Bien connues à travers la musique gnawa du Maroc (voir ce billet), les racines africaines dans les traditions musicales du Maghreb sont moins célébrées lorsqu’il s’agit des pays voisins. En Libye où s’est illustré le genre dit “sambali”, aucun écho ne pavient à l’extérieur en dépit de la politique résolument pro-africaine des autorités ! En Algérie, le premier festival de musiques gnawas n’a été organisé à Béchar qu’en mai 2005. Quant à la Tunisie, c’est à un artiste hors norme, Brahim Bahloul, qu’on doit la connaissance, et la préservation, de ce patrimoine musical célébré dans un festival, resté sans suite, à Murqat.
Enseignant de percussion à l’Institut supérieur de musique de Tunis, compositeur mais également photographe, Brahim Bahloul (voir cet article en arabe du journaliste tunisien Salah Souissi) mène depuis des années un véritable travail d’ethnomusicologie dans son pays où il s’efforce notamment de conserver la trace des nombreux instruments domestiques utilisés, il n’y a pas si longtemps encore, pour interpréter les musiques traditionnelles.
Mail il ne se limite pas à la préservation d’un patrimoine qu’il veut au contraire maintenir vivant par l’utilisation de techniques contemporaines. Après Raquesh (رقش) en 1986, il a crée en 1999 une autre formation, Ifriga (إفريقا) destinée à mettre en valeur l’héritage local à travers une écriture musicale et rythmique contemporaine.
Son dernier spectacle s’intitule Targ (طرق), un mot qui vient du verbe “frapper”, jouer”, et qui est déjà une onomatopée musicale mais qui, selon le musicien, peut aussi évoquer (dans l’expression الطرق المصوت ) une technique musicale berbère où la femme tient à la main un pan de sa robe, comme en écho à ce qu’elle chante.
Cette vidéo en donne un extrait trop court…
Illustration : http://salahsouissi.maktoobblog.com