quand ça l'ennuie, il fait preuve d'une certaine irresponsabilité en la matière. En mettant en avant son épouse, qui n'est rien constitutionnellement, il s'expose à ce qu'on l'attaque à travers Carla Bruni. Ce qui est infiniment regrettable. Carla Bruni ne m'intéresse pas (politiquement). Comme ne m'intéresse nullement l'identité de l'auteur de la grossesse de Rachida Dati. Si la Garde des Sceaux doit partir c'est parce qu'elle est une des pires que nous ayons connu.
 
(*) Remarquons néanmoins qu'il s'agit ici de bienveillance à l'égard d'une homosexualité énoncée et non visible : la vie privée de Bertrand Delanoë est mieux gardée que la Banque de France.
(**) Certains homosexuels d'extrême-droite, même néonazis, ont cherché à se sortir de cette contradiction en théorisant une homosexualité conforme à leur idéal politique. Mais c'est une autre histoire.