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Pilot : True Blood

Publié le 26 octobre 2008 par Tao

Il y a des pilotes si originaux, si non-conformistes, si politiquement incorrects, si loin de l’attente qu’ils ont pu générées qu’ils se font gentiment massacrés par la critique bien pensante. En brisant la narration traditionnelle et en repoussant les codes de la fiction télévisuelle, True Blood en fait incontestablement partie. Alors oui, la nouvelle série d’Alan Ball, célèbre créateur de Six Feet Under, va peut-être trop loin, est peut trop être trash, étrange si elle en est, et souffre sans aucun doute de multiples failles. Elle n’en demeure pas moins un bijou d’originalité comme rarement la télévision américaine a su nous en offrir, surtout cette dernière saison avec la mode des remake à outrance !

Si vous avez le moindre préjugé avant de regarder cette série, oubliez-le tout de suite ! La série ne ressemble à rien que vous n’ayez déjà pu voir sur le petit écran. True Blood met en scène un monde dans lequel les vampires auraient fait leur ‘coming-out’ après que des japonais aient inventé une boisson synthétique se substituant au sang. La série se concentre ainsi sur un petit village pittoresque dubitatif face à la révélation au grand jour de l’existence des vampires. Et plus précisément sur l’histoire d’amour naissante entre Sookie, serveuse idéaliste qui parvient à lire dans les pensées et Bill, vampire ténébreux et énigmatique.

Car finalement, True Blood est tout sauf une série de vampires. Entre humour noir, ambiance old school, romance macabre, soap trash et drama intimiste, la série pourrait se décrire comme un véritable melting pot surréaliste, à la fois attendrissant et décapant ! A l’opposé de la plupart des séries dont le pilote donne un point de départ à l’histoire, Alan Ball fait le choix judicieux de nous entrainer dans une communauté dont la vie a déjà pris son cours. On découvre ainsi une galerie de personnages Twin Peaksiens dont une lit dans les pensées, dont un est un accroc du ‘rough sex’ ou encore un autre est un gay black stéréotypée, dealer de surcroit ! Plus qu’une série de vampire, True Blood est donc une série chorale, une série de caractères. Alan Ball adore ses personnages et cela se voit. Il les fait vivre devant nos yeux, comme si l’on passait nous même une soirée au bar où travaille Sookie et que l’on regardait ce qu’il se passe autour de nous. Le téléspectateur est omniscient. Ainsi, les personnages vont parler pendant plusieurs minutes de tout et de rien, d’éléments ne servant pas forcément l’intrigue. La série prend le temps de vivre, de raconter son histoire.

Ainsi un passage très drôle met en scène la meilleure amie de Sookie, Tara, employée dans un supermarché, en proie à une cliente exigeante réclamant un article bien précis. Après un moment à essayer de maitriser son énervement, Tara finit par insulter grossièrement la cliente, par menacer le patron et par les envoyer tous les deux bouler. Quel intérêt a cette scène de plusieurs minutes pour l’intrigue ? Absolument aucun si ce n’est qu’on est mort de rire et qu’on a tout de suite cerné Tara. Ce type de narration est totalement inédit dans l’univers des séries télé.

Ainsi, pourquoi Sookie lit-elle dans les pensées ? Comment les vampires se sont-ils révélés au grand jour ? Quelles furent les conséquences au niveau mondial ? On le ne sait pas et ne le saura probablement jamais. Mais qu’importe ! True Blood est avant tout une série intimiste qui nous entraine au cœur de l’Amérique profonde. Un délicieux conte baroque pour adultes à l’ambiance et au visuel très soignée. Un pilote avec un ton et une ambiance finalement très proche de l’excellent Death Proof de Tarantino. Pendant tout le pilote, je me suis dit que Tarantino aurait pu faire cette série. C’est en tout cas bourré de références (plus ou moins voulues ?) depuis le magnifique générique rétro jusqu’à la géniale scène de fin qui rappelle trait pour trait la scène finale de Death Proof.

Sans compter que le pilote est très rythmé. Des scènes descriptives s’enchainent avec des scènes d’action, si bien que l’on n’a pas le temps de se lasser. On reste fasciné par l’univers de True Blood tant il est totalement atypique. Que ce soit les scènes de sexe, assez nombreuses, totalement dingues, presque trop hardcores, ou les premières approches entre Sookie et Bill, intriguantes et envoutantes.

Mais quelque soit le genre de True Blood, toutes les scènes gardent un point commun : le coté démesurément old school, voire kitch et surtout très, très bizarre. Entre les dents des vampires qui s’allongent sur demande ou ces mêmes vampires qui se téléportent furtivement dans toute la pièce quand ils baisent, on se demande parfois dans quelle série on est tombé ! Avant de se rendre compte que finalement, à force de regarder des productions standardisées, le problème vient peut-être de nous…

Conclusion : Alors qu’on pouvait s’attendre à une énième histoire de vampires, True Blood est finalement tout le contraire. Le fil rouge vampiresque n’est qu’un prétexte à une série totalement atypique, intimiste, bavarde et mystique. True Blood s’annonce comme un véritable drama chorale, un drama basé avant tout sur des personnages, sur des interactions et non sur une histoire à rebondissements. Qu’on adore ou qu’on déteste, reconnaissons à Alan Ball l’audace d’un véritable pari en terme de style et de narration, qu’il relèvera, espérons-le, avec brio.


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