LA THÉORIE DES COMMUNAUTÉS HUMAINES ET DES COHÉRENCES CULTURELLES
C’est là un résultat majeur de l’Humanisme Méthodologique le renouvellement de la pensée des communautés humaines dont la théorisation débouche non seulement sur une nouvelle compréhension des phénomène communautaires mais aussi de nombreuses applications appuyées sur des méthodologies et une ingénierie qui renouvelle l’action sur et dans les communautés de toutes dimensions.
Les communautés de Sens
D’abord rappelons que des communautés humaines doivent être de nature humaine. De ce fait il y a une corrélation étroite entre la façon de concevoir l’homme et de concevoir les communautés d’homme. Dans une communauté, les hommes ne peuvent mettre en commun autre chose que ce qu’ils sont.
Une communauté humaine est donc, sur le fond, une communauté de Sens. Ceux qui font partie d’une communauté partagent tout un ensemble de Sens parmi tous ceux qui constituent l’humanité de tous les hommes et de chacun. Ainsi on peut dire que c’est une part d’humanité qui fonde chaque communauté et ces parts d’humanité se traduisent par une multiplicité de communautés.
Pour se représenter par une image les Sens en conSensus dans une communauté on peut prendre la boussole dont chaque direction correspond à un Sens. C’est ce qui conduit à utiliser des cartes de Sens pour représenter les Sens d’une communauté, une fois élucidés par des moyens appropriés.
Cette image laisse entendre que le conSensus qui forme au fond la communauté n’est pas homogène. Des groupes peuvent privilégier tel ou tel Sens et même se trouver en opposition de Sens tout en participant à la même communauté. Des périodes peuvent favoriser un Sens plutôt qu’un autre selon les conditions de l’époque. Comme cela des communautés semblent s’épanouir par moment et régresser à d’autres. L’histoire en est pleine. Il y a encore l’action menée par des responsables dirigeants ou autres qui favorisent tel ou tel Sens et l’on peut espérer que c’est le meilleur. Tel est le rôle du politique mais aussi de ceux qui ont charge d’entraîner la communauté dans son développement et ses enjeux de progrès.
Il y a bien sûr toutes sortes de phénomènes qui correspondent à la création, au développement, à l’évolution, au changement, à l’accomplissement des communautés de différents types.
Comme on l’a vu le conSensus communautaire avec toutes ses variations se traduit par l’expérience existentielle de chacun dans un monde commun qui apparaît comme une réalité partagée. Les variations au niveau du Sens se traduisent par des changements et des réalisations dans la réalité existentielle. Les affaires humaines de tous ordres font partie de ces réalités là et sont dont comme l’écho de ce qui se passe au niveau du Sens. C’est cependant au niveau du Sens que se déterminent les réalisations et donc aussi toute possibilité de maîtrise.
Rappelons les différentes dimensions de l’expérience humaine qui apparaissant là comme communautaires.
Sensibilité partagée climat émotionnel, réactivités...
Faits et usages, comportements, organisations, moyens
Représentations collectives, identité, modèles, formalismes, idées, langages
et aussi
Conditions et contexte commun (ex : territoire)
Projet et développement historique commun
Aspirations et repères de valeurs partagés
Enfin pour chapeauter le tout une distribution des rôles et des modes relationnels spécifiques.
Les dimensions de l’expérience humaine partagées deviennent celles d’un monde commun.
La théorie des cohérences culturelles
Chaque communauté a un fondement qui lui est propre et une réalité partagée qui retraduit les Sens du conSensus. Cela détermine son identité dont les expressions sont multiples.
La spécificité de la communauté peut être dite culturelle. Toute communauté est communauté culturelle caractérisée par ses fondements (Sens en conSensus) et par ses expressions.
Elle peut être dite culturelle aussi lorsque l’on envisage le développement qui correspond à un de ses Sens qui est comme « cultivé ». Si on attache à la notion de culture l’idée d’une production et d’un progression alors c’est le Sens du bien commun qui le supporte.
Ainsi tout ce qui se produit dans une communauté, tout ce qui la caractérise est expression de sa culture. On en verra les conséquences pratiques, par exemple que toute économie est culturelle.
Le Sens du bien commun
Dans la période que nous quittons avec la mutation les questions éthiques, de valeurs ou de bien humain était considérées comme tout à fait indépendantes des questions techniques, matérielles, des lois naturelles ou des méthodes ou pratiques efficaces.
Cela permettait de faire comme si le champ de l’action dans les affaires humaines ne répondait qu’à des critères de rationalité indépendamment de ces enjeux.
La nouveauté c’est qu’avec la découverte que l’essentiel c’est le Sens on voit que la rationalité ne fait que traduire le Sens qui la porte. Ainsi il y a un lien entre rationalité, valeurs, éthique et morale c’est le Sens qui leur est sous jacent. On avait pris l’habitude de dissocier la valeur comme mesure d’un résultat et les valeurs comme indicatrices du bien commun. Or si les valeurs sont les indicateurs du Sens du bien commun, la valeur est la mesure d’une contribution au bien commun.
On distingue bien là le Sens du bien commun dont les valeurs sont des indicateurs et le bien commun qui prend une forme contingente et se traduit en fait par des biens communs tant ressources qu’enjeux figurant ce bien.
S’il n’est pas difficile de penser qu’une communauté puisse porter en elle un Sens du bien commun il l’est plus de comprendre ce que cela implique.
D’abord il est propre à une communauté culturelle différente des autres communautés. Pas de standard donc. Ensuite il participe à l’accomplissement humain et à se titre il est tel que sa culture favorise la conscience individuelle et collective et celle du Sens en particulier. Il favorise par là même une autonomisation, une maîtrise plus grande des affaires communes, et par suite l’expression de talents et de qualités culturelles spécifiques.
Le Sens du bien commun est la source de potentiels originaux, la perspective d’un accomplissement mais aussi ce qui donne à la communauté ses propres moyens d’agir et de progresser. Que ce soit ses enjeux ou ses pratiques ils sont culturels et expressions du Sens du bien commun. Il y a beaucoup à dire sur les façons dont cela s’exprime, sur ce que l’on peut appeler une vocation culturelle qui trouvera à s’exprimer différemment au fil des temps et des circonstances.
Il faut insister sur un point particulièrement important. Si le sens du bien commun en conSensus est le vecteur de l’accomplissement culturel de la communauté, ce Sens ne réside pas ailleurs qu’en ceux qui y participent. De ce fait les hommes s’accomplissent en participant à la culture de ce même Sens, contribuant par leur expérience à l’expérience commune.
Ainsi pour les personnes dont les enjeux expriment, en ce qui les concernent, le Sens du bien commun il n’y a pas de différence de Sens avec celui de la communauté. Par contre le modes d’expression ne peuvent être normalisés et doivent se traduire par une très grande diversité de contributions.
Evidemment on pourrait mettre en question le fait de chercher à partager le même Sens mais c’est la liberté de Sens, fruit du discernement des Sens, qui procure cette liberté et ce discernement ne se développe que si on se dispose dans le Sens du bien commun. On notera aussi qu’une personne ne se réduit pas à une seule communauté d’existence et qu’elle peut en changer selon différents moment de vie ou d’activité.
Enfin l’Humanisme Méthodologique montre que lorsque un Sens d’accomplissement est poursuivi la personne comme la communauté sont engagés dans une trajectoire d’évolution de maturation et traverse des seuils de mutation entre différents âges. Ceux-ci correspondent à un niveau de conscience qui privilégie telle ou telle dimension de l’expérience.
Il y a ainsi l’âge des affects, l’âge du faire, l’âge des représentations ou de la raison, et l’âge du Sens. C’est justement ce dernier que nous abordons avec l’âge des communautés de Sens. Cela ne veut pas dire qu’elles n’existaient pas avant la mutation de civilisation actuelle mais que la conscience collective n’en était pas à ce stade restant surtout à celui du maniement de représentations.
Cette aspect de l’évolution et des stades de maturité des communautés humaines est important pour situer les enjeux des communautés de Sens mais aussi le niveau de maîtrise et de pratiques correspondant. Le développement communautaire s’inscrit dans de telles trajectoires on le verra. Ce n’est qu’à un âge de maturation avancé, celui que nous abordons avec l’intelligence du Sens, que ces questions s’éclairent et que, au-delà du bien commun, c’est le Sens du bien commun qui est primordial. C’est une avancée considérable par rapport à toute les conceptions antérieures.
Communautés de communautés, théorie des ensembles communautaires.
Une communauté de Sens peut naître à partir du moment ou quelques personnes sont en conSensus. On peut ainsi avoir une communauté en projet ou même une communauté désignée sans qu’elle existe à ses propres yeux. Un groupe peut être concerné par quelque chose sans qu’il fasse apparemment communauté. En fait il est intéressant dans la vie d’une communauté d’envisager son origine dans le passé ou le futur, puis l’émergence d’une conscience collective et ensuite un engagement dans des enjeux communs explicites. Au début la communauté peut être potentielle ou n’exister que dans le regard de quelques-uns. Plus tard la communauté peut ne pas être en mesure d’assumer un quelconque engagement collectif et ce sera le rôle de quelques responsables de l’aider à murir.
Il ne faut pas assimiler communauté et conscience communautaire prématurément et en conséquence se permettre de projets de développement ou de création communautaire.
Dans une communauté donnée il est aussi possible de désigner un sous groupe qui participe d’un côté à la communauté, fusse de manière particulière (diversités), mais d’un autre côté il forme une communauté en lui même qui peut aussi être engagée dans sa propre histoire.
Il est alors important de comprendre ceci. Pour la Communauté initiale le sous groupe est une partie d’elle-même qui partage le même Sens du bien commun. Le sous groupe peut cependant lorsqu’on le choisit être envisagé comme une communauté en propre avec son propre Sens du bien commun, sa propre vocation. Les deux ne sont pas incompatibles mais à chaque moment c’est l’un ou c’est l’autre qu’il faut choisir. C’est une affaire de centration.
Ainsi on peut envisager des communautés de communautés. Cependant il faut différencier radicalement le moment ou on traite les affaires de la communauté d’ensemble avec ses sous groupes et les moments où on traite les affaires « locales » de telle ou telle communauté. C’est une question de centration c’est à dire de focalisation sur une communauté de référence.
On remarquera que lorsqu’un sous groupe est envisagé dans une communauté plus vaste il lui est intérieure et elle comme englobante. Lorsque le sous groupe est considéré comme une communauté en propre alors la communauté plus vaste lui est extérieure.
Comprenons comment un théorie des ensembles communautaires en découle. Toutes les communautés peuvent être communautés en propre avec des relations d’extériorité avec les autres et en même temps il est possible de les considérer comme des parties de communautés plus vastes. Prenons le cas de l’Europe communauté de nations et en même temps les nations sont communautés en propre. En plus l’Europe est communauté de régions, les nations aussi et on peut encore identifier de nombreuses communautés non territoriales qui ont leur culture (professionnelle par exemple) tout en étant parties prenantes de la communauté européenne.
Ainsi les ensembles communautaires ne sont plus une question de frontières mais de considération (centration).
LA SOCIO-PERFORMANCE
Les communautés de Sens ne sont pas des ensembles statiques mais orientés selon une finalité exprimant le Sens qu’elles privilégient. Il est vrai que certaines auront une finalité défensive, d’autres organique, d’autres de simple confort. Seulement toujours leur finalité implique une dynamique, une activité, un engagement dans l’action même pour conserver un état antérieur.
Ainsi la notion de progrès a-t-elle donné aux communautés humaines un type de finalité qui justifiait une dynamique et privilégiait un certain Sens. Cependant ce Sens n’était pas toujours un Sens du bien commun. De ce fait le progrès a pu se focaliser sur une croissance des biens matériels et pas sur l’accomplissement humain ou bien encore sur un développement humain assimilé au seul développement mental.
Quelque soit sa finalité la performance de son action pour y satisfaire est envisageable, y compris pour le pire. Avec le concept de socio-performance l’auteur a voulu spécifier qu’il s’agissait de performance communautaire dans le Sens du bien commun.
Ainsi la socio-performance d’une communauté caractérise tout ce qui concoure à un développement dans le Sens du bien commun, développement qui ne va pas sans un accomplissement communautaire et donc aussi des personnes selon leur diversité.
On ne peut guère envisager la poursuite d’un enjeu sans s’interroger sur la performance des méthodes, des engagements, des projets des stratégies, de chaque contribution aussi. Mais la performance n’est pas une mesure dans l’absolu de ce qui est réalisé mais une mesure relative à ce qui est visé.
La socio-performance s’évalue donc en référence au Sens du bien commun et donc en fonction des biens communs qui le concrétisent selon les circonstances. Elle inclus forcément les critères de développement et d’accomplissement humains. On en trouve d’ailleurs une tentative de définition dans les critères du développement humain définis par l’ONU.
Cependant faute d’une clarification de la question du Sens du bien commun ce sont souvent des biens communs généraux impersonnels (a-culturels) qui sont choisis. L ’éducation par exemple y figure. Cependant si on ne connait pas le Sens de éduquer dans telle ou telle communauté culturelle alors on reste dans des généralités qui peuvent aussi bien former des prédateurs que des clones bien formatés. La conscience réduite au savoir n’amène aucun discernement et par suite aucune liberté d’être. Elle n’amène que des capacités de reproduction.
Il est vrai que l’ONU préconise un développement communautaire fondé sur la culture mais cela ne suffit pas à identifier le Sens du bien commun et donc à évaluer leur socio-performance. Il est vrai que la compulsion normative des experts ne s’y retrouve pas avec une socio-performance dont les critères sont singuliers, culturels et liés à l’histoire du développement de chaque communauté.
La socio-performance d’une communauté concerne ce qui touche à sa constitution, sa pérennité, les conditions matérielles de son existence mais aussi son organisation et les moyens de traiter toutes les affaires qui contribuent à son développement et son accomplissement.
Les valeurs et la valeur
L’humanisme Méthodologique met en évidence que les valeurs doivent être considérées comme des indicateurs du Sens du bien commun. Ces indicateurs servent évidemment à indiquer dans quel Sens évaluer et réaliser les affaires communes et les contributions particulières et ce dans un langage avec des références qui conviennent à la communauté culturelle selon son histoire et les conditions de son actualité. Ses valeurs sont donc pérennes dans leur Sens mais contingentes dans leur expression.
En fait les valeurs sont des expressions du Sens du bien commun qui s’inscrivent dans l’expérience commune. Elles auront toujours une expression subjective essentielle, projective et rationnelle, objective et matérielle ou plutôt concrète. On peut d’ailleurs construire des référentiels de valeurs associant ces trois dimensions avec des composantes affectives, factuelles, mentales.
Les valeurs peuvent s’exprimer au travers de mythes, d’histoires, de scènes de référence, mais aussi de rituels, de façons de faire. L’usage abusif de formules à prétention universelle a pour caractéristique de pouvoir les interpréter dans n’importe quel Sens de façon opportuniste. C’est pour cela que la référence aux valeurs universelles tien souvent du cynisme ou de l’auto-mystification. De grandes entreprises qui y ont recours s’aperçoivent de la dissolution d’identité qui l’accompagnent et de la disqualification associée.
Les valeurs propres sont aussi identificatoires, tant pour les membres d’une communauté que pour être reconnue par d’autres. Elles doivent alors porter dans leur expression une dimension rétrospective qui dit d’où on vient - mémoire et patrimoine, une dimension introspective qui dit qui on est - qualités et caractère, une dimension prospective qui dit vers où on va dans le contexte du futur – projet et ambition.
Ainsi l’analyse du Sens du bien commun permet de construire des référentiels de valeurs qui servent à la communauté à orienter son activité et à évaluer sa socio-performance. L’humanisme Méthodologique a développé des méthodes pour cela.
Il faut bien considérer que la diversité des situations, des personnes ou populations, des groupes, des circonstances, des préoccupations, réclame des modes d’expression des valeurs différents. Il est alors judicieux de traduire ce qui peut jouer le rôle de référentiel général en référentiels spécifiques. L’erreur commise par la référence à des valeurs universelles ou une normalisation de valeurs propres c’est d’utiliser un langage inapproprié dont la conservation ou la vénération prend un tout autre Sens que celui du bien commun.
Il en va de même lorsque c’est le langage d’un groupe de parties prenantes qui est seul utilisé pour exprimer les valeurs propres et qui du coup ne peut servir de référentiel pertinent pour les autres.
Les référentiels de valeurs communautaires, culturels donc, servent aussi à établir les échelles de valeurs appropriées pour évaluer et mesurer la socio-performance communautaire ou toute contribution personnelle ou collective. Cela débouche sur la résolution d’un problème qui est celui du découplage de la valeur et des valeurs qui domine les approches rationalistes qui règnent.
La valeur est maintenant clairement la mesure de la contribution au bien commun selon l’échelle de valeurs et le référentiel appropriés. Elle ne peut être universelle mais seulement culturelle. Dans le cas de la communauté humaine dans son ensemble la valeur ne vaut qu’en fonction des référentiels globaux mais pas des référentiels communautaires autres.
L’imposition d’un système de valeurs et de mesures universelles ne sont que la tentative d’imposition d’une culture sur les autres. Il est sûr que ce n’est pas le Sens du bien commun qui s’exprime dans cette volonté de domination.
Le respect de la diversité des valeurs va avec le respect de la diversité de parties prenantes dans une culture donnée mais aussi du respect des différentes cultures communautaires qui représentent toutes une part de l’humanité de l’homme.
Développement et empowerment communautaires.
La socio-performance se mesure simultanément au degré de développement en tant que réalisation et au degré d’empowerment ou autonomisation. L’accomplissement de la vocation communautaire est l’ensemble des deux.
Le développement est conditionné par l’empowerment, le degré de maîtrise de son destin acquis par la communauté et, inversement, cet empowerment dépend aussi des ressources développées.
On peut ainsi dessiner une ligne d’évolution des communautés humaines.
Au commencement toute communauté nait dans un sentiment communautaire. l’envie d’être ensemble, de partager des affects est indispensable. De ce fait toute communauté que l’on veut créer à partir seulement de raisons abstraites, utilitaires ou de simples représentations est vouée à l’échec. La création d’une société commerciale repose sur un « affectio-societatis ». On dira que bien des communautés existent sans que ses membres aient connu au début ce genre de sentiment partagé. Cependant on distinguera les créateurs des membres qui ont pu intégrer la communauté alors qu’elle était dans un autre Sens que le bien commun.
En tout cas cela restera une composante indispensable du développement communautaire qu’il faudra prendre en compte dans les méthodes et pratiques de socio-performance.
En second lieu toute communauté est amenée à aménager un espace de cohabitation en fonction de ses activités, ce qui implique les conditions de confort, de subsistance et de sécurité nécessaires à la co-existence commune. Le développement matériel, économique est évidemment indispensable même s’il emprunte des modalités virtuelles. On peut parler de stade primaire de développement et d’empowerment ou de conscience. En effet c’est dans une perspective à court terme que se situe le champ de conscience.
En troisième lieu, le développement des représentations mentales élargi le champ du développement avec les constructions juridiques, stratégiques, mais aussi les savoirs et savoir faire et les moyens de représentation associés. Il s’agit d’un stade secondaire de développement et de conscience qui porte le champ de maîtrise au-delà du court terme et du visible. Une intelligence mentale, rationnelle qui étend le champ de connaissance et d’action caractérise ce niveau de développement. On notera cependant qu’un développement sans conscience multiplie les représentations sans que cela améliore la maîtrise communautaire et même peut la mettre en péril (coupure avec « les réalités » primaires).
En quatrième lieu, le développement est celui de l’engagement communautaire dans une finalité, une vocation, une ambition exprimant le Sens du bien commun. C’est le stade « politique » du développement qui s’assortit d’une responsabilité partagée et d’une autonomie responsable. La conscience de Sens, la détermination de Sens (direction), le partage de Sens (conSensus, dynamique collective...), le développement dans ce Sens selon l’originalité culturelle de la communauté (créativité générative) sont des caractéristique de ce nouveau niveau de conscience et de développement.
Il faut observer à ce stade que la socio-performance appuyée sur la logique communautaire est une émergence de ce dernier stade de développement. En effet au stade précédent il n’est pas question de Sens et de conscience associée. Plus préoccupés par les représentations, les modèles, le Sens en échappait et donc tout discernement en ce qui concerne l’intérêt de poursuivre le Sens du bien commun.
C’est pour cela que la socio-performance appartient plus à l’émergence d’un nouveau monde ou plutôt d’une nouvelle étape de civilisation. Nous en vivons le passage avec ses troubles et ses crises où la perte des certitudes du passé s’assortit de résistances et la nature des émergences est encore difficile à cerner surtout si on est crispé sur le niveau antérieur.
C’est pour cela que la prospective est indispensable pour franchir ce seuil et comprendre l’intérêt de la notion et des pratiques de socio-performance
PROSPECTIVE HUMAINE, PERSPECTIVES D’UNE MUTATION ENGAGÉE
Nous vivons une mutation de civilisation. Dans l’évolution humaine il y a des phases et des seuils de passage. Chaque seuil est l’occasion de deux types de crises. L’une est celle d’un monde qu’il faut quitter ou plutôt dont il faut quitter les certitudes souveraines et qui se débat, l’autre est celle du monde qui se profile dont on n’a pas encore forgé les instruments et développé les capacités de le construire.
Nous sommes au seuil de maturescence, (hominescence dit Michel Serres) et nous passons d’un âge des représentations ou règne (en principe) la Raison à un âge des communautés où le Sens se révèle le principe de toute connaissance, de toute valeurs, de toute action.
Les solutions de l’âge antérieur se révèlent brusquement insuffisantes obsolètes et de nouveaux développements sont nécessaires en fonction d’une nouvelle conscience de l’homme et des affaires humaines.
Tel est le contexte où nous nous situons et le champ d’une prospective qui maintenant, sait que les déterminants de l’avenir sont humains, notamment avec le Sens. La prospective humaine n’est pas une simple représentation du futur mais une engagement dans sa réalisation.
L’accomplissement des vocations communautaires
A la différence d’un monde dominé par différentes formes d’individualisme la perspective qui s’ouvre est plus celle d’autonomies responsables. Les communautés humaines se révèlent être le champ où les personnes trouveront les voies et moyens de leur accomplissement, en participant à leur socio-performance. Ils en sont les bénéficiaires et les contributeurs selon leur degré de maturité et de maîtrise.
Chaque communauté culturelle, née d’une problématique humaine constituant son héritage d’humanité, est dotée de potentiels attachés au Sens du bien commun et aux valeurs qui l’expriment. Ainsi chaque communauté n’est pas le seul fait d’un rassemblement opportun mais le lieu d’exercice d’une vocation culturelle propre. Entreprise, territoire, collectivité, association, réseau communautaire, tous sont porteurs d’une vocation qui s’exprime, tant en termes de développement que d’empowerment pour elle-même et de services associés pour ses membres et ceux auxquels elle veut les adresser. Toute communauté est ainsi vouée à être une l’entreprise d’une vocation et toute entreprise est une communauté porteuse d’une telle vocation. Cela donne aux communautés non seulement le caractère structurant de toutes les affaires humaines mais en plus la charge de les entreprendre selon leur vocation propre.
Si les personnes sont le seul lieu de conscience et de liberté les communautés sont le seul lieu d’accomplissement des affaires humaines. C’est donc dans le cadre communautaire que toutes les questions et toutes les solutions sont à situer. Comme le considère Hassan Zaoual toutes nos préoccupations sont culturellement « situées ».
C’est un nouveau paradigme qui est à considérer assorti de l’apprentissage de l’intelligence symbolique ou intelligence du Sens pour traiter dorénavant les affaires des communautés de Sens.
roger nifle.
Posté sur : le vide poches / planning stratégique
Posté par : roger nifle
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